Les 12 décisions qui ont fait mon couple

Grandes ou petites, les décisions qui font un couple ne sont pas toujours celles qu’on croit… Pour faire durer un couple, il n’y a pas de secret !

Prendre une décision en couple

  • J’ai refusé un poste à Laval

À ce moment-là, je végète dans une agence de Metz, où je viens de signer mon 108e CDD. L’ambiance est bonne, le café pas cher, le chef moitié sourd et les collègues sympas, mais je voudrais un CDI.

Pendant mes vacances en couple, je sollicite mon réseau, j’envoie des courriers, j’active les alertes web. Quelques entretiens consentent à tomber, dont une opportunité sérieuse sur Laval. Bonne agence, bon poste, bon salaire. Laval. Bon. J’ai pas vraiment envie.

Ce n’est ni de la flemme, ni de la peur, plutôt une prémonition, un caillou dans l’ambition. Je me dis que, où je suis, les collègues sont vraiment sympas. Vraiment. Surtout le nouveau, Maxime, pas du tout mon genre, mais très drôle. Le recruteur me relance. Je dis non et signe un 109e CDD dans mon agence. Sais pas pourquoi j’ai fait ça.

Et du coup : Cinq jours par semaine dans le même open space, on fait forcément connaissance Maxime et moi. Et j’ai tout le loisir de réévaluer cette notion de “genre”. L’agence, au final, on la quittera tous les deux. Mais ça, on l’ignore encore.

  • J’ai accepté un week-end électro

Un matin, une collègue débarque en beuglant : « Nuits Sonores à Lyon ! Il me reste deux places dans la voiture, ça tente quelqu’un ? » En ce qui me concerne, plutôt crever que de me taper cinq heures de trajet pour écouter un DJ, même réputé, et squatter un canapé-lit.

Mais je n’ose pas refuser aussi brutalement. Max a dû prendre mon silence pour un presque oui, et il me devance pour ne pas avoir l’air de suivre : « Moi ! » Évidemment, maintenant, j’ai envie d’y aller. Soudain, ça paraît mortel de passer la nuit dans un club éclairé au stroboscope qui sent le gin, la transpiration et le pin en bombe. Je réserve ma place aussi. Le visage de Max s’éclaire, je vais faire mon sac tout de suite.

Et du coup : À la sortie du hangar éphémère, sur le quai désert d’un port industriel, on marche quelques pas pour dépasser les néons de l’enseigne. On est soi-disant sortis pour une cigarette, mais ni lui ni moi ne fumons. On s’embrasse pour la première fois. Lyon, Fête des lumières.

  • Je l’ai appelé

Retour en Lorraine. Dans le monospace, saucissonnés à l’arrière par les ceintures de sécurité, on la joue discrète, on ne peut pas se parler. La collègue me dépose, je la remercie, je claque la portière, j’entre dans mon immeuble et, à partir de cet instant, je guette mon portable. Dans l’ascenseur, pas de réseau… Dans mon couloir, rien non plus…

Dans l’entrée, bip, un texto, c’est lui ! Non, c’est une alerte SFR. Encore un bip, c’est lui ! Non, c’est 9800 qui m’annonce que j’ai gagné 5 000 euros si je rappelle à 12 euros la seconde. Bip, c’est lui ! Non, c’est Service Client qui veut mon avis. Mais qui sont tous ces gens qui ont mon numéro ? ! Bon d’accord, ça m’énerve, j’appelle.

Et du coup : En fait, j’ai rappelé tellement vite qu’il était encore dans la voiture. Il n’a pas pu décrocher alors il a texté : « Si je te rejoins dans une heure, ça fait trop long ? »

  • J’ai changé mon statut Facebook

Sur ma page, je poste la photo hilarante d’un panneau « Sens Interdit – Rappel », juste au-dessus des soixante photos hilarantes déjà postées hier. En ce moment, je cherche à être très drôle, pour qu’il envoie plein de likes. Mais en réalité une question me taraude à chaque connexion : lequel de nous deux changera son statut en premier ? C’est au garçon de le faire, non ?

Je suis là, à tapoter le trackpad en hésitant quand je reçois une alerte. Lui, il a cliqué « En couple ». Je suppose que c’est pour moi. Je modifie mon statut.

Et du coup : Je reçois une avalanche de messages dans l’heure. Je ne sais pas comment j’ai pu avoir autant d’amis, ni quelle idée j’ai eue d’accepter maman comme amie, ni pourquoi maman a toute la famille comme ami, mais depuis ce changement de statut j’ai l’impression d’être Psy sur YouTube. Alors un soir, forcément, ce qui devait arriver arriva : nous nous sommes présentés nos sphères amicales, puis familiales. Pour de vrai, sans écran, avec des pistaches et du rosé.

