L’ISLAM OU LA CULTURE DOIT-ON FAIRE UN CHOIX ?

La révélation de l’Islam se fait a un peuple qui a une culture et une langue qui lui est propre

La langue est la première chose qui unit les personnes d’une même culture, elles parlent la même langue, mangent la même nourriture, ont les mêmes habitudes, partagent des références communes etc…

La révélation du Coran s’est faite dans la langue du peuple à laquelle elle était révélée. Dieu dit dans le Coran : «Si Nous en avions fait un Coran en une langue autre que l’arabe, ils auraient dit : Pourquoi ses versets n’ont-ils pas été exposés clairement ? Un (Coran) non-arabe et (un Messager) arabe ! » (Sourate 41, verset 44).

Quand les habitudes des arabes de l’époque étaient incompatibles avec le message de l’Islam 

Les arabes de l’époque anté-islamique avaient pour habitude de détester avoir des filles. Dans leur culture, l’annonce de la naissance d’une fille était une honte. Cette mentalité ne pouvait en aucun cas être compatible avec les principes de justice et d’équité de l’Islam. La révélation est donc venue condamner cette habitude : «Et lorsqu’on annonce à l’un d’eux une fille, son visage s’assombrit et une rage profonde (l’envahit). Il se cache des gens, à cause du malheur qu’on lui a annoncé. Doit-il la garder malgré la honte ou l’enfouira-t-il dans la terre? Combien est mauvais leur jugement !». (Sourate 16, versets 58 et 59). Dieu condamne leur façon de penser et l’Islam interdira leur pratique qui consistait à enterrer les fillettes vivantes.

Quand les coutumes des arabes étaient compatibles avec la pratique de l’Islam

Dans les coutumes des arabes, lorsque la dot n’était pas donné, le mariage ne pouvait pas être consommé. Les compagnons eux mêmes, que Dieu les agrée, recommandaient de ne pas consommer le mariage tant qu’une partie de la dot n’avait pas été donnée. Alors, bien que la révélation n’a pas rendue obligatoire cette pratique, elle a permis au peuple arabe de la pratiquer, c’est pourquoi, Ibn ‘Abbas rapporte que le prophète, paix et bénédiction de Dieu sur lui, a défendu à Ali de consommer l’union avec Fatima, que Dieu les agrée tous deux, tant qu’il n’avait pas offert quelque chose à cette dernière (hadith rapporté par Abu Daoud et Al Hakim) et qu’à une autre reprise il a autorisé Aïcha à amener une femme chez son époux avant que celui-ci lui est remis sa dot (Hadith rapporté par Abu Daoud).

De même lorsqu’une personne était tuée, la famille du meurtrier devait payer le prix du sang. Cette loi était en vigueur avant l’avènement de l’Islam. L’Islam a conservé cette loi : «  Il n’appartient pas à un croyant du tuer un autre croyant, si ce n’est par erreur. Quiconque tue par erreur un croyant, qu’il affranchisse alors un esclave et paye à sa famille le prix du sang». (Sourate 4, verset 92).

Ce qu’il faut retenir

A travers tous ces exemples, il faut comprendre que les coutumes font parties de la vie quotidienne des gens et répondent à leurs besoins ; tant qu’elles ne s’opposent pas à la religion, il n’y a pas de mal à les conserver.

Le jeune musulman est aujourd’hui le fruit du mariage de plusieurs cultures : celle de ses parents ou de son pays d’origine, celle du pays dans lequel il a grandit, auxquelles s’ajoute celle de ses références islamiques.

Étudions maintenant  les cultures maghrébine et française qui sont les cultures majoritaires dans notre communauté.

Quand les pratiques culturelles sont incompatibles avec l’Islam

Le vin et la viticulture tiennent une grande place dans la culture française et tout particulièrement dans celle de notre région. Cette partie de notre culture est à rejeter car elle est contraire au principe de l’Islam qui préserve la dignité et la raison de l’Homme et qui a donc interdit toute consommation d’alcool : « O vous qui portez la foi ! Le vin, les jeux de hasard, les pierres dressées, les flèches de divination ne sont qu’une abomination, œuvre du diable, écartez-vous en, afin que vous réussissiez.» (Sourate 5, verset 90).

