Le Prophète Mouhammad (sallallâhou alayhi wa sallam) nous a donné une description longue et détaillée concernant ce qui se passe lorsqu’une personne décède. Ses propos nous ont été rapportés par Al Barâ Ibn Âzîb (radhia Allâhou anhou), qui raconte:
Nous sommes sortis vers Baqi’ (le cimetière de Médine), (un jour) à l’occasion d’un enterrement, en compagnie du Prophète Mouhammad (sallallâhou alayhi wa sallam). Lorsque nous arrivâmes, la tombe n’était pas encore creusée; le Prophète Mouhammad (sallallâhou alayhi wa sallam) s’assit et nous nous assîmes autour de lui, (nous étions tellement silencieux et tranquilles que c’était) comme s’il y avait des oiseaux sur nos têtes. Il (sallallâhou alayhi wa sallam) avait un bâton dans sa main qu’il utilisait pour gratter la terre. Il leva alors la tête et dit, en deux ou trois fois:
« Demandez la protection d’Allah contre le châtiment de la tombe. »
Puis il dit: Le serviteur croyant, lorsqu’il est sur le point de quitter ce monde et de passer dans l’Autre (Al Âkhirah), des anges au visage resplendissant descendent du ciel –c’est comme si leur visage était un véritable soleil-, emportant avec eux un linceul et du parfum provenant du Paradis. Ils s’asseyent avec lui (et ils sont tellement nombreux qu’ils arrivent) jusqu’où porte le regard. Puis, vient l’ange de la mort (malak oul mawt) qui s’assoit auprès de sa tête et dit: « Ô âme pure ! Sors (et viens rejoindre) un pardon et un agrément venant d’Allah. » Le Prophète Mouhammad (sallallâhou alayhi wa sallam) ajouta: Elle (l’âme) s’écoule et sort alors (aisément) comme la goutte coule de l’outre. (L’ange de la mort) la saisit; (mais) dès qu’il l’a prise, (les autres anges présents) ne la laisse pas entre ses mains un instant; ils la portent à leur tour et la posent dans le linceul et la parfument.
Emane alors d’elle (un parfum comparable) à la meilleure flagrance de musc qui puisse être trouvée sur terre. Il (sallallâhou alayhi wa sallam) continua: Ils (les anges concernés) montent alors en l’emportant. Ils ne passent en sa compagnie auprès d’aucun groupe d’anges sans que ceux-ci ne s’enquièrent: « Quelle est donc cette âme pure ? » Ils répondent alors: « (C’est celle de) Un tel, fils d’untel », et ils la nomment en citant les plus beaux prénoms par lesquels on le désignait dans ce monde, jusqu’à ce qu’ils arrivent avec elle au ciel le plus proche. Ils demandent la permission d’entrer et celle-ci leur est accordée. L’accueillent alors ceux qui vont la conduire au ciel suivant, jusqu’à ce qu’elle parvienne au septième ciel. Allah -l’honoré et l’exalté- dit: « Consignez le Livre de mon serviteur dans le ‘illiyîn (au sujet duquel le Qour’aane dit qu’il s’agit d’ » un livre cacheté ! Les rapprochés (d’Allah : les Anges) en témoignent », c’est à dire le Livre des bons serviteurs…) et retournez le vers la terre, parce que c’est d’elle que je les ai créé, c’est vers elle que je les retourne, et c’est d’elle que je les retirerai une nouvelle fois »
Il (sallallâhou alayhi wa sallam) continua: Son âme est donc ramené à son corps. Deux anges viennent alors, le font s’asseoir et lui demandent: « Qui est ton seigneur ? » Il répond: « Mon Seigneur est Allah. » Il lui demandent ensuite: « Quelle est ta religion ? » Il réplique: « Mon dîn est l’Islam ». Il le questionnent encore: « Qui est cet homme qui a été envoyé vers vous ? » Il dit: « Il est le Messager d’Allah. » Il lui demandent enfin: « Et (d’où tiens-tu) ta connaissance (au sujet de ce que tu affirmes) ? » Il réplique: « J’ai lu le Livre d’Allah, j’ai apporté foi en lui et j’ai attesté de sa véracité. » Un appel est alors lancé du ciel: « Mon Serviteur a dit la vérité. Tapissez donc le Paradis pour lui, habillez-le de vêtements du Paradis et ouvrez lui une porte celle-ci. »