  • On a emménagé ensemble

On visite des appartements à louer en couple. Celui-là, il est bien. Cinquième sans ascenseur, mais deux pièces, séparées par une vraie porte, et une vraie salle de bains où il y a la place de poser le tapis de bain en entier, et un grand placard dans le couloir pour ranger toutes mes fringues. Pas de vis-à-vis, très lumineux : allez, on le prend  !

Le soir de la signature, on ouvre une bouteille de blanc dans l’appartement encore vide pour fêter ça, puis on passe le premier mois à discuter de l’emplacement de chaque objet. Contrairement à ce que racontaient mes amies, les garçons s’intéressent à la déco. Le mien en tout cas. Pas de chance. Quant au grand placard, il accueille aussi ses fringues à lui, car contrairement à ce que racontaient ces mêmes amies, le garçon ne porte pas un jean et un tee-shirt, le même, tous les jours.

Mais même tassés, on est contents. Les cinq étages nous ont permis d’acquérir une splendide paires de mollets chacun, on adore ouvrir et refermer notre porte, on est dans un appartement de couple, plus dans un studio.

Et du coup : Notre couple a une adresse. Vous pouvez nous écrire au 30, rue des Jardins – on n’a pas de jardin et je n’en ai vu aucun dans la rue.

  • On a choisi la séparation de loisirs

Un samedi après-midi que j’avais une course importante à faire chez Zara, Max propose de m’accompagner. Bêtement, j’accepte. Tandis que je marche, concentrée sur mon objectif, il flâne à mes côtés, agrippant son nouveau smartphone comme si c’était les clés d’un Porsche Cayenne.

À la première affiche munie d’un flashcode, « Borderlands 2 », il s’arrête, il lance l’application, il cadre, il flashe, il recommence parce qu’il n’avait pas bien centré, il se connecte, se rend compte que jamais de sa vie il ne jouera à « Borderlands 2 », il quitte et on repart. Trois cents mètres plus loin, un gars en coupe-vent Médecins du Monde tente de nous intercepter, je le dépasse en bredouillant « Non désolée » avec un sentiment de honte vite oublié, tandis que Max hoche la tête « Oui bien sûr » et s’empresse de signer en dialoguant avec passion.

Les mecs bien, je les giflerais parfois. Trente minutes plus tard, nous reprenons notre route, mais dans le coin il y a un nouveau bar à glaces, où on peut ajouter des coulis, des toppings, du miel, il vérifie sur son mobile, mais c’est pas loin. « On s’y rejoint dans deux heures ? » je dis avant de le planter là. Dorénavant, nous ferons balades à part.

Et du coup : Nos centres d’intérêts sont variés et nous offrent des respirations de couple. Sans compter que j’avance beaucoup plus vite dans la rue.

Construire un couple solide, cela vient par étapes

  • On a ouvert un compte commun

Le loyer, la box, EDF, les chips, l’essuie-tout et les pommes : ça nous fait des comptes d’apothicaire, le plus simple, ce serait peut-être une cagnotte ? Ou un compte commun. Direction la banque.

On y adjoint un chéquier et une carte bleue, on se les échangera en fonction des besoins. On doit faire une tête en signant les papiers, parce que le conseiller nous regarde comme s’il était monsieur le maire.

Et du coup : Au-delà du couple, c’est une étape de vie. Il y a eu ma première pièce de la petite souris, puis ma première carte de retrait, ma première carte de crédit et maintenant, cette Visa pour deux. Maxime la tourne et la retourne dans tous les sens, ça lui fait pareil qu’à moi, je crois.

  • On s’est lancés

Il veut devenir graphiste indépendant. Il a déjà quelques contrats de prévus, il suffit de se lancer. On en discute, on prend le risque. Si nécessaire, j’assurerai en attendant qu’il devienne milliardaire. Il boucle son étude de marché et démissionne de notre agence, où j’entame mon 345e CDD. Ça va prendre un peu de temps, mais son affaire tournera.

Moi, ça me fait drôle, le même open space sans lui. Ça devient très spacieux justement, et tout vide, et tout chiant, un seul être vous manque et faut changer de métier. Je ne vais pas recontacter Laval, mais je cherche, et je finis par trouver.

Et du coup: Le mouvement, l’élan, notre histoire est productive, notre couple fait des bonds de joyeux wallabys. On a tourné une page en même temps. Cette agence, ce sera « nos débuts ».

cosmopolitan.fr