La pudeur, ce sentiment de gêne et de crainte qu’éprouve tout individu à regarder, dire et faire n’importe quoi devant l’autre est la preuve de la foi chez tout individu qui le manifeste. Ainsi, les exégètes classifient-ils la pudeur en plusieurs catégories.
La première est la pudeur envers soi-même. C’est une forme de pudeur qui caractérise les âmes nobles, magnanimes, les âmes élevées qui n’admettent pas pour elles-mêmes la défaillance et ne se satisfont pas de la bassesse. La deuxième est la pudeur envers les anges. En effet, tout croyant doit avoir la conscience qu’il est sous observation des anges et donc ne peut se permettre de dire et de faire n’importe quoi. Allah ne dit-il pas aux versets 9 à 12 de la sourate 82 (Al Infitar, la rupture) : « Non malgré tout ! Vous traitez la Rétribution de mensonge alors que veillent sur vous des gardiens, de nobles scribes qui savent tout ce que vous faites. Les bons seront certes dans un jardin de délices. Et les libertins seront certes dans la fournaise.
» La troisième est la pudeur envers les gens. A ce propos, Ibn Sîrin (qu’Allah soit satisfait de lui) raconte à propos de Zayd Ibn Thâbit (qu’Allah soit satisfait de lui) que celui-ci voyant les gens de retour de la prière de Djouma alors qu’il s’y rendait, se cacha dans une demeure. Il entendit qu’on l’appelait et répondit en ces termes : « Celui qui n’a pas honte devant les gens n’a pas honte devant Allah. » La quatrième est la pudeur envers Allah. Selon Ahmad (qu’Allah soit satisfait de lui) : « la véritable pudeur envers Allah consiste à préserver sa tête et ce qu’elle recèle, à préserver son buste et ce qu’il rassemble, à se rappeler la mort et le déclin.
D’ailleurs, celui qui veut vraiment l’au-delà délaissera la parure de ce bas-monde. Et seul celui qui agira de la sorte aura réellement fait preuve de pudeur envers Allah. » En réalité, comme le souligne Ibn Al Qayumm : « la pudeur envers Allah est fonction de la connaissance que l’on a de Lui. » La cinquième est l’intimité avec Allah. Une notion difficile à cerner. C’est pourquoi, nous nous appuierons sur les traits caractérisant ce haut niveau de lien avec le Créateur à travers la citation d’Anas (qu’Allah soit satisfait de lui) : « trois choses sauveront : la crainte d’Allah en secret comme en public, l’impartialité dans la satisfaction comme dans la colère et la modération dans la pauvreté comme dans l’aisance. » Comme on le voit, la pudeur est l’aboutissement d’une éducation civique, morale et spirituelle. En conséquence, les dérives que nous constatons çà et là de nos jours expriment clairement une insuffisance d’éducation. Qu’Allah nous facilite cette œuvre de transformation de l’homme. Amine.