Les différents discours prononcés par le Président du CNI 1993-2002 : Discours du porte-parole du COSIM l’Imam Boikary FOFANA lors de l’Assemblée Générale Constitutive du Conseil National Islamique le samedi 09 janvier 1993

Monsieur le représentant du Président de la République, le ministre Léon Konan Koffi,

Excellences Messieurs les Ambassadeurs,

Excellences les Imams,

Honorables invités,

Chers frères et sœurs délégués,

Chers fidèles.

Nous remercions Dieu Tout-Puissant par la Grâce de qui nous nous retrouvons ici aujourd’hui pour contribuer à l’organisation de la Communauté Musulmane de la Côte- d’Ivoire.

Monsieur le ministre de la défense, représentant le Président de la République, Honorables invités, votre présence parmi nous, nous réjouit à plus d’un titre.

Elle est significative de la bonne volonté de nos autorités à maintenir la paix à travers des actions de justice à l’égard de tous les fils et filles de ce pays.

Monsieur le représentant du Président de la République (ou Mr le Premier Ministre). Nous mesurons l’honneur dont nous sommes l’objet ce jour, un jour dont le souvenir restera dans nos mémoires.

Vous avez spontanément, comme cela sied à un croyant, décidé d’être avec nous au nom du chef d’Etat pour nous apporter le témoignage, des décennies durant, de son attachement aux musulmans de ce pays en tant qu’ils sont des éléments de paix et des agents de développement, c’est à dire, de vrais patriotes.

Sa modestie souffrirait de l’énumération fort longue, des actes qu’il a posés en faveur des musulmans, individuellement, c’est pourquoi, au nom du Conseil Supérieur des Imams, je voudrais lui dire simplement, mais respectueusement, et du fond du cœur, merci.

A ces marques de gratitude, nous associons tous ceux et toutes celles qui nous ont fait l’amitié ou la fraternité d’être avec nous ce matin, en particulier, vous Mr le ministre Léon Konan Koffi son représentant.

Jour mémorable ai-je dis, en effet, c’est à notre connaissance la première fois que les musulmans, (malgré des combats d’arrière garde) venus des quatre coins de notre pays, se retrouvent dans un même élan mu par le désir de s’affirmer pour mieux affirmer la Transcendance du Très- Haut et lui témoigner ce que Etienne Dinet appelait « inaltérable gratitude l’âme Islamique ».

Conformément     à vos recommandations, nous avons usé de tous les moyens à notre possession en tant que guides spirituels pour maintenir un climat de paix et de fraternité dans la grande famille des musulmans. Ainsi, nous avons tout d’abord tenté de regrouper tous les fidèles au sein du Conseil Supérieur Islamique à la demande de notre Ministre de Tutelle.

Mais, l’intransigeance voire l’intolérance de certains membres du Bureau sortant du Conseil Supérieur islamique qui veulent se servir de l’Islam pour assouvir leurs ambitions matérielles et politiques et jeter le discrédit sur la Communauté Musulmane de notre pays, nous a conduits à prendre nos responsabilités. C’est pour ces raisons que, des mois durant, après avoir été reçu par Monsieur le Premier Ministre et par Monsieur le Ministre de l’intérieur à plusieurs reprises, nous avons tenu des réunions sous le parrainage du Conseil Supérieur des Imams avec toutes les Associations et Communautés Musulmanes.

Toutes ces structures ont répondu à notre appel. Toutes ces Associations et communautés ont décidé, comme leur représentant vient de le souligner, de se doter d’un organe fédératif : le

Conseil National Islamique. Le résultat est là devant vous, ils sont là les délégués des Associations et

Communautés venues des villes et villages de toute la Côte-d’Ivoire.

Nous voulions mettre fin aux calomnies, aux dénigrements et démontrer aux autorités et aux Ivoiriens que la Communauté Musulmane est une. Malgré notre bonne intention, le 28 Novembre 1992, date historique qui devait consacrer cette volonté, fut transformé en une journée de douleur, d’humiliation et de larmes contenues.

Alors, nous nous sommes interrogés sur ce que nous avons pu faire pour mériter un tel sort.

A -t-on oublié le rôle primordial joué nos aînés dans la consolidation de la paix et de l’unité en Côte-d’Ivoire ? N’avons-nous pas contribué à la construction du pays derrière le Président de la République, non pas seulement comme croyants mais comme citoyens ?

