Méïté Bouaké (DG de la Sotra)   : « la sotra est un élément régulateur de la vie ,tant que la sotra marche, tout marche. »

Méïté Bouaké, le directeur général de la Société de transport abidjanais (Sotra) était l’invité du magazine de 13 heures du journal de la RTI du 27 décembre 2020. Il a expliqué les défis que compte relever l’entreprise pour les Ivoiriens.

La Sotra face au défi de la mobilité urbaine. Qu’est-ce que cela vous inspire ?

La mobilité urbaine est un élément important pour le gouvernement ivoirien. A ce titre, il est initié plusieurs projets structurants. D’abord le renforcement de la capacité de la Sotra, le projet de métro, le projet de Brt et aussi le développement du transport lagunaire. Tout ceci pour améliorer la mobilité de la population abidjanaise. Dans ce contexte, la Sotra est acteur majeur. Disons que toute cette organisation à la date d’aujourd’hui, se fait autour de la Sotra ; La Sotra sera un élément important dans ce système de transport urbain à Abidjan.

Où en est-on avec le projet de renforcement du parc automobile de la Sotra entamé depuis 2017 ?

Depuis 2017, le gouvernement par rapport à la vision du président de de la République, a engagé le renforcement de la capacité de la Sotra à raison de 500 autobus par an. En 2017, nous avons reçu 500 autobus, en 2018, nous avons reçu 500 autobus, en 2019, nous avons reçu 500 autobus. En 2020, il reste encore 200 autres autobus à acquérir. Parce qu’à cause de la covid-19, la situation n’a pas été rose pour les constructeurs. Nous avons pris un petit retard. Donc ceci va être résorbé, en 2021. Il faut ajouter à cela que le quatrième lot de 500 autobus, toutes les procédures administratives ont été réglées. Les contrats commerciaux ont été signés. Les accords financiers ont été signés. Donc très bientôt nous allons recevoir d’autres nouveaux autobus. Cela va porter le parc automobile de la Sotra à 2000 automobiles.

Comment la Sotra a-t-elle fait face à ta covid-19 ?

le gouvernement est engagé à mettre en place un système de transport de masse performant au bénéfice de la population abidjanaise. C’est dans ce cadre que la Sotra se situe aujourd’hui. Faire d’Abidjan une capitale émergente avec un système de transport public émergent Pour revenir à la question de covid-19, vous avez constaté qu’en début d’année 2020, nous avons été les premiers à prendre des mesures vigoureuses pour appliquer les mesures barrières édictées par le gouvernement. À savoir la désinfection des autobus, le port des masques obligatoire, la réduction du nombre de passagers par autobus, qui été acté par arrêté ministériel, où on nous demandait par ces textes d’avoir au maximum 45 passagers par autobus. Chose que nous avons appliquée jusqu’à la prise de nouveaux textes, ces dispositions sont toujours en vigueur. Aujourd’hui, nous continuons la distribution des masques dans les autobus. Si vous avez accès à nos installations que vous n’avez pas de masques, nous vous donnons des masques. Et vous recommandons une fois à l’intérieur des autobus de ne pas engager de conversation, d’éviter de se rapprocher, Tout ceci pour lutter contre la propagation de la ccvid-19.

Comment est-ce que les usagers ont réagi face à ces nouvelles mesures ? Est-ce qu’ils les ont aussitôt adoptées ?

Vous savez, la crise sanitaire, c’est une question de survie. Toutes les personnes en vie ne veulent pas mourir toute de suite. Nous les avons sensibilisées pour dire que cela n’arrivait pas qu’aux autres, Il faudrait mettre en pratique les mesures édictées par le Conseil national de la sécurité. A savoir, respecter les mesures barrières, éviter que ce virus se propage à l’intérieur de la Côte d’ivoire. Vous avez vu qu’à un moment donné au niveau national, Abidjan a même été isolée de l’intérieur. Nous avons sensibilisé les clients, ils ont compris. Ils ont accepté de se plier aux mesures barrières qui ont été édictées par le Conseil national de sécurité et appliquées par la Sotra.

Des bus de la Sotra sont parfois pris à partie par des manifestants, notamment lors des dernières élections présidentielles. Aujourd’hui, quel bilan pouvez-vous dresser ?

Aux yeux de la population, c’est une réalité d’ailleurs, la Sotra est un élément régulateur de la vie dans la ville d’Abidjan. C’est- à-dire que tant que la Sotra marche, tout marche. Et une fois que les autobus de la Sotra sont arrêtés, même ceux qui ont leur véhicule pour se rendre au travail, refusent d’aller au travail. Ils se disent qu’il y a quelque chose qui ne marche pas parce que les autobus de la Sotra ne circulent pas. Partant de ce fait, toutes les manifestations, toutes les grèves, ou toutes les intentions de manifester contre le gouvernement, il faut s’attaquer à la Sotra pour dire que leur mot d’ordre a été respecté, parce que la ville d’Abidjan a été bloquée. Chose que nous ne voulons pas parce que notre mission est de desservir la ville d’Abidjan, assurer la mobilité des populations quel que soient les circonstances.

Qu’est-ce qu’il faut pour prévenir des saccages de bus de la Sotra ?

Nous prenons des dispositions. Nous passons par la sensibilisation d’abord des populations par des messages. Nous leur disons qu’il était quand même révoltant de constater, lorsqu’il y a des mouvements, qu’on s’attaque aux autobus. Ce sont des actes révoltants qui sont incompréhensibles, qui sont absurdes. Nous expliquons aux populations, que l ’outil Sotra, c’est leur outil. Quel que soit votre religion, votre appartenance politique, quand le bus arrive, il ne demande pas votre appartenance avant que vous n’y prenez place.

