L’Ecole Musulmane : une nouvelle ère s’annonce

La deuxième bonne nouvelle en ce mois de Ra- madan 2018 et encore annoncée par le Cheick AHIMA, est la réalisation prochaine du projet de construction de neuf (9) Lycées musulmans. Selon toute vraisemblance deux (2) sont déjà sor- tis de terre et sont en voie d’être livrés pour la ren- trée prochaine. Ce sont ceux d’ABOBO BIABOU et de YAMOUSSOUKRO DIOULABOUGOU. Ainsi, après l’annonce de la campagne tempête verte pour la télévision AL BAYANE, la première télévision de notre communauté, nous voici in- formé de cette excellente nouvelle de construc- tion de lycées confessionnels musulmans sur toute l’étendue du territoire ivoirien.

Les musulmans ont toujours accordé une impor- tance capitale à l’éducation et à la formation. Ainsi, bien avant la colonisation, les musulmans avaient un système scolaire en parfaite adéqua- tion avec leur environnement culturel et écono- mique. A l’école coranique on avait le savoir coranique mais aussi, on y enseignait le savoir vivre et le savoir être. En outre, l’on n’était pas coupé des réalités économiques. On trouvait le temps d’apprendre l’agriculture et le commerce notamment. En famille, on apprenait les métiers du père et de la mère. L’élève était préparé à vivre d’un travail libéral et non d’un emploi salarié. Ainsi dans une famille musulmane, le taux de chômage était voisin de nul. Mais à l’avènement de la colonisation, l’école coranique a été com- battue et vilipendée. Au lieu d’être sous la tutelle du Ministère de l’Education Nationale, les écoles medersas et les écoles coraniques étaient placées sous la tutelle du Ministère en charge de la sécu- rité et de l’intérieur.

Dans de telles conditions de suspicion étatique, le système scolaire de la communauté musulmane ne pouvait plus se développer. Bien au contraire, il était bloqué. Malgré tout, il a résisté et résiste encore aujourd’hui.

Et pourtant, des élèves issus des medersas et des écoles coraniques ont prouvé que la maitrise du savoir n’est pas une affaire de langue ou de reli- gion. En outre, réussir dans la vie professionnelle est d’abord une affaire d’éducation et non de for- mation. Ce n’est donc pas par hasard que les grands entrepreneurs et les premiers grandes for- tunés du pays étaient issus en partie de ces écoles coraniques : Gaoussou Diaby, Nifa Diaby, DIA- BAGATE Karim, DIARRASSOUBA N’godjigui, CISSE Lacina, SYLLA Amara et CISSE Mama- dou… etc.

Mais tout récemment avant leur retraite, le Cheick AÏMA et l’Imam principal de la mosquée de la Riviera Golf, Traore Mamadou ont occupé des postes stratégiques dans une grande banque Fran- çaise internationale, le Crédit Lyonnais ou la so- ciété Ivoirienne de Banque en Côte d’Ivoire. L’Imam Koudouss a été un haut cadre au Minis- tère de l’économie et des Finances de notre pays, contrôleur budgétaire. Aujourd’hui encore, KONE Lacina un pur produit de l’école coranique de Korhogo après avoir poursuivi de brillantes études scientifiques aux émirats, en Angleterre et à la célèbre université Américaine de Georges Washington, est conseiller pour les NTIC à la Pri- mature après l’avoir été à la présidence de la Ré- publique.

Ce n’est pas donc par un hasard que la banque mondiale, l’UNICEF, et la banque Islamique de développement militent activement pour la nor- malisation nationale des écoles coraniques et des medersas. En effet en côte d’Ivoire sur les 2 mil- lions d’enfants hors circuit scolaire normal, plus du 2/3 viennent des écoles coraniques et des me- dersas. Pour aider la côte d’Ivoire à résoudre cet

épineux problème, la BID a proposé un projet ré- volutionnaire à notre pays. Ce projet avait pour but de financer un stock d’établissements d’en- seignements scolaires en vue du remplacement progressif des écoles coraniques traditionnelles. Car tout le monde admet aujourd’hui que ces écoles sont frappées d’obsolescence technique et d’une inadaptation académique au regard du pro- gramme national. Ainsi, le projet de la Banque Is- lamique de Développement prévoyait la construction de quinze (15) écoles primaires et six (6) collèges avec logement des enseignants. En plus, le projet prévoyait la formation pédago- gique de 30 formateurs enseignants, 1000 ensei- gnants, 350 cadres et directeurs d’établissements, 40 conseillers pédagogiques et 10 inspecteurs. En fait, sur 15 milliards que devrait coûter le projet sur prêt BID et FSID, l’Etat Ivoirien ne devrait investir immédiatement qu’à hauteur de 9%. Depuis 2016, ce projet est bloqué par des fonc- tionnaires ivoiriens qui estiment que c’est un pro- jet pour propager Islam avec des fonds publics contrairement aux affirmations de la banque isla- mique, des experts de l’UNESCO et de l’UNI- CEF. Et pourtant en 2001(voir fraternité Matin N°10882 du 13 février), il est rapporté a que l’or- ganisme public Allemand (KWF) a financé au total 5,6 milliards pour la construction et l’équi- pement de 05 collèges secondaires protestants, la réhabilitation de 14 écoles primaires, de 02 groupes scolaires, et de 10 écoles maternelles (voir la suite en annexe).

Le blocage du projet de la Banque Islamique de Développement est d’autant plus incompréhensi- ble qu’il vient en appui au programme «l’Ecole pour Tous» du président Alassane Ouattara. Et par ailleurs, la Banque Islamique de Développement a déjà investi plus de 300 millions dans notre pays.

Bien sûr, le COSIM n’est pas resté inactif face à cette incongruité. Tout en insistant auprès des au- torités pour le déblocage du projet de la BID sur initiative du Cheick Aïma, le COSIM a lancé un méga projet de construction de neuf lycées confessionnels musulmans dans toute la côte d’Ivoire. Le Cheik a particulièrement remercié le président Alassane Ouattara pour l’intérêt spécial qu’il accorde à ce projet tant attendu par la com- munauté musulmane et si nécessaire à la côte d’Ivoire dans son ambition de « l’Ecole pour Tous ».

Le Cheick a par ailleurs invité tous les musul- mans et toutes les musulmanes à s’approprier le mégaprojet d’infrastructure éducative de la jeu- nesse musulmane. Car au-delà de la construction des bâtiments, il y a plusieurs opportunités de créations d’affaires et d’emplois autour de ces futurs neuf lycées. C’est au bas mot, 216 classes, 18 salles spécialisées, 10000 élèves et plus de 300 enseignants et personnels administratifs, qu’il faut transporter, nourrir et loger. Car un lycée mu- sulman sans internat ne peut jouer pleinement son rôle d’éducateur.

Dans un internat, les éducateurs ont cinq oppor- tunités quotidiennes pour compléter l’éducation religieuse des élèves au cours des cinq prières de la journée. Pour réaliser ces internats l’apport des cadres musulmans est certes nécessaire. Mais les concepteurs techniques du projet devraient aussi penser à des structures à base 02 ou 03 au lieu de 04 afin de pouvoir construire les internats si in- dispensables à la formation des jeunes.

En un mot comme en cent, pour l’émergence de la communauté, il faut appuyer les projets sco- laires du COSIM et toutes les autres structures d’éducation confessionnelles qui existent déjà.