Son militantisme farouche en faveur d’Israël et de son colonialisme forcené contraste non seulement avec sa bonhomie de façade, mais il crée aussi une dissonance grinçante avec ses hymnes sucrés à la paix dans le monde. Enrico Macias, le troubadour venu « de là-bas », ne fait plus illusion depuis longtemps, notamment de l’autre côté de la Méditerranée…
Le « mendiant de l’amour » pourra toujours entonner sa complainte de l’artiste mal-aimé par un Maghreb auquel il se dit très attaché (mais moins qu’à l’ultrasionisme de Netanyahou !) et quémander l’indulgence en l’occurrence du Maroc, où sa présence sur scène, le 14 février prochain, a déclenché une salve non pas d’applaudissements mais de critiques.
Ses mélodies doucereuses ne parviendront pas à couvrir la clameur de colère qui est montée des rangs de plusieurs collectifs marocains, hostiles à toute normalisation de l’image et des relations avec l’Etat d’apartheid israélien, et ce, quels que soient les masques trompeurs qu’elle porte ou les chevaux de Troie dans lesquels elle se glisse.
Le Mégarama de Casablanca résonnera-t-il des odes à la fraternité, faussement bienveillantes, d’Enrico Macias ?
Pour le Moroccan academic and cultural boycott of Israël (MACBI), membre du mouvement BDS (Boycott, Désinvestissement, Sanctions), c’est une perspective insupportable : « Sa présence sur scène au Mégarama est une honte et une insulte au public casablancais ! », se sont récemment insurgés ses responsables via un communiqué publié sur Facebook, tout en appelant leurs concitoyens à boycotter son concert.
Le MACBI souligne qu’Enrico Macias « est un défenseur inconditionnel de l’occupation de la Palestine et tout particulièrement de son armée ». En témoigne son engagement auprès d’« une association (Migdal) qui soutient les soldats de l’unité chargée de la surveillance des frontières (Magav), connue pour ses crimes de guerre contre la population civile » palestinienne.
Derrière le « messager de la paix » se cache l’un des plus sournois thuriféraires de la politique coloniale d’Israël qui, une fois que le masque est tombé, chante les louanges de « la seule démocratie du Proche-Orient et de Tsahal » avec une ferveur qu’on ne lui connaît pas sur d’autres scènes, là où il a trompé son monde…