Libérer l’Islam. C’est la préoccupation qui anime ces lignes. Cela passe, pour ce faire, nécessairement, par une comparaison critique entre les principes du Coran (l’Islam) et les interprétations de l’héritage et du discours musulmans (le musulmanisme). De ce dernier tout n’est pas à jeter, évidemment, comme rien n’est à idéaliser. Mais tout, pour ce qui concerne la question des femmes, de l’esclavage, du pouvoir, de la relation avec les non musulmans ou encore de la guerre, est certainement à critiquer radicalement. J’irai même plus loin, rien ne peut y être retenu, sur ces questions, en raison de son incompatibilité avec les valeurs et orientations de la révélation et de sa mise en pratique prophétique (Sunna).
C’est donc de la déligion que je veux libérer la religion ; c’est du musulmanisme qui adapta et réduisit l’Islam aux idées reçues de l’époque médiévale et de la décadence (inhitât) qui s’en suivit, que je souhaite libérer le Livre et nous faire accéder à son universalité cosmique, au-delà des bigoteries fondamentalistes et modernistes.
Ni d’orient ni d’occident. Ma plume vise ce qui est au-delà : l’humain. Femme ou homme, riche ou pauvre, vieux ou jeune, noir ou blanc, c’est l’humanité en tant que telle, par-delà les spécificités, qui est la raison d’être de notre résistance contre ce qui l’aliène. C’est le but de nos efforts pour ce qui l’élève.
C’est elle qui à travers l’esclave est réduite à l’animalité. C’est elle qui se perd lorsque les femmes sont par la domination réduite au rang d’objet. C’est toujours elle qui se vend à vil prix quand la pauvreté dévore ses membres, que la prostitution la déshabille de sa dignité et que le mépris vient accuser les victimes d’être les auteurs de leurs malheurs. C’est Adam qui devant Satan se prosterne avec Eve couchée à ses pieds.
Libérer la femme donc, au même titre que l’homme, l’esclave, l’exploité, l’immigré, la veuve et l’orphelin, est ce sans quoi l’humanité se perd. C’est ce que l’Islam entend réaliser en libérant la volonté humaine civilisatrice, afin de la mettre en relation avec la volonté divine créatrice. La première doit être en paix (islam) avec la seconde et se vouer à elle (Islam) pour se réaliser pleinement.
Femmes et hommes : une origine commune pleine de sens
Mais un obstacle à cela se dresse et brouille les esprits. Il faut l’abattre. Les mots alors s’arment de sagesse. Les signes du Livre les leurs fournissent. Il porte l’infinie générosité de son auteur divin. Leurs frappes sont précises. Elles prennent à la racine le problème et donnent à la réforme son fondement. La dignité, la liberté, la responsabilité de la femme et donc de l’homme, de l’homme et donc de la femme, et l’égalité, en conséquence, qui fonde leurs relations en découlent. L’origine énonce le principe :
« Humains ! Ayez conscience (taqwa) de votre seigneur-éducateur qui vous a créé d’une seule âme et dont il créa sa paire. Et de ce couple il dissémina nombre d’hommes et de femmes. Ayez crainte et conscience (taqwa) de Dieu par qui vous vous donnez mutuellement soutien ainsi que des liens familiaux » (S4 ; s1).
Une seule âme ! Tous en sont issus. Un seul être qui devint deux. Lequel était mâle ? Lequel était femelle ? Lequel fut premier ? Là n’est pas la question. Elle ne se pose pas. Puisqu’il n’y a l’un que si l’autre est. L’un et l’autre en fait sont le même. Cependant, quand bien même cette interrogation devait s’imposer, peu ne s’en faille que les signes du Livre aillent dans le sens contraire de ce qui s’est installé dans l’héritage religieux. Il semblerait en effet que la femelle ait devancé le masculin qui vint trouver tranquillité auprès d’elle et la féconda (S6, s98 ; S7, s189). En tous les cas, quoi qu’il en soit, les deux ont la même origine, avant toute détermination sexuelle qui viendra après le dédoublement de cet être, de cette âme unique. C’est ce que le Coran veut démontrer.
