C’est la goutte d’eau qui a fait déborder le vase pour le syndicat des imams tunisiens, le conduisant à lancer un appel au boycott aussi retentissant qu’inhabituel.
Vent debout contre la cherté du Hajj, qu’une nouvelle taxe abusive de 200 euros imposée par les gardiens du temple saoudiens rend prohibitive, les hauts dignitaires religieux de Tunisie, déjà très critiques envers l’implication du royaume wahhabite dans des conflits mortifères avec des pays musulmans, ont estimé que “trop, c’est trop !”.
Et pour mieux faire entendre leur vif mécontentement, ils ont décidé, unis comme un seul homme, de se tourner vers le Mufti de la République, Othmane Battikh, afin de demander l’annulation pure et simple de la saison de pèlerinage pour leurs compatriotes.
« L’Arabie Saoudite utilise l’argent du Hajj dans l’agression contre des pays musulmans, comme la Syrie et le Yémen, ce qui est contraire à la loi islamique », condamne vigoureusement Fadhel Achour, le secrétaire général du syndicat, avant d’appuyer là où le bât blesse cruellement : « le prix du pèlerinage est faramineux, alors que la Tunisie se débat dans une crise économique ».
Leur appel au boycott a certes fait l’effet d’un coup de tonnerre dans un ciel tunisien assombri par la crise économique, mais aura-t-il la forte résonance escomptée auprès des autorités ? Rien n’est moins sûr… Pourtant, c’était bien l’effet recherché par des imams qui sont d’autant plus ulcérés par le coût toujours plus excessif du Hajj, qu’ils sont pleinement conscients des difficultés dans lesquelles se démènent quotidiennement leurs concitoyens.
Par jeuneafrique