Est-ce qu’on peut avoir un bilan de ces actes de vandalisme ?

Le bilan de cette année, surtout à l’approche des élections présidentielles, c’est 58 autobus. Avec un bilan financier de plus de deux milliards FCFA. Quand on voit les sacrifices qui ont été consentis far le gouvernement pour doter Abidjan d’un transport moderne de masse, alors nous sommes révoltés en voyant ce genre d’acte. Aujourd’hui nous prenons des dispositions pour que cela ne se reproduise pas. Nous avons créé un cadre avec les mairies, les jeunes dans les différentes communes pour anticiper ce genre de vandalisme.

De grands projets (Métros, Brt) sont annoncés pour améliorer la mobilité urbaine. Quelle sera la place de la Sotra parmi toutes ces innovations annoncées ?

Vous avez annoncé de grands projets, Parce que te Brt, le métro et la Sotra, c’est pour créer un système de transport urbain multimodal intégré. C’est un système au sein duquel la Sotra aura une place prépondérante, parce que vous n’imaginez pas que ce soit le Brt ou le métro, il faut éviter qu’il y ait conflit d’intérêt. Donc certainement la part de l’Etat dans tous ces – projets sera portée par la Sotra, faisant de la Sotra, acteur du métro, acteur du Brt. Donc la Sotra dans sa version actuelle va restructurer son réseau pour faire en sorte que tes passagers soient rabattus sur ces actes lourds Nord-Sud pour le métro et Est- Ouest pour le Brt.

 

Comment fa Sotra fait-elle face aujourd’hui à la forte concurrence sur le terrain ?

Vous parlez de concurrence certainement sur le bateau bus sur la lagune. Aujourd’hui, nous ne pouvons pas parler de concurrence en tant que tel. Nous pouvons parier de complémentarité. Parce que malgré la présence des autres opérateurs privés sur la lagune, l’offre est en deçà des besoins. Le grand Abidjan s’étend aujourd’hui jusqu’à Songon où il y a lagune, à Abatta où il y a la lagune et même à Bingerville. Mais avant cela, le transport lagunaire se limitait entre Blaukauss, Treichville et Abobodoumé. Maintenant ça va au-delà. Le Grand Abidjan est baigné par un plan d’eau lagunaire qui doit être desservi. Ce n’est pas le cas encore. Donc nous disons que c’est une complémentarité. Il faudrait ‘peut- être même plus développer le transport lagunaire pour être à la hauteur -de l’attente des. Populations

 

En termes d’employabilité, que représente la Sotra aujourd’hui pour la jeunesse ?

La Sotra est une entreprise qui emploie de nombreuses personnes, je vais vous donner un ratio, A la Sotra, nous retenons un ratio homme-véhicule de 5. C’est-à-dire qu’un autobus emploi 5 agents. Si vous avez 2000 autobus, cela fait 10.000 agents. Donc il y a un potentiel aujourd’hui avec la livraison de l’ensemble de nos véhicules, il y a un potentiel d’emploi qui est créé En plus de cela, il faudrait dire qu’au niveau de la Sotra nous ouvrons nos portes aux étudiants qui viennent valider leur diplôme. Avant la covid-19, c’était près de 1500 étudiants qui venaient valider leurs diplômes au cours de stages entreprises. Nous sommes en contact avec le ministre de la Jeunesse et de la promotion de l’emploi jeune qui sait qu’au niveau de la Sotra, nous faisons beaucoup pour la jeunesse au niveau du Pejedec.

Comment voyez-vous fa Sotra de demain ?

Les perspectives de la Sotra, c’est d’être un acteur majeur de ce système de transport multimodal intégré dont je vous ai parlé tantôt Ensuite nous allons procéder à lin- novation, C’est-à-dire digitaliser notre exploitation en passant par la mise en service de système d’exploitation et l’information voyageur, avec l’introduction de système digital qui permettront aux clients de savoir à quel moment leur autobus arrive à l’arrêt. Et d’avoir des portefeuilles électroniques, de les dispenser de problèmes de monnaies et de valider leurs cartes. Celles-ci seront des actions innovantes pour l’exploitation de la Sotra.

Quel message de fin ?

Je voudrais dire merci au gouvernement et surtout au président de la République qui soutiennent l’action de la Sotra pour l’amélioration des conditions de mobilité des populations et surtout des élèves. Parce que figurez-vous lorsque les autobus ne sont pas en circulation, les parents d’élèves sont obligés de dépenser 2000 FCFA minimum par élève par jour. Et lorsque la Sotra marche, c’est 3.000 FCFA par mois. Donc ceci contribue à soulager les parents d’élèves. C’est pourquoi je voudrais demander aux parents d’élèves de s’adresser à leurs enfants de ne pas s’attaquer aux autobus, de faire en sorte de protéger ces autobus qui sont à leur disposition. Je voudrais dire à nos clients que la covid-19 n’est pas terminée. De continuer à respecter les mesures barrières qui sont appliquées à la Sotra. Il faudrait qu’ils se plient aux exigences des agents de la Sotra qui les obligent à respecter les mesure barrières, à porter des masques à tout moment, en tout temps dans les gares et dans les autobus.

 

Interview transcrite par Aboubakar Sangaré sur RTI1

 Le Matin ,29 décembre 2020

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