Est-ce là une interprétation mielleuse et moderniste de ma part ? Voyons ces autres passages qui montrent un autre aspect du tableau fait de nos origines. L’intelligent comprendra :
« Il est celui qui vous fit émerger d’un seul être, d’une seule âme (min nafsin wahida), puis (se dédoubla en) réceptacle (féminin) et dépositaire (masculin). Nous exposons ainsi les signes pour des gens qui comprennent en profondeur » (S6 ; s98).
« Il vous a créés à partir d’une seule âme dont il fit sa paire (zawj qui est un terme indéterminé et désigne l’autre parti du couple, féminin ou masculin) pour qu’il vive (yaskuna, au masculin) en tranquillité auprès d’elle (ilayha au féminin). Puis, quand il la recouvra, elle porta une légère grossesse, dont elle ne prit garde. Puis, quand elle s’alourdit, tous deux invoquèrent Dieu, leur Seigneur : « Si tu nous donnes un juste, nous serons certainement du nombre des reconnaissants » (S7; s189).
Ainsi la dualité femelle-mâle est advenue de l’unité primordiale de l’âme unique, qui est devenue par la suite l’une et l’autre (ou l’une après l’autre pour ceux qui veulent coute que coute un premier). Il n’y a pas ici de soi-disant côte tirée de l’homme pour créer la femme. Ni l’idée que celle-ci fut créée pour combler l’ennui de l’homme seul au paradis, comme le relate la bible, reprise par l’inconséquence musulmane. L’une et l’autre ensemble furent créés. L’un est solidaire de l’autre en existence, de sorte que parler de l’autre c’est dire que l’autre est là. Adam n’est pas sans Eve, même quand il est cité seul, comme le reste de l’humanité est par eux deux représentée.
La femme n’est ni côte, ni tordue
Vous comprenez pourquoi imbibé de ces passages médités, je ne peux qu’être surpris, voire irrité, d’entendre en long et en large cette idée de la femme « tordue » par essence, telle une côte, si bien propagé dans le discours musulman, jusqu’à vouloir y trouver des justifications psychologiques et scientifiques qui ne valent même pas l’air qui servit à les proférer. Mêmes des femmes, musulmanes en l’occurrence, n’hésitent pas à dire d’elles, et elles sont nombreuses, qu’elles sont intérieurement courbées, « tordues » telle une côte. C’est ce qu’une sœur d’ailleurs me balançait lorsqu’elle essayait de me retenir lors d’une intervention pour régler un problème, au sein du centre culturel que je dirigeais alors : « tu sais, me dit-elle, il ne faut pas être trop exigeant. Tu as raison mais nous les femmes on a été créées à partir d’une côte tordue. Tu le sais bien, hein !.., tu connais la religion. Mais tu sais aussi que si tu tentes de redresser la côte tu vas la briser, tu dois donc laisser… ». J’avais personnellement déjà décroché depuis et étais resté sur « nous les femmes on est ‘’tordue’’ ». J’imaginais toutes ces femmes qui m’ont apporté vie, sagesse, amour et joie. Je me disais : « non ma mère n’est pas tordue, mes sœurs ne sont pas tordues, mes tantes ne le sont pas par nature. Ma dulcinée ne l’est pas, sinon comment l’aurai-je choisie, et encore moins ma fille que j’espère bien éduquer pour qu’elle ne soit pas, justement, ‘’tordue’’».
