Devant l’état de délabrement d’une maison construite dans la vieille ville d’Oudja, à 20 kilomètres de la frontière algérienne, et restée inhabitée depuis plusieurs années, les autorités marocaines, craignant qu’elle ne s’effondre, avaient fini par sceller son sort en 2017. Mais un peu trop hâtivement au goût de son propriétaire insoupçonné…
La bâtisse tombée en ruines, qui présente des risques pour la sécurité des habitants vivant dans son proche périmètre, aurait dû être démolie, s’il n’y avait eu ce sursaut inattendu de celui qui y a grandi et y conserve encore, derrière ses murs lézardés et malgré sa longue absence, ses souvenirs d’enfance : le président algérien, Abdelaziz Bouteflika.
Interviewé samedi par Al-Jazeera, le maire d’Oujda, Omar Hajira, a justifié l’ordre de démolition validé par ses soins, au cours de l’année écoulée. C’était sans compter les « sensibilités politiques » algériennes qui allaient contrarier son ordre, après s’être senties heurtées par la perspective de détruire la demeure, certes rongée par l’érosion du temps mais chargée d’histoire, à laquelle leur dirigeant est attaché de manière affective.
Un an plus tard, alors que la maison d’enfance d’Abdelaziz Bouteflika a révélé tous ses secrets et menace toujours de s’écrouler, une association locale est montée au créneau pour se plaindre qu’elle soit devenue une décharge et le lieu de débauche de squatters qui y consomment de l’alcool plus que de raison.
Alors, comment résoudre cette situation inextricable sans créer un incident diplomatique ? L’édile d’Oudja a confié avoir rencontré récemment le Consul général d’Algérie pour discuter de l’épineuse question, lequel lui aurait promis d’établir une communication directe avec la famille du président algérien.
Pour la petite histoire qui a fait la Grande Histoire, Abdelaziz Bouteflika, 81 ans, est né en 1937 à Oujda, au cœur d’une cité marocaine qui avait la particularité, à l’époque, d’abriter plus d’Algériens que de Marocains. Son père, Ahmed, avait quitté son Tlemcen natal, au milieu des années 1930, poussé à l’exil par des raisons économiques. A l’âge de 19 ans, le jeune Bouteflika qui était tiraillé entre les deux choix qui s’offraient à lui – poursuivre des études supérieures ou se lancer dans la vie active – répondit finalement à l’appel du maquis algérien, plus irrésistible, lancé par le Front de libération nationale (FLN).