Il s’en est allé soudainement, le 28 août dernier, sur la pointe des pieds, après avoir imprimé la pellicule de son talent, l’acteur américain Chadwick Boseman a succombé au cancer du côlon qui le rongeait depuis près de quatre ans. Il n’avait que 43 ans.
Erigée au rang de super-héros sur grand écran, la star faite de chair et d’os a fini par rendre les armes devant un mal incurable, laissant des milliers de fans, qui avaient fini par la croire invincible, presque immortelle, orphelins et inconsolables.
Souverain africain imaginaire régnant sur le royaume futuriste du Wakanda, la disparition de l’icône planétaire de Black Panther, dont l’un des pouvoirs les plus extraordinaires fut indéniablement de bouleverser la hiérarchie des représentations à Hollywood, suscite une immense émotion de l’autre côté de l’Atlantique, notamment au sein de la communauté musulmane.
Parmi elle, d’éminentes personnalités ont été particulièrement touchées par le décès brutal de Chadwick Boseman, d’autant plus que, comme des milliers de leurs concitoyens, elles ignoraient tout de l’âpre combat qu’il menait contre la maladie, entouré des siens et loin des feux des projecteurs. Aussi, l’annonce de sa mort a-t-elle été accueillie sous une pluie d’hommages vibrants.
Omar Suleiman, l’imam très populaire de Dallas, a été l’un des premiers à saluer sa mémoire, sous une plume recueillie et empreinte de tristesse. « À Dieu nous appartenons, et à Lui nous revenons. Le coeur lourd. Il souhaitait visiter cette année le Centre Shabazz, le Mémorial en hommage à Malcolm X. Mais nous planifions, et Dieu planifie, et Il est le meilleur des planificateurs », a écrit sur Facebook le fondateur et président de l’Institut Yaqeen pour la recherche islamique.
Et de poursuivre : « Je n’oublierai jamais la grâce et l’humilité qui le caractérisaient. Rappelons-nous que si sa présence va cruellement manquer à l’écran, comme dans les nombreuses causes de bienfaisance qu’il parrainait, il laisse derrière lui une famille très éprouvée qui a livré cette difficile bataille à ses côtés, à l’insu du public, tout au long de ces 4 dernières années. Que Dieu leur accorde clarté, réconfort et facilité. »
Très affecté également, Hussam Ayloush, le directeur de l’influent Conseil sur les relations américano-islamiques CAIR, à Los Angeles, a eu une pensée émue pour ses proches cruellement endeuillés : « Qu’Allah accorde du réconfort à sa famille et à tous ceux qui l’admiraient ».
Ils sont nombreux à pleurer l’inoubliable roi T’Challa sur le sol de la bannière étoilée, et c’est le cœur gros et en berne que Linda Sarsour, la directrice américano-palestinienne de l’Association arabo-musulmane de New York et désormais célèbre empêcheuse de tourner en rond de l’ère Trump, lui a témoigné tout le respect qu’elle lui portait : « Nous n’avons aucune idée du nombre de personnes qui souffrent en silence. Je suis tellement navrée. Mourir à 43 ans. Chadwick Boseman était aimé de beaucoup de monde, ici et ailleurs. Mon cœur est avec sa famille. Aimez, riez, oubliez toutes les mesquineries de ce bas monde, et rappelez-vous que la vie est courte ».
Chadwick Boseman a rejoint sa dernière demeure, laissant derrière lui un sillage lumineux qui éclairera longtemps bien des cœurs.