Dans l’avion entre l’Asie et l’Afrique j’ai appris la mort de Aboudramane SANGARE, un fils du nord, fidèle parmi les fidèles d’un fils de l’ouest, Laurent Koudou GBAGBO, fondateur du Front Populaire Ivoirien et 4ème Président de la République de Côte d’Ivoire. Loin donc du pays, j’ai également suivi les commentaires et analyses tant des hommes politiques que des journalistes politiques. J’ai été frappé par cinq choses : 1.
Le silence de certains de ses premiers compagnons et l’hommage fleuve de certains adversaires farouches d’hier ; 2. Les débats sur les conséquences de sa mort sur son parti et ses animateurs ; 3. La quasi absence d’information sur les derniers moments de solitude d’un homme qui a tout sacrifié pour la politique. A-t-il été payé en retour pour tous ses sacrifices ? Pour le moment je n’ai pas encore recueilli des témoignages dans ce sens ; 4. Tout comme nous ne savons pas encore ce qui aurait pu être le dernier message de SANGARE à son parti et à la Côte d’Ivoire son pays bien aimé ; 5. De tous les messages et hommages rendus, je n’ai vu nulle part dire que la mort de Sangaré nous interpelle sur la nécessité de nous réconcilier, de nous pardonner et de faire la politique autrement. Avant d’aller plus loin, laissez-moi vous raconter cette anecdote : A un moment donné de notre histoire deux grands leaders religieux étaient farouchement opposés. Chacun voulant absolument et exclusivement être le seul maître de sa communauté.
Un jour, un courageux collaborateur dit à l’un des protagonistes ces mots suivants : “Dans votre palabre là, tout le monde est intervenu en vain. Si vous ne changez pas, et qu’entre temps, l’un d’entre vous a un quelconque malheur, ou meurt maintenant, l’autre sera taxé de “sorcier’’ à jamais’’. Il eut un silence de mort dans la salle. Ce qui devait arriver arriva. Et depuis les deux camps continuent à se regarder en silence et sans être capable de solder totalement ce passé douloureux. Certes SANGARE est mort. Mais tout le monde goûtera à la même mort. Avant cette date fatidique, humanisons nos rapports, humanisons la politique. Elle ne doit pas nous conduire à la haine. La politique c’est d’abord les idées. On peut combattre, les idées, mais pas le porteur d’idées, ni son ethnie et ni sa religion. Dans l’équation du combat politique, inté- grons le facteur de la mort ; un évènement imprévisible, irrésistible et inévitable. Avant cette échéance fatidique, prenons le chemin qui nous emmène vers la réconciliation, la vraie. Celle qui nous permet de vivre ensemble malgré nos divergences passagères terrestres. Donnons envie à nos enfants et arrières petits fils de vivre ensemble. C’est notre plus beau testament. En un mot comme en cent, si un ivoirien du nord comme SANGARE Aboudramane s’est battu toute sa vie pour un ivoirien de l’Ouest, en l’occurrence Koudou GBAGBO, cela ne vaut-il pas un dernier message que Sangaré nous laisse ? “On peut s’entendre et vivre ensemble quelles que soient nos origines’’. YES WE CAN.