LE VIVRE ENSEMBLE

Quand Dieu parle des gens du livre dans le Coran, il ne le fait pas dans le but de les détester. C’est juste pour nous permettre de comprendre mieux ce qui nous différencie. Il nous invite même à être courtois avec eux en disant :
*Et ne discutez que de la meilleure façon avec les gens du Livre, sauf ceux d’entre eux qui sont injustes. Et dites: «Nous croyons en ce qu’on a fait descendre vers nous et descendre vers vous, tandis que notre Dieu et votre Dieu est le même, et c’est à Lui que nous nous soumettons* s29v46.
Dans ce verset, Dieu fait fi de ce qui nous oppose, bien qu’il le leur reproche ailleurs. Ce qui nous donne approches :
– Quand qu’il parle des gens du livre directement, il pointe le doigts sur les éléments de divergences
– Quand il parle des relations entre nous et eux, il met l’accent sur la tolérance. Parce qu’il s’agit du vivre ensemble.
Dieu ne se dédit pas. Puisque c’est lui qui a envoyé tous les Messagers à des époques différents, donc il n’a aucun problème avec ça.
Mais le problème vient des arabes eux même. Quand Dieu dit : *Il n’est pas une nation qui n’ait déjà eu un avertisseur*. S35v24.
Ce fut l’occasion pour les arabes de réjouir d’avoir eu à leur tour, un Messager. Du coup toutes les interprétations des versets relatifs à la vie en communauté, ont été faites, dans un but de fierté. Or la fierté creuse davantage les clivages et l’adversité. Et pourtant Messager était différent d’eux dans ce domaine. Et quand on leur donne la preuve que Messager vivait en harmonie avec les chrétiens, certains répondent que cela était spécifique au Messager. La question est de savoir si c’est lui que Dieu a envoyé ou c’est eux ? Pour savoir comment se comporter avec les autres, *il faut être capable de sortir l’islam de son contexte de révélation, pour appliquer ses principes universels*. C’est à ce niveau que se trouve le problèmes de beaucoup de prédicateurs. On relaie souvent des discours d’autres contextes, sans savoir que la révélation même de l’islam a tenue compte de l’environnement culturel de l’époque. Et que les Arabes restent toujours dans la logique culturelle, en interprétant les textes du Coran. Par exemple, vous ne verrez aucun verset qui interdit l’esclavage. Mais plutôt des versets qui encouragent l’affranchissement de l’esclavage. L’une des raisons est que l’intégration des autres peuples est laissé à l’appréciation de chaque État (sujet à développer une autre fois ). Et jusqu’aujourd’hui, dans tous les pays Arabes, les noirs n’ont pas le même statut que les arabes blancs, malgré l’islam.
Relativement aux fêtes de fin d’année. Lorsque vous demandez à un Imam ou un savant contemporain que faire, il vous donnera l’avis de deux savants du 13ème siècle : ibn tayimiya et ibn Qayyim. Ce sont des avis très importants, mais qu’il faut prendre dans leurs contextes. Car le Messager a eu des relations, parfois étonnante, avec les chrétiens et c’est lui l’exemple à suivre.
Alors pour comprendre votre attitude avec les autres religions, il faut savoir que nous avons eu 3 types de sociétés après la mort du Messager. Ce sont :
–  société à conquérir
– société à intégrer
– société de vivre ensemble
1/ Les sociétés à conquérir sont celles qui avaient besoin de connaître l’islam. C’est ce que les compagnons et les khalifs ont fait à travers des conquêtes, après la mort du Messager. De sorte que l’islam est arrivé en Chine, en Europe etc. Pensez vous que nous sommes à cette époque ?
2/ La société a intégrer est celle dont la majorité est musulmane, avec une minorité de chrétiens ou de juifs. Cette société fonctionne en principe avec les règles religieuses islamiques (la charia). Or cela ne concerne que les musulmans et non les autres religions. Du coup, il faut créer les conditions de leur intégration avec de règles nouvelles. Il aura donc des restrictions, afin que certains musulmans ne basculent dans ces autres religions. C’est le cas des pays du golfe et des pays arabes de l’Afrique du Nord. C’est ce qui explique les avis de nos éminents savants du 13ème siècle. Ce fut aussi l’attitude de nos parents d’avant l’indépendance qui étaient reclus au nord et que par la colonisation, le sud et le nord devaient rentrer en contact. Ayant peur que les nouveaux affectés n’influencent leurs enfants, ils les traitaient différemment. Mais aujourd’hui, tout le monde est partout.
3/ Les sociétés de vivre ensemble, sont celles où les rapports de forces sont équilibrés. Ni les musulmans, ni les chrétiens, ni les juifs ne peuvent imposer leurs règles religieuses. Seules les règles conventionnelles établies (la constitution), s’appliquent à tous. Dans cette société, on développe le vivre ensemble. Car les lois sont faites de sorte que chacun pratique sa religion dans la paix.
