L’histoire des Malinkés à Odienné

A PROPOS DES MALINKES D’ODIENNE
Qui sont ils? D’ou viennent ils?
Les premiers chefs étaient de toute évidence les Kamaté. Mais ils étaient plutôt chefs de terre. Les Kamaté ont essayé en vain de convertir les Diarrassouba. Après l’échec de la conversion, ceux-ci se rebelleront et prendront le pouvoir politique par la force. Les Diarrassouba règneront sur Odiénné avec pour capitale Manouna dans la montagne. Le premier chef politique fut Sirakoman Diarrassouba. Il fut remplacé par son frère Mémanlaha Diarrassouba, puis ce fut le tour de Tinandri Diarrassouba, et en dernier ressort Diarrakôrô Diarrassouba. Le seul de ces règnes dont on a des souvenirs est celui de Diarrakôrô Diarrassouba. Il était dictateur, un tyran, très dur avec sa population.
C’est après toute cette mise en place que les Touré feront leur apparition, Avec un certain Kaba Touré vers 1860 ( ?). Il y’aura dès lors une certaine sécurité sur les routes, naissance de certains points de marché, sécurisation des déplacements entre les contrées, …
Les Touré seront accueillis comme des libérateurs vers 1860 ( ?). Le pouvoir politique passera donc aux mains de Vakaba Touré qui fera 14 ans sur le trône. pendant ces 14 ans, et ayant Odiénné comme Capital d’empire (ou de royaume c’est selon), il ravagera le Massala, le Karandjandougou, Kani.
Il fut surpris par la mort, au moment où il projetait d’étendre ses conquêtes vers l’est. Il sera remplacé par son fils Brama Touré qui fera 6 mois, et ce sera le tour de Moctar Touré. Avec Moctar Touré, le Kabadougou atteindra donc son apogée. Cela est d’autant plus vrai que le Kabadougou s’étendra non seulement sur une partie de l’actuel Guinée, mieux, sur une bonne partie du Mali. Moctar cédera le fauteuil à Magbè Mandou. Le règne de Magbè Mandou est moins net, car il correspond à l’arrivée de l’almamy de Bissandougou Samory Touré dans la région, puis de la prise de Sikasso en 1898 par l’Armée coloniale.
À la tète de cette armée coloniale française se trouvait le capitaine Français Combes. C’est ce Combes qui mettra au pas les Touré. L’empire connaitra donc son déclin. Et c’est dès cet instant que le Kabadougou n’existera plus en tant que tel. Avec la soumission des Touré, toutes les provinces conquises prirent leur indépendance, et le Kabadougou fut réduit à Odienné et ses alentours proches.
Parmi les grandes figures de la région d’Odiénné, qu’on retiendra de toute cette période, nous avons d’abord Youssouf Kamaté, puis Maféré Mory Komara, ensuite les frères Diarrassouba : Sirakoman et M’Béman Koman Diarrassouba, Mianko Cissé. Avec l’arrivée des Touré, nous avons Vakaba Touré, Vassanissi Touré, les fils de Vakaba qui sont Moctar Touré, Magbè Mandou, et à coté de Vakaba, nous avons les grandes figures militaires comme Vakossa Bamba, Kabékossé Koné, Kéni Badjé Mory Diabaté.
Au point de vue social, on ne peut poursuivre sans parler des kabla. Ce ne sont rien d’autre que des organisations de grandes familles, des structures de concertation, et de prise de décisions.
Ainsi, une décision avant d’être prise est répercutée au niveau du Kabla pour qu’il donne son accord. Il s’agit donc d’une structure de la base au sommet et du sommet à la base. Les Kamaté sont de Kamatéla, les Komara de Komarala, les Diarrassouba sont de Diarrassoubala, concernant les Touré, nous avons une partition en trois grands Kabla : il y’a le frère ainé de Vakaba, nommé Bounou Mamery qui a donné son nom à un Kabla : Mamerydougou, Vakaba lui-même à donné Vakabala, Vassanissi : Sanissidougou.
Concernant les castes, l’emphase sera plus mise ici sur la corporation ainsi nous avons les Diarrassouba qui sont des chasseurs, les Doumbia, les Diarra et les Bamba sont des forgerons. Les Diabaté sont des cordonniers, les Touré sont des tisserands. Lorsque par exemple un Kamaté ou un Komara égorge un animal, il envoie l’épaule aux Touré. Quand se sont les Touré qui égorgent un animal, la cuisse est réservée aux Komara. Tout cela est l’expression de la coopération entre les différents Kabla.
Au cas où une dispute éclate entre Komara et Cissé, lorsqu’un Diarrassouba intervient, on met fin à la discussion, quand les Touré et les Cissé se font des palabres, il suffit qu’un Komara intervienne, pour mettre fin à ces palabres. Pouvons-nous parler de cloisonnement social entre les castes ? Pas du tout, car les mariages sont autorisés entre tous ces groupes. D’où vient donc cette histoire de mariage interdit entre d’une part les griots et les autres castes singulièrement les forgerons et d’autres part entre les membres de la cours royale et les forgerons et griots ? Parce que tout simplement, le roi considérant tout ce monde (forgerons et griots) comme ses sujets voyait en un mariage de ce type, une dégradation, un rabaissement de sa « race ». Concernant les forgerons, ceux-ci avaient un fétiche, baptisé « Koman » avant leur islamisation. Et bien qu’islamisés, ils continuaient à utiliser ce Koman conservé dans leur chambre. Et le totem de ce fétiche était les griots.
Alors comment nouer un mariage avec une fille griot qui accéderait à votre chambre, là ou est conservé le « Koman » ? Aujourd’hui avec l’islamisation totale de tout le Kabadougou, toutes les castes sont devenues des « mory », tous les fétiches ont été « enterrés », plus besoins donc de parler d’interdit de mariage entre griots et autres castes.