Née à Sogan, un village de la région du Sud Comoé, en 1990, Yvette fut ses premiers pas à l’école primaire dudit village nommé EPP Sogan 1. Issue d’une famille de neuf enfants, et la deuxième fille de ses parents. Celle-ci fit son premier cycle au lycée moderne d’Aboisso après l’école primaire.
En 2009, après l’obtention du BEPC (Brevet d’Etude du Premier Cycle), elle contracta une grossesse. Son copain, était un élève en classe de 2nd. N’ayant pas les moyens pour s’occuper d’elle. Cependant le jeune homme en question ayant toujours des difficultés (financières car abandonné par son père depuis le bas-âge), allait chercher des contrats ‘’gombos’’ durant les weekends pour pouvoir payer ses cours, abandonna également les études. Evidemment après le coup, il resta chez lui sans bouger le petit doigt.
Ce qui amena Yvette à arrêter ses études et se retrouva au village pour s’occuper de sa grossesse. Cette nouvelle bouleversa toute la famille, surtout son père. Il fut furieux, attristé, car il voyait qu’il avait dépensé durant toutes ces années pour rien. Surtout qu’il voulait que sa fille ait au moins le BAC (Baccalauréat) et qu’elle puisse passer un concours et avoir son travail. Cependant Il garda son calme et dit simplement : «yvette, si tu es enceinte tu vas tout simplement rester au village ici et t’occuper de ta grossesse. C’est ton travail que tu as eu comme ça ».
Car il disait tout le temps que: ‘’je vous préviens, si vous contractez une grossesse c’est que vous avez déjà eu votre diplôme. C’est votre travail en même temps. Parce que je ne peux pas m’occuper de mon enfant et de mon petit-fils.’’
Une des sœurs de son père vint un matin après avoir appris la nouvelle, lui demanda de chasser Yvette de chez lui parce qu’elle a contracté une grossesse. Mais son père lui répondit: « on ne jette pas sa machette au champ quand celle-ci nous blesse ». Et puis « les dents et la langue se battent toujours mais sont toujours ensemble».
Ironie du sort: quelques années plus tard, la fille de sa tante contracta à son tour une grossesse en classe de 6e.
D’autres personnes aussi : ‘’convoque-le à la justice pour qu’il sache qu’on n’enceinte pas une élève comme ça’’. Mais lui ne voulait pas blâmer le jeune homme qui avait engrossé sa fille. Car se disant qu’il avait aussi des fils et qu’il ne savait pas ce que ceux-ci allaient faire à leur tour, aux filles des autres.
Trois mois après son accouchement, alors qu’un matin sa mère allait en voyage pour les funérailles d’un membre de sa famille, elle lui remit une somme de 2500f pour son petit déjeuner. Yvette se leva le lendemain, mit 500f CFA de côté et pris les 2000f cfa pour acheter de la banane plantain pour les revendre à 200f CFA le tas, soit 1000f de bénéfice à chaque vente. Ces bénéfices lui permettaient de subvenir au besoin de son enfant.
Quelques mois plus tard yvette eut un travail en tant que contrôleur de cacao dans une coopérative de la place. On emmenait même son enfant au magasin de cacao quand il pleurait pour qu’elle l’allaite. Parallèlement les jours de marché elle allait vendre les bananes.
Un jour dans sa colère, yvette décida d’envoyer son enfant à son père qui avait coupé les ponts avec elle depuis. Mais avec les conseils de sa mère, elle garda son enfant et continua à se battre pour subvenir à ses besoins.
Quelques années plus tard, elle eut un autre travail dans un point de vente orange money. Celui-ci lui permit d’épargner 20.000f chaque fin de mois et elle put scolariser son enfant. Aujourd’hui son enfant fait la classe de CM1.
Très généreuse, elle a pu payer l’inscription de la deuxième année de BTS (Brevet de Technicien Supérieur) pour sa petite sœur. Elle a même acheté une machine à coudre pour sa demi-sœur. Très gentille de nature, elle soutient ses frères et sœurs chaque fois qu’elle peut.
Aujourd’hui elle détient un magasin de vente de portable. Très respectueuse de son papa elle a aussi construit une maison de 4 pièces en son nom.
Aujourd’hui, Yvette participe aux dépenses de la famille, soutiens la famille dans les moments difficiles tout en restant dans l’ombre.
Toujours dans la recherche de la ‘’barakat’’ de son père, quand elle offre des choses, elle dit que c’est son papa qui offre. Elle veut rester dans l’ombre.
Comme toute bonne fille, elle fait des cadeaux à son père, et sa mère, surtout des surprises quand elle peut et elle fuit les remerciements.
Juste vous amener mes sœurs à être forte et à toujours vous battre face aux coups que la vie vous infligera.
Merci et à la prochaine.
Stella Bomo