Comment a-t-on pu en arriver là ? Pourquoi un hadith (dans le recueil de Boukhari) fallacieux sur la création d’Ève, faussement attribué au Prophète, directement « pompé » de la genèse et de l’héritage judéo-chrétien et sa vision négative de la vie et de l’humain, que le Coran est venu réformer, a-t-il pu prendre autant de poids dans la pensée musulmane, jusqu’à commander le quotidien, au détriment de la révélation sans faille ? Paradoxalement, ce sont ceux qui traitent les gens du Livre de mécréants qui s’inspirent de leurs traditions ; là où ceux qui (comme nous) pensent qu’ils peuvent-être des gens du paradis s’ils font le bien, bien qu’ils soient juifs, chrétiens ou autres, considèrent leur héritage comme non habilité à être une source d’inspiration, sauf après critique coranique.
Le mensonge de la création de la femme à partir de la côte de l’homme, comme celui qui la rend coupable de la première trahison qui aurait poussé celui-ci au péché (faussement attribués au messager), n’ont qu’un objectif : retirer à la femme son humanité pleine et entière, la subordonner à l’homme, en faire sa chose et justifier sa domination et son exploitation. Ni plus ni moins. Je dis mensonge et n’hésite pas à affirmer que ces deux hadiths relatant ces informations, sont faux, car ils contreviennent à ce que le Coran dit. Et font, par ailleurs, perdurer l’injustice que subissent les femmes, en en faisant l’expression d’un décret divin, naturelle et/ou culturelle.
Pour le Coran (et en conséquence pour le Prophète qui ne peut contredire sa révélation), Adam est le premier responsable de la désobéissance dans le paradis. La responsabilité d’Ève a été de s’être laissé entrainer par son époux et de ne pas avoir utilisé son autonomie. Puis ils furent tous deux pardonnés par le Miséricordieux. Aucun péché originel, ni malédiction de la femme ne découlent donc de cet événement. La dignité et la miséricorde sont premières et aucun péché ne peut annihiler ces principes fondateurs de l’humanité. C’est à partir d’eux que tout le reste doit être jugé et c’est à eux qu’il doit se conformer. La femme, comme l’homme, est responsable, non coupable. Comprendre cela c’est se libérer.
Origine commune donc égalité de principe
C’est la raison pour laquelle en plusieurs de ses passages, le Coran revient sur cette question pour rétablir la vérité. Femmes et hommes sont de la même espèce et sont, ensemble, porteur de la même mission de lieutenance de Dieu sur terre. Ils sont donc, tous les deux, pour le Coran, les sujets de la même noblesse, de la même égalité, de la même liberté et de la même responsabilité.
« Et leur seigneur leur fit cette réponse : je ne délaisserai point l’action de tout acteur parmi vous, qu’il soit homme ou femme. Vous êtes les uns issus des autres. Ceux qui donc ont émigré, furent expulsés de leur demeure, furent persécutés dans ma voie, combattirent et furent tués, je leur effacerai leurs fautes et les ferai rentrer dans des jardins (paradis) du dessous desquelles coulent des cours d’eau. Une récompense de la part de Dieu. Et auprès de Dieu se trouve la plus belle récompense » (S3 ; s 195).
« Et celui qui fait de belles œuvres, homme ou femme, et qu’il est croyant, ceux-là entreront au paradis et ne seront en rien lésés » (S4 ; s124).
La première citation, que confirme la seconde, montre l’égalité intrinsèque auprès de Dieu quant à la récompense, entre homme et femme. Elle dessine concrètement les réalités de l’action de bien qui en est la raison, dans l’engagement des femmes et des hommes de foi dans tous les domaines de la vie (spirituels, sociales et politiques etc.). Il y est question de voyage pour sa liberté et autonomie, de risquer sa vie au nom de ses convictions, de résistances, de combats et de sacrifices. Croyantes et croyants, pied à pied sont ici concernés. Et la féminité ou la masculinité n’interviennent en rien dans la qualité de l’action menée et de la récompense donnée. Si ceci n’est pas de l’égalité en principe et en action, alors ce mot n’a ni sens ni réalité.