Un autre exemple tiré de la culture marocaine est l’habitude de se rendre sur les tombes des saints (hommes pieux) et de leur adresser des prières, ils y attachent souvent un bout de tissus et quand leurs vœux sont exaucés ils leur font une offrande. Or, cette pratique culturelle est condamnable car contraire au principe de tawhid (unicité de Dieu) qui veut que « C’est Toi Seul que nous adorons et c’est de Toi Seul dont nous implorons secours» (Sourate 1, verset 5).

Quand les habitudes culturelles éloignent de l’exemple du prophète

Il y a d’autres cas moins tranchés où, bien que la pratique culturelle ne soit pas interdite à proprement parlé par Le Législateur, elle éloigne les gens de la morale islamique, de l’excellence dans le comportement et de l’exemple du prophète, paix et bénédiction de Dieu sur lui.

Ainsi, en France, les personnes âgées et dépendantes physiquement ne s’installent pas au domicile de leurs enfants, mais sont institutionnalisés souvent par leurs enfants. Les maisons de retraite en France sont pleines de personnes âgées délaissées et il y a de longues listes d’attente pour avoir une place. L’Islam ordonne de bien traiter ses parents mais n’interdit pas aux enfants de placer leurs parents en institution lorsque ces derniers deviennent âgés et dépendants. Alors que la morale islamique nous donne à méditer sur le grand bienfait de les voir atteindre un âge avancé à nos côtés et nous invite à trouver une grande récompense dans le fait de s’occuper d’eux : «Et si l’un d’eux ou tous les deux atteignent, auprès de toi, un âge avancé, ne leur dis pas  «Fi !», ne leur manque pas de respect mais adresse-leur des paroles affectueuses ! Fais preuve à leur égard d’humilité et adresse à Dieu cette prière : «Seigneur ! Sois miséricordieux envers eux comme ils l’ont été envers moi quand ils m’ont élevé tout petit.» « (Sourate 17, verset 23).

De même dans la culture arabe en général, les parents font une distinction dans l’éducation de leurs enfants. Ainsi, les filles doivent s’occuper du ménage et de la cuisine et pas les garçons. Ces derniers bénéficient de beaucoup de liberté, peuvent sortir comme les autres jeunes de leur âge alors que leurs soeurs sont la plupart du temps confinées à l’intérieur du domicile familial. Bien que Le Législateur est interdit l’injustice, il n’a pas interdit pas le fait que certaines tâches soient réservées aux filles plutôt qu’aux garçons, mais d’une manière générale, l’Islam rappelle l’égalité spirituelle des croyants hommes et femmes : «Les musulmans et musulmanes, croyants et croyantes, obéissants et obéissantes à Allah (…) Allah a préparé pour vous une énormé récompense» (Sourate 33, verset 35), et qu’aucune personne n’est supérieure à une autre ne serait-ce que par la piété :  « O Hommes ! Nous vous avons créés d’un mâle et d’une femelle (…) le plus noble d’entre vous auprès d’Allah est le plus pieux.» (Sourate 49, verset 13). Cette référence culturelle qui tendraient à éloigner les garçons des tâches ménagères les éloignent du comportement du prophète, paix et bénédiction de Dieu sur lui, qui selon Aïcha aidait sa famille, nettoyait ses vêtements et s’occuper seul de sa propre personne (Hadiths rapportés par Bukhari et Ahmad).

Quand les musulmans eux mêmes confondent culte et culture

Si la culture est l’ensemble des habitudes et coutumes d’un ensemble de personne, le culte est l’ensemble des pratiques rendues par un groupe pour adorer, honorer ou vénérer une divinité ou un être, et en Islam pour adorer Dieu L’Unique, Le Seul digne d’être adorer. Ainsi du temps du prophète, paix et bénédiction de Dieu sur lui, les nouveaux convertis à l’Islam devaient abandonner leur ancien culte (l’adoration des statues et des idoles) tout en gardant de leur culture tout ce qui était compatible avec l’Islam, comme leur langue, leur  façon de manger, de s’habiller etc.., Et cette distinction entre culte et culture était très claire pour eux.

