Selon la tradition orale, bien avant l’arrivée des Sylla sur le sol de Tiemé, les premiers habitants et propriétaires de Tiémé furent les Sénoufo, les Diarrassouba, les fondateurs de Tiémé partis de Kamoutigué, dans l’actuel Mali, à la recherche d’une montagne dont la description leur aurait été révélée par une prophétie divine, et conduits par Soumaila Sylla qui était le père de Frékaba. Frékaba était le père de Karamogogbèmana, un chef religieux, qui auraient transité par la localité de Tohi dans l’actuel Guinée, où Soumaila Sylla serait décédé, avant de s’installer sur le site actuel de Tiémé.
À l’arrivée des Sylla qui étaient des marabouts musulmans, ils déclarèrent aux Diarrassouba autochtones installés à Tangasso ou Tahansso (village à proximité de Tiemé de 3 km) être à la recherche d’un sol à côté d’une montagne (le Mont Toukehiba). Le nom Tiémé est en langue Sénoufo et à travers leur périple dans toute la region du Kabadougou, les Sylla n’ont trouvé le Saint-Coran que dans le seul village de Fréfougoula (le village natal de feu Mamadou Ben Soumahoro). Il faut par la même occasion dire que pendant la recherche des fameuses montagnes ou collines, une partie des Sylla s’est installée à Sihana (vers Séguéla) et à ceux-là, on avait dit (si vous ne trouvez pas mieux, revenez vers nous) et comme les voyages duraient des décennies, une partie du contingent est resté à Sihana.
La création de Sihana. Une partie des Sylla, installés à Tiémé dans le Kagadougou, durent, à cause des guerres de Samory (XIXe siècle), quitter leur village. Ils essayèrent d’abord de s’installer à Mankono où l’accueil ne fut guère chaleureux. Puis ils vinrent dans ce village que les voisins appelèrent « Sila na » c’est-à-dire « chez les Sylla ». Par la suite, ce nom se serait déformé en Sihana. Après leur installation, les Sylla eurent sans arrêt des démêlés avec leurs voisins, les habitants des villages de Suinia et de Kaman jusqu’à ce que ceux-ci, de guerre lasse, les invitent à faire la paix et leur disent : « Dò só » (« Entre dans le village ») signifiant ainsi qu’ils acceptaient la cohabitation avec les Sylla. Ce nom devenu « dosso » est resté à la plupart des habitants du village de Sihana. Informateur : Mevaly Dosso, cultivateur à Sihana – avril 1976.
D’après El Hadj Karamogo, résidant à Tiémé, le nom Tiémé est celui d’un paysan sénoufo que les Sylla, venus de Kamoutigué près de Nioro au Mali, ont trouvé, à leur arrivée dans son campement, à côté duquel, ils vont installer leur village selon les indications données par un marabout au Mali. D’après la tradition donc, Tiémé, serait un village plus ancien que Samatiguila.
Il faut également noter que les Sylla de Tiémé sont organisés en quatre (04) grandes familles appélées « Kabila ». Les lignages des Sylla de Tiémé sont spécialisés dans l’exercice des pouvoirs. Les Baboura et Mochiana exercent les pouvoirs politiques traditionnels (chefferie) à tour de rôle tandis que les pouvoirs religieux, en l’occurrence le choix de l’Imam et la gestion des lieux de cultes, relèvent également à tour de rôle, de la responsabilité des Férébara et Gbémana.
Enfin, Tiémé est le village d’origine d’El Hadj Anzoumana Sylla, dont vous avez la photo ci-joint à cette publication. El Hadj Anzoumana Sylla, était un érudit musulman, d’une dimension exceptionnelle. Un géant, dans la marche vers DIEU. Il fut Imam de la grande Mosquée de Bouaké de 1951 jusqu’à son décès en 1982. Le Président Félix Houphouët Boigny dont il était proche, a fait envoyer sa dépouille à Tiémé via l’aéroport d’Odienné à bord du Gruman (Avion) Présidentiel, accompagné de trois (03) Ministres et d’une importante délégation d’officiels et de fidèles musulmans. Que DIEU lui accorde sa Miséricorde infinie.