Ainsi, en matière de devoir comme de droit, ce qui est accordé à l’un l’est par principe à l’autre, sauf en cas de spécificité explicite qui s’impose naturellement ou qui se propose socialement (les deux domaines n’étant aucunement du même ordre), mais qui jamais ne peut remettre en question ces principes ontologiques et permanentes, de miséricorde, de dignité, d’égalité et de justice partout présents dans le Coran.
Or c’est bien parce que ces principes intrinsèques, en lien directe avec celui d’unicité de Dieu, n’arrangent pas les affaires de la domination et de la soumission qui est son corollaire, que la première (la domination) s’invente une « religion » (je dirai déligion) sur mesure que la seconde (la soumission) s’empresse d’adopter. C’est la contre-révélation des clergés au service de la dictature et de sa contre-révolution (aujourd’hui moderniste, traditionaliste et fondamentaliste). C’est sa propagande qui façonne la pensée musulmane et la religiosité de la masse. C’est elle qu’il faut combattre par le Coran et ses orientations cosmiques, si nous voulons sortir de la crise qui nous étreint depuis des siècles, et avec nous l’ensemble de l’humanité prise dans l’étau d’une mondialisation sans âme qui consomme l’humanité et consume la création.
Méthodologie et méthode pour aborder ce sujet, au-delà des caricatures
Des sourires en coin font apparaitre leurs canines. On croit trouver l’angle d’attaque. Ça croit nous attraper par le mollet. C’est une méprise. Ils brandissent la matraque de l’anathème, de l’adoration des anciens qui n’y sont pour rien, du suivisme sans arguments, donc non coranique, qui nous perdra tous, si rien n’est fait contre en profondeur. La cécité volontaire s’exprime, écoutons ses arguties:
« Tu l’as dit toi-même, il y a des spécificités. L’homme n’est pas comme la femme. Il ne peut y avoir d’égalité. Pas pareils donc pas égaux. Pourquoi tu-ne-lis pas les autres passages du Coran ? Tu vois toi aussi tu fragmentes le Coran et tu le lis à ta sauce pour faire plaisir aux « kouffar ». C’est Allah qui dit « …les hommes sont supérieurs aux femmes… » (Selon sa traduction fallacieuse) ; c’est lui qui dit que « …pour l’homme une part égale à celle de deux filles… » ; C’est lui qui dit aussi « …et l’homme n’est pas comme la femme…» ; qui dit encore « …et les hommes ont sur elles une supériorité… » ; « …frapper les… » quand elles nous désobéissent ; qu’il faut deux témoins femmes pour égaler le témoignage d’un seul homme ; nous savons qu’elle ne peut pas par exemple se marier de son propre chef sans l’autorisation de son « tuteur ». Elle n’a pas le droit de divorcer sans l’autorisation de son mari. Peut-elle comme l’homme être mariée à plusieurs personnes en même temps ? Tu vois bien que non ! L’homme a-t-il une seule de ces restrictions ? Non plus ! Ça veut donc dire que l’homme est supérieur c’est tout ! Dans toute organisation il faut un chef et l’homme est pour la femme son chef, s’il la dirige selon l’ordre d’Allah ».
Voilà la contre-révélation version préchi-précha. Elle est facile à avaler d’autant qu’elle s’habille d’argument apparemment coranique. Je dis apparemment car ce sont des citations slogans et non le Coran lui-même qui s’exprime. L’ignorance rend aveugle ; la semi science encore plus. L’idéologie mélange les domaines et tronque la réalité pour imposer sa vision partiale et malade. Il nous faut jeter les bases d’une méditation sérieuse du Coran, si nous voulons sortir de ce désordre intellectuel qui nous empêche de réfléchir avec profondeur, de débattre sereinement et d’être créatif universellement, au-delà des imitations traditionalistes et modernistes qui nous empoisonnent et nous enchaînent. Pour ce faire, ayons une méthodologie qui cohére le propos et une méthode qui commande le traitement de ses différentes parties. Ne pas avoir ni saisir cela c’est se perdre dans les détails. C’est ainsi que l’on devient bétails. Les deux se résument dans les points qui suivent.