Permettez-moi de rappeler que depuis l’époque coloniale, les Imams ont lutté aux côtés de nos Elus contre l’exploitation honteuse de notre pays et ont toujours exigé justice et liberté.

Ils ont su soutenir nous autorités pendant les moments de crise par leurs conseils et leurs prières pour sauvegarder la paix, facteur de développement et d’unité. Hier encore nous prônions la solidarité et l’union des cœurs pour traverser cette période de crise. Nous avons fait fi de toutes les provocations.

Depuis la réinstauration du multipartisme et à la suite de quelques évènements malheureux, certains concitoyens se sont interrogés devant le silence des musulmans. C’est à dessein que nous avons préféré garder notre sérénité et prier pour que la haine ne s’installe pas dans nos cœurs : la haine est mauvaise conseillère.

En tant que guides spirituels, nous avions privilégié la prière au grand dam de ceux qui ignorent les vertus de la foi. La polémique stérile est sur un chemin que nous n’empruntons pas.

Ensemble, musulmans, chrétiens, animistes, nous avons besoin de tolérance et d’entente pour construire cette Côte d’ivoire.

Les tristes évènements que vivent des pays frères ici et ailleurs doivent interpeller chacun de nous, mêmes si certains de nos concitoyens, par inconscience, pensent que ça n’arrive qu’aux autres. Les Imams, en tant que serviteurs de Dieu, en tant que membres de la société des hommes prient avec abnégation pour chaque citoyen et pour la nation ivoirienne.

Dans les autres Communautés sœurs ce sont les Evêques, les Prêtes et les Pasteurs qui se chargent des problèmes religieux ; pourquoi le sort de la communauté musulmane serait-il confié à des opportunistes et à des ignorants ?

Toutes les affaires islamiques notamment le pèlerinage à la Mecque, devraient être traitées sous la supervision et l’autorité des Imams.

Honorables invités, chers fidèles, le Prophète (SAW) a dit : « Celui qui ne se préoccupe pas des affaires de la Communauté n’est pas des nôtres ». C’est pourquoi, il est une obligation religieuse pour nous les Imams, à l’image de notre guide de soutenir inconditionnellement le Conseil National Islamique.

Nous souhaitons que les Ivoiriens apprennent à raccourcir le chemin vers la paix. En effet, lorsqu’un non musulman parle politique, on dit qu’il est « démocrate » ou engagé, mais quand il s’agit d’un musulman, il est vite taxé d’intégriste. Si être intègre dans la gestion des biens publics et dans la pratique de sa foi signifie qu’on est intégriste, alors tous les bons musulmans sont intégristes.

Nous, pensons qu’il faut éviter d’importer chez nous des querelles et des notions dans lesquelles nous ne nous reconnaissons pas. Il faut, éviter de coller des étiquettes à une frange de notre population qui ne mérite pas ce traitement,

Enfin, il faut éviter de remuer des épouvantails et de jouer aux apprentis sorciers.

La Communauté Musulmane dans notre pays, est d’abord une entité religieuse dont l’action est fondée sur les préceptes du Coran et sur les recommandations des Hadiths.

Nous réitérons cette vérité : nous ne sommes ni de droite, ni de gauche. Nous ne sommes pas manipulables ; nous ne sommes à la solde de personne ni de l’intérieur, ni de l’extérieur ; nous ne sommes pas des naïfs.

Nous sommes cependant ouverts à toute coopération fondée sur la foi vraie, celle qui n’est pas exclusion. Alitant, Ton demande aux musulmans de ne pas se servir de l’Islam comme tremplin politique (en a t’il jamais été ainsi dans notre pays) autant nous condamnons l’action de certaines autorités et de certains cadres qui s’appuient sur leur parcelle de pouvoir pour tourmenter les musulmans.

Monsieur le Président, nous ne saurions terminer sans vous réitérer notre gratitude pour l’honneur fait à El Hadj Abou DOMBIA récemment, nommé ambassadeur de Côte-d’Ivoire, auprès du Royaume d’Arabie Saoudite et de d’Emirat du Koweït. Avec, votre permission, nous voudrions en particulier, remercier le Ministre Balla

Keïta, pour le rôle d’intermédiaire qu’il a joué entre vous et nous et qui en grande partie, a permis d’arriver à la compréhension et à l’apaisement. Puisse Allah l’en récompenser et les Ministres qui nous ont apportés leurs conseils et leur soutien.  A suivre…