Choquée par les enfants arrachés à leurs parents à la frontière, la First Lady est sortie de son silence. A la stupeur générale.
Son allure est guerrière. Dans le passage qui longe la roseraie de la Maison-Blanche, suivie de deux collaborateurs, Melania Trump se dirige vers le bureau Ovale où elle ne met d’habitude jamais les pieds. Dehors, il fait 28 °C. Elle porte pourtant une veste kaki à 39 dollars avec l’inscription : « I Really Don’t Care. Do U ? » (« Je m’en fiche complètement, et vous ? »). Depuis, le débat fait rage en Amérique où, quels que soient les démentis officiels, on s’accorde à penser que ce choix vestimentaire ne doit rien au hasard. « Elle a lancé un signal à son mari », analyse, à tort ou à raison, Dana Bash, l’une des stars de CNN, qui n’est pas du genre à spéculer sur des rumeurs. Un proche du couple me confie : « Seule certitude, Melania n’est pas contente. »
En effet ! Car elle vient de loin, Melania. Et pas seulement parce qu’elle est née il y a quarante-huit ans en Slovénie… « Elle n’avait jamais imaginé ni souhaité devenir la First Lady de la première puissance mondiale, car elle n’aime pas la lumière », m’assure le photographe Antoine Verglas qui, autrefois, a beaucoup travaillé avec elle. Il se souvient d’une fille « superbe, bien élevée, très gentille avec le staff, mais timide ». Son destin bascule quand son agent, Paolo Zampolli, qui l’a fait venir à New York pour lancer sa carrière de mannequin, organise la soirée de Noël 1998 où il lui présente Trump, qui flashe sur elle. Au début, poursuit Antoine Verglas, elle pense qu’il n’est « pas sérieux ». Mais, finalement, elle va « se laisser prendre au jeu ». Quand Matthew Atanian, son colocataire dans une tour d’Union Square à Manhattan, se moque d’elle (« Tu as sans doute craqué pour les ondulations de sa chevelure ! »), elle ne plaisante pas. « C’est un vrai mec », lui répond-elle.
Elle est nue quand elle donne sa première interview, au téléphone, le 9 novembre 1999, Donald à ses côtés. C’est lui qui l’a mise en contact avec Howard Stern, l’animateur le plus trash des Etats-Unis, un de ses amis. La conversation roule sur la fréquence des rapports amoureux entre Donald et Melania : « Une fois par jour, voire plus », révèle-t-elle. Trump est alors – déjà – en campagne pour la présidentielle, mais sans vraiment y croire. « Elle a le potentiel d’une future première dame », pronostique-t-il. Avec clairvoyance…
A l’époque, Melania est la femme qui dit toujours oui. Un habitué de Mar-a-Lago, le club privé de Trump à Palm Beach, en Floride, se souvient : « Je voyais souvent Donald dîner avec son ami Richard LeFrak, un autre promoteur immobilier. C’était simple : les maris parlaient, les épouses écoutaient. Sans lâcher un mot de la soirée. » Selon ce témoin, Melania a une grande « qualité » : « Née dans un environnement communiste, elle est disciplinée… » Et, en plus, son extraordinaire beauté fait honneur à son mari…
Après des noces somptueuses en 2005, suivies un an plus tard de la naissance de Barron, leur fils, aujourd’hui âgé de 12 ans, Melania mène une vie insouciante de femme de milliardaire. C’est pourquoi, selon le récit de Michael Wolff, l’auteur du best-seller « Le feu et la fureur », elle est en pleurs le soir de l’élection. Et « ce n’étaient pas des larmes de joie », écrit-il…
Sa vie de First Lady commence mal. Le jour de l’investiture, elle arrive à la Maison-Blanche avec un cadeau pour Michelle Obama, qui ne sait pas quoi en faire car cette gentille attention n’est pas prévue par le protocole. Malaise… Donald la laisse se débrouiller seule. Elle encaisse et sait tenir son rôle. « Une pro, confie un de ses proches, qui a l’habitude d’avoir un emploi du temps minuté. Avec elle, on ne perd pas de temps. » Hervé Pierre, son styliste, qui choisit ses tenues (« sauf la veste Zara »), m’a confié : « Quand je l’ai retrouvée à la Maison-Blanche à la fin de l’investiture, je pensais qu’elle serait épuisée. [Elle venait de passer la journée debout sur ses hauts talons.] Mais elle était toute pimpante, j’étais soufflé… »
En vingt-quatre heures, elle a fait reculer le président
Melania l’a dit un jour : « J’ai la peau dure. » Elle le prouve en affichant son indépendance. Elle fait chambre à part. Et même, pendant les six premiers mois, résidence à part : elle reste à New York pour permettre à son fils de terminer son année scolaire, laissant Ivanka, la fille chérie du président, jouer les premières dames à sa place. Il y a déjà dans l’air quelque chose du « Je m’en fiche complètement, et vous ? ». Et quand elle arrive à la Maison-Blanche, c’est pour mieux disparaître. Certains proches l’entendent même parler slovène avec Barron, sa priorité absolue. Elle l’a élevé sans baby-sitter, avec la seule aide de ses parents, Viktor et Amalija, qui se sont installés à Washington pour être plus proches d’elle.