1- Question de méthodologie d’abord :
a) Le Coran n’est pas contradictoire, il est harmonieux. Ces citations prises en entier ne peuvent donc aller à l’encontre des passages de l’égalité intrinsèque entre tous les humains et entre les femmes et les hommes, qui découlent de l’origine commune qu’il annonce
b) Les passages du Livre doivent être cités en entier, dans la mesure où cela permet de mettre le propos dans son contexte textuel, par rapport à ce que l’on veut honnêtement démontrer en cohérence avec son ensemble.
c) Ce que l’on comprend d’un passage doit être en accord avec tout le Coran, sinon c’est la preuve qu’il y a erreur.
d) La Sunna ne peut aller à l’encontre du Coran, car le Prophète est fidèle à sa révélation sinon il ne serait alors pas prophète et ce ne serait pas une révélation. Tout hadith dès-lors qui contredirait la dignité et l’égalité entre tous les humains, que le Coran pose en principe, est à rejeter. Car cela signifie que le Prophète ne l’a pas dit ou fait.
e) Les interprétations des savants ne sont pas la source de l’Islam. Elles sont des compréhensions relatives, partielles (et partiales souvent) qui doivent être soumises au Coran, critiquées et dépassées, sinon c’est de l’idolâtrie (prendre une idée pour l’Idéal ce qui en fait une idole).
f) Le mode de vie moderne, bien qu’ayant des avancées et des avantages, n’est pas le summum, ni la limite du possible. Interpréter l’Islam et le Coran pour les faire correspondre au modernisme n’est ni modernité, ni intelligence, ni fidélité. La révélation est un horizon qui dépasse toutes les expériences humaines et exige un dépassement constant de l’existant vers l’idéal.
2- Question de méthode ensuite :
a) Quand on parle d’égalité on ne parle pas de « mêmeté ». L’égalité entre hommes et femmes, et entre tous les humains d’ailleurs, n’est pas le reniement des différences. Ce serait là une forme de refus et d’élimination de l’autre. L’uniformisation, comme la séparation, visent toujours en effet la domination. Ainsi, ceux qui au nom de l’égalité (qui est vraie) prônent la « mêmeté » entre homme et femme sont dans le tort, au même titre que ceux qui au nom de la différence (qui est un fait) veulent annuler l’égalité. Il s’agit, malgré l’apparente contradiction et opposition entre ces deux visions, du même projet d’aliénation et/ou d’annihilation (symbolique et concrète) de l’humanité.
b) La prise en compte des spécificités biologiques (inchangeables) et sociales (à améliorer dans le sens de la justice et de l’équité), dans la distinction sans séparation des uns et des autres, n’est pas une validation de l’inégalité. Spécificité et disparité ne sont pas iniquité et inégalité. Le fait de ne pas demander aux démunis ce que l’on demande aux riches, ni aux invalides ce que l’on exige des valides, n’indique pas qu’il y a et doit y avoir inégalité en matière d’humanité. Les différences biologiques, les positions sociales différentes, les disparités de capacités, ainsi que les interactions sociales qu’elles sous-tendent et permettent, au niveau horizontal, ne sont pas à confondre avec les valeurs qui les commandent et vers lesquelles celles-ci doivent être orientées au niveau vertical.
