Selon une étude parue lundi, la probabilité de canicules de plus de deux semaines pourrait augmenter de 4 % si le monde se réchauffe de 2 °C.
Juillet 2019 a été le mois le plus chaud jamais observé dans le monde par le programme européen Copernicus. Et fouler l’asphalte dans les grandes villes par plus de 40 °C parfois pourrait bien devenir une habitude. Canicules, sécheresses, pluies… Les extrêmes météos des étés de l’hémisphère nord, plus intenses et plus fréquents déjà, vont aussi durer plus longtemps, même avec un réchauffement de la planète limité à + 2 °C, selon une étude publiée lundi. « Les événements météorologiques extrêmes sont généralement analysés en termes d’intensité et de fréquence, mais c’est souvent leur persistance qui provoque les effets les plus graves », notamment sur la santé humaine et sur l’agriculture, souligne cette étude parue dans la revue Nature Climate Change. Les chercheurs se sont donc penchés sur les risques que ces périodes de vagues de chaleur ou de précipitations s’allongent, notamment dans les zones tempérées de l’hémisphère Nord.
« Si le monde se réchauffe de + 2 °C par rapport aux niveaux pré-industriels, nous pourrions voir un changement majeur des conditions météo d’été », a commenté dans un communiqué Peter Pfleiderer, du centre de recherche Climate Analytics. Selon l’étude, dans un monde à + 2 °C, la probabilité de canicules de plus de deux semaines devrait augmenter de 4 % en moyenne, avec des risques encore plus importants dans le nord de l’Asie, le centre de l’Europe et l’est de l’Amérique du Nord. La probabilité de persistance de périodes à la fois chaudes et sèches est similaire, mais avec des pics régionaux importants, jusqu’à 20 % dans l’est de l’Amérique du Nord. Les risques d’une période de sept jours de précipitations importantes augmentent eux de 26 %, faisant peser des menaces d’inondations.
Un « besoin urgent d’action »
« Nous pouvons prévoir des impacts de plus en plus importants des événements météo extrêmes pendant l’été, mais nos recherches montrent qu’en limitant le réchauffement à + 1,5 °C, comme prévu dans l’Accord de Paris sur le climat, [cela] les réduirait considérablement », a noté dans un communiqué Carl-Friedrich Schleussner, de Climate Analytics. « Ayant à l’esprit le fait qu’avec le rythme actuel de réductions des émissions [de gaz à effet de serre], le monde se dirige vers + 3 °C, notre étude souligne le besoin urgent d’action », a-t-il ajouté.
L’accord de Paris de 2015 vise à limiter le réchauffement à + 2 °C par rapport à l’ère prè-industrielle, voire à + 1,5 °C. Mais le monde s’est déjà réchauffé de + 1 °C, entraînant déjà une augmentation des canicules, sécheresses ou tempêtes. Et les signes d’une persistance plus longue de ces événements sont déjà là, note l’étude. Par exemple, l’Europe a vécu en 2018 une période chaude et sèche particulièrement longue, d’avril à septembre, interrompue par de brèves périodes de rafraîchissement et de pluie, entraînant notamment une baisse des récoltes de blé en Allemagne de 15 %, selon les chercheurs. Et au printemps 2016, trois périodes rapprochées de plusieurs jours consécutifs de pluies avaient contribué au débordement de la Seine à Paris.
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