Encore aujourd’hui, un nombre trop important de musulmans confondent le culte et la culture. Et de cet amalgame découle une mauvaise compréhension de la notion d’innovation en matière de religion. Le hadith qui parle de l’innovation (bida’a en arabe) est clair dans son sens et très connu : «Méfiez-vous des inventions (en matière de religion), car toute invention est égarement et tout égarement mène au feu.» (Hadith rapporté par An Nassaï et authentifié par Cheikh Albani). Ainsi Dieu a parachevait pour nous l’Islam et la religion est complète. C’est à dire que pour adorer Dieu et Lui vouer un culte sincère il n’y a aucunement besoin de rajouter de nouvelles pratiques. Ainsi, la définition exacte du terme bida’adans la charri’a est : «une chose inventée dans la religion par laquelle on veut se rapprocher d’Allah.» Ce hadith parle bien de la sphère du culte et non de celle de la culture.

Ainsi, dans la culture française, il existe un certain nombre de fêtes ou de traditions et d’habitudes, celles qui font partie d’un culte doivent être rejetées et celle qui sont purement culturelles pourront être conservées. C’est le cas de la fête des mères ou des fêtes d’anniversaire pour les enfants, ces pratiques sont en France totalement dépourvues de notion cultuelle, le musulman peut donc les pratiquer. Par contre, Noël est une fête catholique qui prétend célébrer l’anniversaire de Jésus, paix sur lui, et bien que autour de cette fête se soit greffés des rituels commerciaux et des mythes comme ceux du père Noël, il n’en reste pas moins que les Eglises et le pape, représentant des catholiques dans le monde, célèbrent cette nuit là, une messe de minuit, ce qui prouve, si besoin est, que cette fête reste religieuse et qu’elle est donc à rejeter par les musulmans.

Quand culture et Islam peuvent se conjuguer

Les arabes de l’époque du prophète, paix et bénédiction de Dieu sur lui, avaient des noms, des prénoms et des surnoms qui leurs étaient propres. Ce n’étaient pas les mêmes que les romains de leur époque par exemple, car les noms sont une illustration des éléments qui font la culture d’un peuple. Omar Ibn Al Khattab s’appelait donc Omar avant l’avènement de l’Islam et continua de s’appeler Omar après sa conversion à l’Islam. De même Abu Bakr (surnom qui signifie «le père de la chamelle») était appelé comme ça par le prophète lui-même, paix sur lui, que ce soit avant ou après le commencement de la révélation. Par le comportement de ces  deux illustres compagnons, que Dieu les agrée, ces deux noms sont entrés dans l’histoire musulmane et font donc aujourd’hui partie de la culture islamique. Mais il est bon de noter que l’Islam n’a pas demandé aux compagnons de changer leur nom ou surnom ! Il n’y a pas de prénoms dit musulmans et surtout par opposition des prénoms qui seraient non musulmans !  Les prénoms font partis des éléments de culture qui sont compatibles avec l’Islam. Sauf s’il vous venait à l’idée d’appeler votre enfant «adorateur du soleil» ce qui serait contradictoire avec la foi musulmane !

Il en va de même en termes de tenues de la femme musulmane. Quand le Coran vient, sourate 33, verset 59 et sourate 24, verset 31, explicitaient aux femmes musulmanes de se différencier par leur tenue, il ne vient pas leur dire : avant vous portiez telle tenue (la façon de s’habiller faisant partie intégrante des habitudes culturelles d’un peuple), maintenant vous allez porter une autre tenue ou encore, avant vous portiez jilbab et khimar comme toutes les femmes de votre pays et maintenant vous allez changer complètement de tenue pour une tenue qui «serait» islamique. Non, les versets précisent «jalabibihinna» et «khoumourihinna» qui signifie grammaticalement «leurs jilbabs» et «leurs khimars» ,ce qui sous entend bien qu’elles portaient déjà ce vêtement avant l’avènement de l’Islam et qu’elles vont le conserver tout en le portant différemment «afin de se faire connaitre et d’éviter d’être offenser» comme le précise le verset 59 de la sourate 33. Elles ont donc conservé leur vêtement traditionnel en le portant d’une manière à pouvoir se différencier, il n’y a donc rien de contradictoire avec l’Islam qu’une musulmane marocaine porte une djellaba traditionnelle tout en veillant à se différencier de la femme juive marocaine, par le port du foulard par exemple.