Il est donc fallacieux de mélanger les points secondaires juridiques, liés aux affaires sociales (mariage, naissance, divorce, veuvage, héritage etc.) d’une part, avec les principes fondateurs philosophiques coraniques d’autre-part qui les transcendent. Les premiers prennent en compte la situation d’injustice et les spécificités biologiques et sociales, en vue d’aller vers la justice et la protection des droits, en l’occurrence ceux des femmes, qu’induisent et imposent les seconds. Eriger ces points d’application juridique d’un second degré en principes, afin de contredire les signes à portée ontologique et principielle, est une trahison scandaleuse et une falsification (tahrîf) entretenue que la révélation reprochait/reproche aux clergés. Et Dieu sait qu’ils sont nombreux parmi nos prédicateurs traditionnalistes et nos « penseurs » modernistes.
La répartition des droits et devoirs entre femmes et hommes, ne reposent pas sur la préférence divine pour l’un ou l’autre. Dieu n’est pas masculin, ni féminin. Son ordre n’est ni patriarcal, ni matriarcal. Les sociétés ont le droit de se choisir les systèmes sociaux qui leur sied, l’exigence de la « charia » (la voie qui permet de réaliser la vision) est de maintenir, quelque-soit le type d’organisation opté, la justice, l’équité, la protection des plus faibles, l’accomplissement de soi et l’encouragement de la créativité. Ainsi, quand le Coran ordonne à ce que les femmes reçoivent des hommes une dot, dans le cadre du mariage (S4 ; s4) ; qu’elles reçoivent une pension après le divorce ou en cas de veuvage (S2 ; s 240-241), tous cela de la part des hommes. Cela signifie-t-il qu’elles sont meilleures ou supérieures aux hommes ? Ou bien s’agit-il de reformes qui visent à défendre les droits des femmes, face à des rapports qui se limitent à la force brute naturelle et animale, que le Coran veut par ailleurs humaniser et élever, au nom du principe de dignité, d’égalité et de solidarité qu’il érige en absolu ? Le ridicule ne voit jamais ses bêtises.
Conclusion
Ceci est ce qui doit être présent de façon permanente à l’esprit des gens, lorsque la question des relations homme-femme, du point de vue de l’Islam (et d’autres sujets), est abordée. Ce sont les passages qui parlent de l’origine commune, du principe d’égalité, de la complémentarité (entre tous les êtres humains) ainsi que la lecture des signes dans leur reliance, qui doivent orienter la conscience musulmane et la méditation humaine pour continuer l’action de libération de tous, et penser, pour aujourd’hui, les réformes qui vont dans ce sens.
« O êtres humains, nous vous avons créé d’un homme et d’une femme (la dimension biologique) et avons fait de vous des peuples et ethnies (la dimension anthropologique) afin que vous vous entreconnaissiez (la dimension civilisationnelle). Le plus digne d’entre vous auprès de Dieu est le plus vertueux (la dimension éthique). Dieu de ce que vous faites est tout à fait informé (la conscience de l’Idéal) ». (S49 ; s13)
Entre les membres de la famille humaine dignes en principe et d’origine commune, le surplus de dignité vis-à-vis de ses semblables, n’est pas genré (masculin ou féminin), ni biologique ou ethnique, mais vertueuse et éthique, dans la conscience constamment réveillée d’une transcendance qui sait les tréfonds de chaque cœur dans le djihad constant d’être meilleur et de rendre mieux.
La connexion est faite. La révélation peut/doit inspirer sa réforme. La pensée, désormais sur orbite, doit continuer et alimenter son action jusqu’à sa révolution. Ce qui suivra, ces principes étant établis, se chargera de prendre un par un les domaines dans lesquels les relations femmes-hommes furent traitées dans le Coran. Ce, afin d’en tirer les enseignements et réformes universelles qu’ils portent et induit, et de corriger les interprétations atomisées de la domination et de sa contre-révélation musulmaniste et moderniste.
« Demande conseil à ton cœur » nous dit le Prophète qui se plaindra, au jour dernier, du délaissement que nous faisons subir au Coran (S25 ; s 30). C’est le conseil que je tente de suivre, dussé-je pour cela, prendre le contre-pied des opinions et fatwas des gens sans arguments. A bon entendeur Salam !
OUMMA.COM