Le spectre d’une nouvelle crise imminente de la dette internationale africaine se précise, mais à des degrés divers

Le spectre d’une nouvelle crise de la dette internationale africaine se précise de plus en plus, a pu constater l’Agence Ecofin de sources de données concordantes.

Dans une récente note publiée par Moody’s sur la dette publique des pays frontières, on apprend que, dès 2019, une part importante des budgets publics et des réserves de change sera affectée au règlement des obligations internationales.

A titre d’exemple, la Zambie se retrouvera dans l’obligation de rembourser pour près de 3 milliards $ entre 2022 et 2027, soit près de 1,5 fois le volume global de ses réserves de change estimées à la fin septembre 2018. Toujours sur la base du cas zambien, on relève que le rendement sur son obligation internationale arrivant à maturité en 2022, a bondi à 16,2% à la fin septembre, contre 6,2% à la fin avril 2018 et deux fois plus que le taux d’intérêt initial de 8,5%.

En clair pour tous les pays de la région qui sont dans une situation analogue, le remboursement ou le refinancement de la dette internationale deviendra de plus en plus complexe dès l’année prochaine. L’autre difficulté relève de ce que ces Etats continueront d’avoir des déficits, avec une faible capacité à solliciter leurs systèmes financiers locaux, pas suffisamment solides.

Sur les 17 pays d’Afrique subsaharienne qui sont notés par Moody’s, seuls le Sénégal et l’Egypte disposaient à la fin 2017, d’un encours des actifs du secteur bancaire rapporté au PIB, qui était largement supérieur à la médiane africaine qui n’est que de 35%, contre près de 75% en Asie.

Cette situation africaine n’est cependant pas uniforme. Bien qu’elle supporte une dette importante, l’Egypte est essentiellement redevable vis-à-vis du système bancaire local, ce qui l’expose moins aux risques de variation des taux de change sur le marché international.

Le Sénégal, la Côte d’Ivoire et dans une certaine mesure le Cameroun, ont suffisamment de marge, et surtout bénéficient de taux stables, après avoir converti en euro, leurs obligations initialement émises en dollars. Ils bénéficient ainsi des avantages de la parité fixe, qui existe entre leur devise et celle de la zone Euro.

Une solution à ces défis, qui est aussi difficile que complexe, c’est la consolidation fiscale. Aussi, le Fonds Monétaire International, la Banque Mondiale, les banques centrales nationales ou régionales en appellent tous à une meilleur mobilisation des recettes fiscales. Une mesure qui généralement va de pair avec des hausses de prix à la consommation et l’augmentation des fraude fiscales.

Agence Ecofin