La politique semble l’indifférer. Le seul (petit) rôle qu’elle a eu au niveau diplomatique, c’était pendant la visite au Vatican de mai 2017. Catholique, elle arrive à dérider le Pape, peu enthousiaste à l’idée de serrer la main de ce président qu’il n’aime pas. En septembre, elle effectue son premier voyage solo à Toronto, aux Invictus Games, la compétition pour vétérans blessés organisée par le prince Harry, qu’elle rencontre.
Tout change en janvier quand le « Wall Street Journal » révèle que Trump aurait acheté, pour 130 000 dollars, le silence d’une actrice porno, Stormy Daniels, avec laquelle il aurait passé une nuit quelques mois après la naissance de Barron. Melania aurait pu reléguer l’information au rayon des « fake news », comme son mari sait si bien le faire. Mais non. Elle manifeste publiquement sa colère. Et refuse de monter dans la voiture qui le mène au Congrès. Donald Trump doit se rendre seul à son discours annuel sur l’état de l’Union. Elle est pourtant dans l’enceinte, où elle lui vole la vedette en apparaissant, somptueuse, dans un tailleur pantalon Christian Dior couleur crème. Deux semaines plus tard, elle ne fait rien pour le défendre quand l’ex-playmate Karen McDougal, une autre « conquête », s’épanche en racontant leur relation en 2006-2007. C’est alors que sa courbe de popularité commence à décoller : de 36 % en janvier 2017, elle a franchi la barre des 50 % en mai dernier (sondage CNN). A l’ère « MeToo », Melania a choisi de ne pas faire semblant et ça plaît.
Désormais, la première dame, c’est elle. « Il était temps que ça cesse, ce n’était pas sain », nous confie un de ses proches. Elle est trop différente de sa belle-fille pour en être proche. Melania prend toute la lumière. Comme Jackie Kennedy, elle devient une « fashion icon ». Pendant la visite d’Etat d’Emmanuel Macron, elle porte un chapeau qui fait sensation… et empêche Trump de l’embrasser. Pour imiter le président français, qui multiplie les gestes de complicité avec Brigitte, il cherche à lui prendre la main. Elle refuse de la lui donner…
En mai dernier, Melania présentait son projet phare, « Be Best » (« Sois le meilleur »), sur lequel elle compte pour laisser une trace dans l’Histoire : chaque première dame doit se trouver un rôle. Pour Michelle Obama, la lutte contre l’obésité. Pour Melania, la lutte contre le harcèlement en ligne, la drogue et le suicide des jeunes. Sur les chaînes d’info, son discours est diffusé en direct. « Je la sentais rayonnante, presque libérée », observe son ex-agent Paolo Zampolli, dont elle est restée proche.
Aux Etats-Unis, tout est affaire d’argent et Donald Trump est prévoyant
Elle a toutes les raisons d’être concernée par la politique de « tolérance zéro » contre les immigrés illégaux, qui implique leur séparation d’avec leurs enfants… « Je déteste cette situation », lance-t-elle dans un communiqué. Elle-même immigrée, elle s’est adressée à Michael Wildes, avocat spécialiste du droit des étrangers (son cabinet aida autrefois John Lennon et Yoko Ono à éviter l’expulsion), pour permettre à ses parents et à sa sœur, Ines, d’obtenir la citoyenneté américaine. Et Donald Trump voudrait abroger la loi sur le regroupement familial ! « Ce sujet est cher à son cœur », me confirme l’avocat. Et tant pis si Michael Wildes est aussi un ex-supporteur de Hillary. Tant pis, surtout, si ce démocrate, actuellement candidat aux élections municipales à Englewood, petite ville du New Jersey dont il fut déjà maire entre 2004 et 2010, se dit « déçu » par Trump en matière d’immigration, et le répète haut et fort, « avec l’assentiment de Melania » qu’il « félicite d’être allée rendre visite aux enfants des réfugiés, à la frontière ». Melania n’avait pas demandé l’avis du président. Et il a finalement capitulé en signant le décret qui ne résout rien mais permet d’empêcher, au moins temporairement, les séparations familiales. Certes, le président continue de faire de l’immigration un thème de campagne majeur pour les législatives de novembre. Mais Melania a marqué le point. De là à penser qu’un autre bras de fer se prépare… Nombreux sont ceux qui le prédisent. Au point d’envisager une séparation ?
Aux Etats-Unis, tout est affaire d’argent et Donald Trump est prévoyant : après un premier divorce douloureux pour son portefeuille, il impose désormais à ses épouses un contrat qui prévoit des clauses draconiennes en matière de rupture. Marla Maples, sa femme numéro deux, en sait quelque chose… Seulement voilà, maintenant, il y a la Maison-Blanche. Et un nouveau divorce serait mal vu par son électorat chrétien évangélique. Alors, jusqu’où Melania est-elle prête à aller ? Est-elle du genre à remettre en question une vie de femme, blessée certes, mais aussi riche à milliards ? Dimanche soir, elle est réapparue, de nouveau par surprise, à une conférence d’étudiants pour faire la promotion de la « gentillesse », de la « compassion » et de la tolérance à l’égard des maris caractériels et infidèles ?
Source : http://www.parismatch.com/Actu/International/