Les clameurs, les pleurs et les lamentations disparaîtront bientôt comme de coutume pour tous les morts. Cependant si Hamed était encore vivant il aurait à faire face à ces trois réalités qui sont la vie du Rhdp, la succession de son mentor et les attentes de la commune d’Abobo.
- L’avenir du Rhdp
Au moment où Hamed se battait contre son cancer foudroyant et impitoyable, son parti, le Rhdp se taillait la part du lion dans les élections législatives du 06 mars 2021 après celle du 31 octobre 2020. Ces deux élections ont démontré au moins trois choses :
(1) l’ancrage de la démocratie en Côte d’Ivoire avec la voix de la population comme instrument premier pour juger un candidat. Ainsi on note la chute de plus d’une dizaine de ministres en fonction face à des candidats anonymes parfois.
(2) la présence du Rhdp dans toute la Côte d’Ivoire. Autrefois taxe de parti réduit au seul RDR, lui-même taxe de parti régionaliste du nord musulman, le Rhdp a réussi à démontrer qu’il est le parti le mieux implanté du nord au sud et d’est en ouest. On pourrait encore épiloguer sur le fait que les raisons du succès du Rhdp sont dues au fait que ce parti a le pouvoir d’Etat. Cependant cette analyse se heurte au fait que des barons du Pouvoir comme Kafana Gilbert et Dosso Môussa ont mordu la poussière respectivement à Yopougon au sud et à Mankono au nord. Tout comme Siando Fofana à Port Bouët (par deux fois) face à un candidat du Pdci.
(3) une nette tendance en progression du choix des électeurs pour le développement plus tôt que pour pour des choix basés sur les instincts partisans, tribaux et régionaux. Les régions de la ME et du Moronou en sont des illustrations parfaites de cette tendance pour le développement. Tant les réalisations récentes sont nombreuses, visibles et palpables par les populations.
Hamed part donc en laissant son parti en pole position.
- La succession du Président Ado
Le départ d’Hamed a un moment ou beaucoup de gens pensaient qu’après Amadou Gon Coulibaly, serait le cheval gagnant, pourrait compliquer appauvrissante la problématique de la succession du Président Ado. Mais pour quelques rares observateurs les choses apparaissent moins compliquées désormais. Car avant la disparition de ses deux fils spirituels le Président n’avait guère d’autres choix que d’abord Amadou Gon et ensuite naturellement Hamed BAKAYOKO. Aussi la mort d’Hamed remet le compteur à zéro pour tout le monde aussi bien pour le Président Ado que pour les prétendants des deux bords (Rhdp et Opposition). On parlera de moins en homme d’homme providentiel mais on parlera plus tôt désormais de profil et de système.
Dans cette perspective, récemment un groupe de jeunes d’Abobo, tous musulmans et du nord a été interrogé sur la question suivante : selon vous quels sont les cinq critères à remplir par le successeur éventuel du Président Ado ?
Voici leurs critères :
- Ancienneté dans le Rdr et le Rhdp ;
- Loyauté ;
- Amour du travail ;
- Compétences ;
- Réconciliateur ;
D’autres ont ajouté :
- Ayant des compétences dans les relations extérieures ;
- Non tribaliste et non sectaire ;
- Intègre ;
- Homme de parole ;
- Généreux
- En contact avec le peuple ;
- Disponible et accessible.
Pour ma part je constate que ces jeunes ne font aucune référence à la région ni à la religion.
Cela est de bon augure pour que vive la nouvelle Côte d’Ivoire, ainsi débarrassé du tribalisme, du régionalisme et du sectarisme.
- La commune d’Abobo
Très rapidement, Hamed fut adopté. Les habitants d’Abobo, le plus grand fief électoral du RHDP. Il avait tant d’idées pour développer sa commune. Les habitants d’Abobo avaient tant d’espoir sur leur Maire. Cette communion et cette fusion entre un maire et ses administrés faisaient rêver tous les habitants d’Abobo sans distinction.
La brusque disparition d’Hamed peut-elle mettre fin à ce rêve des abobolais ?
Leur rêve de voir doter leur commune d’échangeurs routiers, des voies bitumées, d’un centre de santé hospitaliers universitaires, d’un lycée de jeunes filles avec internat, de la grande Mosquée de Côte d’Ivoire, et surtout de la lutte contre l’insécurité qui est un véritable frein au développement durable.
Les abobolais se disent orphelins. Or le grand Médiateur, dans l’oraison funèbre nationale pour Hamed BAKAYOKO, a promis que le Président Alassane OUATTARA n’abandonnerait pas Abobo. Avec cette promesse solennelle du grand Médiateur devant le Président de la République et la Nation, les abobolais continuent donc de rêve, malgré la disparition de leur premier magistrat.