Il (sallallâhou alayhi wa sallam) dit: Lui parviennent alors sa brise et son parfum; sa tombe est élargie jusqu’où porte le regard. Il (sallallâhou alayhi wa sallam) ajouta: Et un homme au beau visage, bien habillé et parfumé vient auprès de lui et lui dit: « Accepte la bonne nouvelle qui va te réjouir: Voici le jour qui t’avait été promis. » Il (le défunt) lui dit alors : « Qui es-tu ? Ton visage est celui (de la personne) qui apporte le bien. »
Il répondra : « Je suis (la matérialisation de) tes bonnes œuvres. » Il (le défunt) demandera alors: « Ô mon Seigneur ! Fais survenir l’Heure (dernière), afin que je puisse retourner auprès de ma famille et de mes
biens. »
Le Prophète Mouhammad (sallallâhou alayhi wa sallam) dit (ensuite): Et le serviteur kâfir 1, lorsqu’il est sur le point de quitter ce monde et de passer dans l’Autre, des anges au visage noirci descendent du ciel vers lui avec de la bure. Ils s’asseyent avec lui (et ils sont tellement nombreux qu’ils arrivent) jusqu’où porte le regard. Puis, vient l’ange de la mort (malak oul mawt) qui s’assoit auprès de sa tête et dit: « Ô âme répugnante ! Sors vers la colère et le mécontentement d’Allah. » Le Prophète Mouhammad (sallallâhou alayhi wa sallam) dit: L’âme se répand alors partout dans son corps et il l’arrache comme on arrache une broche de la laine trempée. Il la saisit; (mais) dès qu’il l’a prise, (les autres anges présents) ne la laisse pas entre ses mains un instant; ils la portent à leur tour et la posent dans cette bure. Emane alors d’elle (une puanteur comparable) à la pire pestilence d’un cadavre qui puisse être trouvée sur terre. Ils (les anges concernés) montent alors en l’emportant. Ils ne passent en sa compagnie auprès d’aucun groupe d’anges sans que ceux-ci ne s’enquièrent: « Quelle est donc cette âme répugnante ? »
Ils répondent alors: « (C’est celle de) Un tel, fils d’untel », et ils la nomment en citant les pires prénoms par lesquels on le désignait dans ce monde, jusqu’à ce qu’ils arrivent avec elle au ciel le plus proche. Ils demandent la permission d’entrer et celle-ci leur est refusée. Le Prophète Mouhammad (sallallâhou alayhi wa sallam) récita alors (le passage du Qour’aane faisant allusion à cela):
« (…) les portes du ciel ne leur seront pas ouvertes, et ils n’entreront au Paradis que quand le chameau pénètre dans le chas de l’aiguille. »
(Sourate 7 / Verset 40)
Allah -l’honoré et l’exalté- dit: « Consignez Son Livre dans le sidjîn (au sujet duquel le Qour’aane dit qu’il s’agit d’ « un livre déjà cacheté (achevé) », le Livre des libertins…) dans la terre inférieure (ou profonde). » Son âme est alors jetée – puis le Prophète Mouhammad (sallallâhou alayhi wa sallam) récita (un autre passage coranique):
« (…) car quiconque associe à Allah, c’est comme s’il
tombait du haut du ciel et que les oiseaux le happaient, ou que le vent le
précipitait dans un abîme très profond. »
(Sourate 22 / Verset 31)
Sonâme est donc ramenée à son corps et deux anges viennent alors, le font s’asseoir et lui demandent: « Qui est ton seigneur ? » Il répond: « Ah ! Ah ! Je ne sais pas… » Il lui demandent ensuite: « Quelle est ta religion ? » Il réplique: « Ah ! Ah ! Je ne sais pas… ». Il le questionnent encore: « Qui est cet homme qui a été envoyé vers vous ? » Il dit: « Ah ! Ah ! Je ne sais pas… » Un appel est alors lancé du ciel: « Il a menti. Tapissez donc l’Enfer pour lui et ouvrez lui une porte vers le Feu. » Lui parviennent alors (les effets de) sa chaleur et son vent brûlant; sa tombe se rétrécit sur lui au point où ses côtes se retrouvent emboîtés (les uns dans les autres). Un homme au visage laid, mal vêtu et puant vient auprès de lui et lui dit: « Accepte la nouvelle qui va te déplaire: Voici le jour qui t’avait été promis. » Il (le défunt) lui dira alors : « Qui es-tu ? Ton visage est celui (de la personne) qui apporte le mal. » Il répondra : « Je suis (la matérialisation de) tes œuvres malsaines. » Il (le défunt) demandera alors: « Ô mon Seigneur ! Ne fais pas survenir l’Heure (dernière, et ce, apparemment, afin qu’il ne soit pas jugé définitivement et qu’il n’ait pas à supporter des tourments encore plus terribles.) »
