Depuis le 02 janvier 2019, le Lt/Colonel MAILLY née ZOUZOU Elvire-Joëlle est nommée, Directeur Général des Forêts et de la Faune. La passation des charges a eu lieu le 03 janvier entre elle et le Colonel Yamani SORO appelé à faire valoir ses droits à la retraite après plus de trente-cinq ans ( 35) au Service de son pays au sein du Ministère des Eaux et Forêts dont sept (07) années comme Directeur Général des Eaux et Forêts, puis des Forêts et de la Faune. Fonction qui recouvre la Chefferie de Corps des Agents techniques des Eaux et Forêts. Le Lt/Colonel MAILLY née ZOUZOU devient ainsi la Première Femme en Côte d’Ivoire à occuper le poste de Directeur Général des Forêts et de la Faune. Elle assure du coup, la Chefferie de Corps des agents techniques des Eaux et Forêts. Rencontre avec le nouveau Directeur, chef, épouse et mère de famille.
Vous venez d’être nommée DG des Forêts et de la Faune, c’est une première dans ce corps de métier, comment comptez-vous relever ce défi ?
Permettez-moi tout d’abord de remercier, Son Excellence Monsieur le Président de la République ainsi que Monsieur le Ministre des Eaux et Forêts, pour la confiance placée en moi. Cette nomination traduit en actions et activités, la vision de Monsieur le Ministre des Eaux et Forêts pour la promotion du genre.
Votre cursus au Ministère ?
Entrée au Ministère des Eaux et Forêts depuis décembre 2002, j’ai eu l’insigne honneur d’y occuper différentes fonctions. Ainsi, de chargée d’étude, j’ai occupé successivement, les fonctions au niveau central de Sous-Directeur de la Faune et de la Chasse, puis de Directeur de la Faune et des Ressources Cynégétiques avant d’être nommée au niveau déconcentré, Directeur Régional des Eaux et Forêts de Bondoukou. J’étais Directeur Général Adjoint des Forêts et de la Faune jusqu’à ma nomination le 02 janvier 2019, comme Directeur Général des Forêts et de la Faune.
Première femme Chef de Corps et Directrice Général, pouvez- vous relever ce défi ? C’est un défi à relever vu les enjeux. Mais en réalité, je ne saurais relever toute seule, tous ces challenges. C’est ensemble, avec tous les agents que nous répondrons à l’appel de la nation en devenant l’armée « verte » que monsieur le ministre veut faire naitre pour sauver la forêt et la faune de notre pays.
Comment est née votre passion pour la nature ?
C’est l’histoire de ma vie car bien qu’ayant grandi en ville, notre résidence est entourée d’une forêt de tecks et qui finalement est devenue une forêt assez fermée. Cette forêt, avec un cours d’eau, avait développé également une forêt galerie où je passais tous mes moments de détente, d’enfant, puis d’adolescente. Mes parents et leurs amis, nos voisins, y organisaient des campings jusque tard la nuit. Je ne m’y suis jamais ennuyée ; au contraire. Mon père nous accompagnait régulièrement au Zoo Municipal de Bouaké où je pouvais observer les animaux sauvages. La formation d’ingénieur, n’a fait que me confirmer toute l’importance et la valeur de la nature pour l’humanité. Autant vous dire qu’aucun de mes proches parents n’a été surpris de mon diplôme ingénieur des Eaux et Forêts.
Est-il aisé de concilier le travail et la vie de famille ?
Tout est une question d’organisation et pour ma part, je bénéficie du soutien et de l’appui de toute la famille avec Monsieur MAILLY et nos enfants. Certes, je travaille, mais je sais donner de mon temps à ma famille, m’occuper des moindres détails des besoins de mes bienaimés qui font de même pour moi. Cette complicité facilite tout le reste.
Comment se passe votre collaboration avec les hommes dans cet environnement purement masculin ?
Je peux vous affirmer que l’environnement n’est pas purement masculin. Les femmes ont leur place au sein des Eaux et Forêts. Je salue au passage toutes les pionnières dont l’exemple encourage à poursuivre et à ne pas s’arrêter dans le choix de ce métier. Je salue également les hommes qui nous donnent notre place à leurs côtés lorsque nous le méritons et nous nous complétons dans l’accomplissement de nos tâches. En réalité, ce métier n’est ni masculin, ni féminin. Il est ouvert à ceux qui souhaitent contribuer à la gestion durable de nos ressources naturelles.
Et s’il fallait recommencer ?
Je recommencerai sans hésiter. Mes erreurs ou insuffisances m’ont permis de garder l’humilité qui sied, car personne n’est parfait et surtout, elles me permettent de tirer les leçons qu’il faut afin de m’améliorer.
Quels conseils pouvez-vous donner à vos cadettes qui veulent intégrer le corps ?
J’ai bénéficié de l’encadrement et des encouragements de mes ainées, de mes devancières. Leur exemple m’a fortement marquée. En réalité, il m’a fallu vaincre les a priori, les préjugés sur la capacité des femmes à être ingénieurs des Eaux et Forêts, à être agent technique des Eaux et Forêts. Que nos cadettes n’hésitent plus. Si elles ont à cœur, d’embrasser ce corps de métier et qu’elles se savent courageuses, qu’elles viennent rejoindre la grande famille des eaux et forets. nous avons une mission ô combien exaltante a remplir – mettons-nous a la tache !
« Ma première expérience m’a motivée à sauver les animaux.
Nous étions en 2004, et j’étais Sous-Directeur de la Faune et de la Chasse. Nous avions été avertis d’une tentative de vente (frauduleuse) d’une tortue Luth – tortue marine géante pouvant peser plusieurs centaines de kilogrammes- celle que nous avons pu reprendre aux mains des braconniers dépassait les 200 kilogrammes et elle portait encore en elle tous ses œufs qu’elle était venue pondre sur nos plages. Nous avons donc pu reprendre cette tortue et en nous y mettant à plusieurs, nous l’avons mise dans un véhicule en direction du Zoo National d’Abidjan où le Directeur d’alors du Zoo nous avait provisoirement mis à disposition l’un de ces étangs et je suis descendue avec la tortue pour l’immerger afin de la maintenir hydratée. Pendant tout ce temps, je lui parlais, je la rassurais ; lui affirmant que nous allions lui permettre de retrouver un milieu où elle pourrait pondre ses œufs. Je priais pour la survie de l’animal. Pendant ce temps le Directeur de la Faune et des Ressources Cynégétiques d’alors, le Colonel KOUAME AMANI Denis, s’attelait à recourir aux sapeurs-pompiers militaires et à toute bonne volonté afin que nous puissions transporter la tortue dans un endroit adéquat car l lui fallait de l’eau salée et non de l’eau douce ou saumâtre. Après plusieurs sollicitations, le Directeur a pu faire transférer la tortue dans un endroit sécurisé. Cette expérience m’a marquée et je n’ai eu de cesse, depuis ce jour de réfléchir à trouver des solutions pour une meilleure gestion de la faune et de ses habitats.«