Créatrice de mode et blogueuse, Mélanie Elturk est également avocate. Par son travail important pour normaliser le hijab, son entreprise, « Haute Hijab », s’est d’ores et déjà imposée comme un acteur incontournable de la mode aux États-Unis.
Tout commence à l’adolescence pour cette jeune femme de Détroit frustrée de ne pouvoir se vêtir convenablement et en phase avec sa pratique religieuse. «Quand j’étais ado, c’était vraiment difficile de trouver de jolis hijabs. J’ai passé la plus grande partie de ma jeunesse avec deux horribles hijabs qui me faisaient me sentir tout sauf belle. Les seules options disponibles dans le commerce étaient des foulards, mais ils étaient toujours trop épais, et jamais à la bonne taille ».
Le manque de foulards disponibles et l’absence de modèle pour les femmes musulmanes américaines ont poussé Mélanie à se lancer dans l’innovation et entrepreneuriat. « Il n’y avait pas d’options tendance à l’époque, et pas non plus de femmes voilées à qui les jeunes filles comme moi pouvaient s’identifier. Le problème, c’est qu’en réaction, de moins en moins de jeunes musulmanes choisissaient de porter le hijab. C’est ça qui m’a donné envie de fonder Haute Hijab en 2010 avec mon mari. » L’une des motivations de cette femme d’affaires était aussi de pouvoir combiner son hijab avec les canons vestimentaires américains.
«Nous sommes tous les deux des Américains de confession musulmane. Notre maison est ici, notre culture, notre futur, et c’était très important pour nous de pouvoir exprimer notre identité musulmane, mais aussi américaine », déclare-t-elle à Paris Match.
Des hijabs de luxe à 300 euros !
Au commencement, l’activité de Haute Hijab passait par la production maison de hijabs avec une diversité de textiles, de motifs et de couleurs. « Pour proposer la qualité dont on rêvait, c’était évident qu’il fallait qu’on fabrique nos foulards nous-mêmes. On a passé des mois à tester différents tissus pour en trouver qui soient à la fois précieux et résistants mais aussi légers pour permettre au cuir chevelu de respirer ».
Mais très vite, Mélanie souhaite viser la classe moyenne supérieure et se hisser dans l’univers de la haute couture américaine. Des parures hautement détaillées fabriquées en soie, tulle, dentelle, ou ornés de broches personnalisées à des prix de vente situés entre 250 à 300 euros sont proposés. Un succès qui déborde le cadre commercial, selon elle, et contribue à l’intégration sociale et économique des musulmanes voilées aux Etats-Unis.
« Nous sommes le pionnier de la mode du hijab aux États-Unis », a confié Mélanie Elturk à la revue Bustle. « Le terme hijab fashion n’existait pratiquement pas lorsque nous avons commencé en 2010, alors que les femmes du monde entier innovent dans ce domaine depuis des décennies – en particulier en Turquie, en Malaisie, en Afrique et au Moyen-Orient ».