(Référence: Mousnad Ahmad, Moustadrak Hâkim, Mousannaf Ibn Aby Chaybah, avec quelques variations. La version citée par l’Imâm Ahmad (rahimahou Allah) est authentifiée par Cheikh Choueïb Arnâoût et Cheikh Albâni (rahimahou Allah); certaines parties de ce long Hadith sont présentes notamment dans les Sounan Abi Dâoûd, Ibn Mâdja et Nasaï. Des critiques ont été faites par certains savants concernant l’authenticité de ces rapports, mais Ibn Qayyim (rahimahou Allah) s’attache à répondre longuement à celles-ci dans ses annotations des Sounan Abi Dâoûd – Voir pour cela ses « Ta’liqât » sur le Hadith N° 4127)
Dans une autre version de ce Hadith (présente dans les Sounan Abi Dâoûd), on trouve quelques indications supplémentaires concernant les châtiments qui attendent cette personne:
Le Prophète Mouhammad (sallallâhou alayhi wa sallam) dit ainsi qu’un (ange) aveugle et sourd (et qui ne risque donc pas d’éprouver de la pitié) est alors envoyé pour cette personne, emportant avec lui un maillet en fer (tel que), s’il l’utilisait pour frapper une montagne, celle-ci serait réduite en poussière. Le Prophète Mouhammad (sallallâhou alayhi wa sallam) ajouta: (Cet ange) l’assène alors avec ce maillet un coup (tellement puissant) que toutes les créatures, d’est en ouest, l’entendent, exception faite des hommes et des djinns. Le défunt est ainsi réduit en poussière, puis son âme lui revient (et son corps reprend forme, pour continuer à subir ainsi le châtiment).
Les propos du Prophète Mouhammad (sallallâhou alayhi wa sallam) qui ont été cités répondent clairement, je pense, à votre question. Néanmoins, par rapport au contenu même du Hadith cité, je tiens à apporter quelques précisions complémentaires:
Dans le récit que fait le Prophète Mouhammad (sallallâhou alayhi wa sallam), il est question, à un moment donné, du retour de l’âme du défunt vers son corps. Il convient de souligner, comme l’ont fait d’illustres savants (comme Ibn Qayyim rahimahou Allah et Ibn Abil ‘Izz Al Hanafi rahimahou Allah), que ce retour de l’âme vers le corps n’est que partiel et se produit dans le monde intermédiaire (Al barzakh): Le lien qui les unit alors n’est pas comparable à celui qui existait lorsque la personne était en vie dans ce monde. Ce retour de l’âme ne peut donc être considéré comme étant une résurrection à part entière, le corps ne retrouvant pas la vie. En fait, le lien avec l’âme dans le barzakhne permet au corps que d’entretenir une perception limitée, qui lui suffit notamment à entendre les pas de ceux qui s’éloignent de
la tombe après l’enterrement, à répondre aux questions posées par les anges…., comme évoqué dans des Hadiths authentiques. Le contenu du Hadith cité ne contredit donc en aucune façon un quelconque énoncé coranique, contrairement à ce qu’affirme Ibn Hazm (rahimahou Allah) (Pour plus de détails, voir les écrits de Ibn Qayyim rahimahou Allah et de Ibn Abil ‘Izz Al Hanafi rahimahou Allah – « Char’h Aqîdat it tahâwi » –Page 399)
Par ailleurs, le Hadith de Barâ Ibn ‘Âzib (radhia Allâhou anhou) (et bien d’autres encore, ainsi que des passages coraniques) atteste(nt) de l’exactitude d’une croyance unanimement admise par les « Ahl ous Sounnah wal Djamâ’ah », l’orthodoxie musulmane. Cette croyance est exprimée par l’Imâm Abou Dja’far At Tahâwi (rahimahou Allah) en ces termes:
« (Nous croyons) en (la réalité) du châtiment de la tombe pour celui qui le mérite, ainsi qu’en (la réalité) du questionnement, par Mounkar et Nakîr (deux anges), du défunt dans sa tombe, au sujet de Son Seigneur, de sa religion et de son Prophète, suivant ce qui a été énoncé par les Traditions rapportées du Prophète Mouhammad (sallallâhou alayhi wa sallam) et des Compagnons (radhia Allâhou anhoum). Et la tombe (peut) constituer (soit) un jardin, parmi les jardins du Paradis, ou un fossé, parmi les fossés de l’Enfer. »
Wa Allâhou A’lam !
Et Dieu est Plus Savant !