Les téléphones, ces tueurs insoupçonnés et efficaces de la planète

(Ecofin Hebdo) – Selon une étude menée par des chercheurs de l’Université de McMaster aux Etats-Unis, la production des téléphones mobiles consomme de plus en plus de CO2. De plus, seulement 1% de ces appareils est recyclé.

Les téléphones tuent la planète encore plus vite que prévu

Vous achetez compulsivement tous les derniers iPhones? Il n’y a pas de quoi être fier…

Tous les ans, vous changez de téléphone. Vous venez d’acheter une enceinte connectée pour aller avec votre montre connectée. Mais quand vous rechargez votre téléphone à la gare, vous pédalez –alors ça va. En réalité, pas tant que ça. Une étude confirme qu’acheter un nouveau smartphone consomme plus d’énergie que d’utiliser le même téléphone pendant dix ans.

Ce travail de deux chercheurs de l’Université de McMaster aux États-Unis a été publié dans le Journal d’une production plus propre. Ils ont analysé l’empreinte carbone de l’industrie des technologies de l’information et de la communication (TIC) et réalisé des prédictions pour 2040. Leur travail inclut les ordinateurs portables, écrans, smartphones et serveurs.

Les chercheurs rappellent d’abord que les petits appareils d’aujourd’hui ne consomment pas forcément moins d’énergie que les anciens modèles, type grosse tour d’ordinateur. L’impact environnemental des TIC est au contraire en constante augmentation. Alors que cette industrie ne représentait qu’1% de l’empreinte carbone en 2007, ce chiffre a déjà triplé et devrait dépasser 14% d’ici à 2040. Cela représente la moitié de l’industrie du transport –avions, trains, bus, voitures, etc.

Le diable smartphone

Les smartphones sont devenus plus ou moins jetables, avec une espérance de vie de deux ans en moyenne. Le problème c’est que construire un nouveau téléphone, en particulier à cause des métaux rares qui le composent, représente 85% à 95% de ses émissions de CO2. Acheter un nouveau téléphone représente la même dépense d’énergie que de le recharger et de l’utiliser pendant dix ans.

Il y a du mieux, cependant, dans nos usages. Alors qu’en 2013, les gens changeaient de téléphone tous les vingt mois, ils en changeraient aujourd’hui plutôt tous les vingt-neuf mois. Mais, pour essayer de compenser les pertes en profits, les entreprises construisent des téléphones plus larges, plus équipés. Ceux-là même dont la production consomme plus d’énergie. Un iPhone 6s utilise 57% plus de CO2 qu’un iPhone 4s. Ces appareils sont peu nombreux à être recyclés, 1% selon l’étude.

Conserver votre téléphone trois ans au lieu de deux a donc déjà un gros impact sur votre empreinte carbone. C’est un peu le même principe que d’acheter une voiture d’occasion, explique le journaliste de Co.Design.
Outre la fabrication des smartphones, les centres de données et les serveurs brûlent de l’énergie: 45% des émissions de l’industrie des TIC d’ici à 2020, selon les scientifiques. Chaque recherche, chaque tweet inutile, chaque article est mis sur le cloud en utilisant de l’énergie.

Pour Lotfi Belkhir, l’un des deux chercheurs responsables de l’enquête, les gouvernements sont les plus à même d’apporter des solutions, en imposant des taxes. Google, Facebook et Apple ont tous promis de passer à des systèmes 100% renouvelables, Apple va bientôt atteindre cet objectif, mais ce n’est pas suffisant. «C’est encourageant mais je ne pense pas que cela déplace le nœud du problème», explique le scientifique.

La multiplication des appareils connectés risque de ne pas arranger les choses. «Si cette tendance s’accentue, on ne peut que se demander l’impact de ces nouveaux outils sur des centres de données, en plus de la consommation d’énergie pour les fabriquer», peut-on lire dans l’étude. «À moins que toutes les structures passent au 100% renouvelables, cela pourrait bien augmenter les émissions de CO2 bien au dessus de nos prédictions.»

Agenceecofin.com