C’est le cas de la côte d’Ivoire et autres. En 2006 quand le Hadj ayant échoué, le chef de l’Etat d’alors pouvait dire que l’Etat n’est pas concerné, parce que laïc et que le Hadj est une affaire de musulmans. Mais ce fût le contraire, l’Etat à organisé le Hadj pour le bonheur de la communauté. C’est ça le vivre ensemble. Dieu dit : *A chacun de vous Nous avons assigné une législation (religion) et un plan à suivre. Si Allah avait voulu, certes Il aurait fait de vous tous une seule communauté. Mais Il veut vous éprouver en ce qu’Il vous donne. Concurrencez donc dans les bonnes cœvres. C’est vers Allah qu’est votre retour à tous; alors Il vous informera de ce en quoi vous divergiez* S5v48
Si Allah avait voulu il aurait fait de vous une communauté , veut dire qu’il n’est pas incapable de le faire. Donc c’est son problème à lui.
Concurrencez donc dans les bonnes œuvres, est la mission qu’il nous confie et non les palabres à sa place. Car la diversité n’est pas synonyme d’adversité.
Alors, vous vivez en harmonie avec les autres. Vous fréquentez les mêmes écoles. Vous défendez le même drapeau, les mêmes intérêts, payez les mêmes impôts et vous vous posez la question de savoir comment se comporter avec eux ?
Quand ils vous donnent du sucre pendant le Ramadan, est ce que vous vous posez des questions ?
Quand ils vous donnent des billets d’avion pour aller à la Mecque, est-ce que vous vous posez des questions ?
Et quand il s’agit de répondre à des invitations de bon voisinage, vous vous posez des questions. D’où vous tirez cet état d’esprit ? Pensez vous q’une fatwa venant d’ailleurs, tiendrait compte de votre réalité sociologique? Et que faites vous de la parole de Dieu qui dit : *Allah ne vous défend pas d’être bienfaisants et équitables envers ceux qui ne vous ont pas combattus pour la religion et ne vous ont pas chassés de vos demeures. Car Allah aime les équitables* s60v8.
Chaque savant défend les valeurs de sa société et répond aux problèmes qui sont les siens. La plus grande valeur de notre société est notre diversité et le plus grand problème est le défi de notre vivre ensemble dans la joie, malgré nos différences. Pour cela, nos discours doivent refléter ces besoins de notre société, bien que nous respectant ce que les autres disent chez eux.
On nous dira que le Messager dit : *celui qui fait comme un peuple est comme lui*.
Évidemment que nous ne voulons pas ressembler aux Arabes. Nous voulons être musulmans avec les principes universels de l’islam et non avec la culture des arabes.
Répondre à une invitation chez nous ici en Côte d’Ivoire, ne veut par dire que nous suivons la religion des autres.
Ce ne sont que de simples gestes de courtoisie et non des actions liées notre salut.
Quand Dieu dit *Vous sont permises, aujourd’hui, les bonnes nourritures. Vous est permise la nourriture des gens du Livre, et votre propre nourriture leur est permise* s5v5. Quand Dieu a décidé que quelque chose est permise, aucun musulman ne doit se posez de questions sur l’invitation de son voisin. Ou avoir de discours contraire.
Sauf sur la qualité de la nourriture (alcool, porc…) et non le principe de l’invitation. Car Dieu dit :
*Il n’appartient pas à un croyant ou à une croyante, une fois qu’Allah et Son messager ont décidé d’une chose d’avoir encore le choix dans leur façon d’agir. Et quiconque désobéit à Allah et à Son messager, s’est égaré certes, d’un égarement évident* s33v36.
Chaque communauté organise sa fête et invite les autres. Donc les musulmans les invitent à leurs fêtes et eux aussi nous invitent à leurs fêtes. On sympathise et on renforce les liens, pour un meilleur avenir de notre nation.
Celui qui veut refuser l’invitation, qu’il l’assume personnellement. Soit par héritage du passé coloniale ou pour d’autres raisons. Parce que la religion n’a rien à voir avec ça. Sinon le Messager et ses compagnons ne répondraient pas aux invitations que lui adressaient les juifs et les chrétiens de son temps. Et il aurait conseillé le martyrs à ses compagnons, plutôt que de les réfugier chez le Negus chrétien.
Maintenant, si répondre à une invitation peut faire vaciller la foi, il y’a lieu de se poser des questions sur la formation religieuse.
Tirez vous même les conclusions qu’il faut, pour le bon voisinage. Car votre voisin est le premier qui vous aide la nuit en cas de malaise et non les prêcheurs pêchés à l’horizon.
Bon dimanche à vous.
Imam Amadou Dosso