I l est vrai qu’en dehors de certaines femmes, des premiers temps de la Révélation, comme Aicha (raa) et certaines autres épouses du prophète de l’islam on entend rarement parler des autres femmes – et elles sont nombreuses – à avoir pris part à l’histoire de l’islam et à l’édification de cette civilisation. Si l’on prend pour seul exemple l’élaboration des sciences islamiques on sait pertinemment qu’il y a eu des milliers de femmes qui lors des premiers siècles successifs ont été à l’origine, entre autres, de l’édification des sciences islamiques et particulièrement celles des sciences du Hadith qui a toujours été considérée comme étant l’une des spécialités les plus élaborées des sciences islamiques. En effet, le rôle des savantes femmes en hadith est unique dans l’histoire humaine d’avant l’ère moderne. Il n’y a simplement pas de parallèle à faire devant ce rôle extraordinaire et éminemment important qu’ont joué les femmes musulmanes dans le développement, la préservation et la transmission du savoir religieux islamique et spécialement celui de la tradition prophétique. Il y a eu un très grand nombre de femmes savantes qui ont contribué à l’édification et la persistance des sciences religieuses.
Et le long des premières périodes elles ont été traitées avec le plus grand respect et la plus grande révérence. Des recherches actuelles ont découvert juste lors des tout premiers siècles après la Révélation l’apport de 8000 femmes dans tous les domaines des sciences islamiques comme celles du hadith, tafssir, fiqh… (Akram Nadwi) Déjà les anciennes compilations d’histoire comme celles très connues d’Ibn Hajjar rapportaient la participation de plus de 500 femmes et notamment lors de la période de la Révélation où les femmes surnommées sahabyates mubayiates ont participé à l’instauration politique de la cité de Médine. Ibn Hajjar a été d’ailleurs l’un des rares savants a avoir constitué une compilation comprenant la biographie de pas moins de 170 femmes savantes célèbres au 8ème siècle. La majorité d’entre elles étaient des spécialistes dans le hadith et parmi elle de nombreuses ont été ses propres enseignantes. Il a mis en relief l’importance d’un grand nombre de ces femmes devenues des références incontournables dans les sciences du Hadith à leur époque à l’instar de Juwarirya Bint Ahmed et Aisha bint Abdelhadi dont les causeries attiraient de nombreux étudiants qui venaient de très loin afin d’apprendre les sciences du hadith.
On retrouvera des listes de femmes dans d’autres anciens ouvrages historiques comme ceux d’Imam Anawawy , al khatib el Baghdadi ainsi que de nombreux autres auteurs qui vont citer les femmes dans leurs compilations tarajims ou tabaquates. L’étude historique des compilations de hadith montre aussi que les plus importants compilateurs de hadith des premières générations recevaient leurs titres de distinction ou certificats (ijazas) en la matière de la part de femmes traditionnistes. D’ailleurs, chaque majeure compilation d’un auteur donné était sous l’autorité académique directe de plusieurs femmes (shuyukhs). De nombreuses femmes savantes traditionnistes donnaient des cours et enseignaient à un très large public d’étudiants qui recevaient directement de ces femmes leurs ijazas. Le très célèbre historien de Damas Ibn Assakir a étudié chez plus de 1200 hommes et 80 femmes. Il a obtenu son « ijaza » sur le Mouata de l’imam Malik d’une enseignante savante femme Zaynab bint Abderrahmane. Le très connu exégète Jalal Eddine al Sayouti a étudié la Rissala de l’Imam Ashafii avec une femme Hajjar bint Muhammed. Les compilations de Hadith par exemple rapportent le plus souvent des noms d’hommes alors que les anciens textes sont là pour démontrer que les sciences du hadith ont été le fruit de la collaboration intense et fructueuse d’un travail commun entre les savants et savantes musulmans.