Montée de l’islamophobie, où va la france ?

Le 28 octobre 2019, Claude Sinké, 84 ans, un ancien militaire et candidat malheureux du Front national (FN) en 2015 aux élections départementales des Landes, canton de Seignanx tire sur des fidèles musulmans devant la mosquée à Bayonne, en Pyrénées-Atlantiques. Lors de sa garde à vue, il reconnait être l’auteur des tirs, selon une source proche de l’enquête. Christophe Castaner, le ministre de l’Intérieur a adressé « sa solidarité et son soutien à la communauté musulmane ». Pour de nombreux observateurs, d’une part, le gouvernement français avec sa politique de détection des « signaux faibles » ; et, d’autre part, les médias qui plébiscitent les éditorialistes comme Éric Zemmour, ont une immense responsabilité dans le développement d’un racisme populaire. Pour ces observateurs, l’attitude du gouvernement et des médias alimente la croyance implicite que des gestes et des conduites de haine envers les musulmans seraient autorisés, avec le risque majeur en France de voir un attentat de l’extrême droite ou de déséquilibrés à la Christchurch. Déjà, en 2010, avec le vote de la loi contre la burqa, le Comité des droits de l’homme de l’ONU a pris position à l’encontre de cette loi qui pénalise la dissimulation du visage dans l’espace public. La jugeant comme une atteinte flagrante aux droits de l’homme. Sur la question du voile, le sociologue Didier Lapeyronnie y voit plutôt une marque de « la féminité et de la non-disponibilité des femmes musulmanes ». Il ajoute que « la France est un pays bizarre, où la religion n’est pas un droit de l’homme mais un problème ». Il ajouté : « La Révolution française était antireligieuse, c’est notre fond culturel. » Pourtant, ce fond culturel antireligieux n’explique pas tout. La vraie question est celle du devenir plus précisément de la pleine intégration des musulmans français de confession musulmane. En effet, ces musulmans français issus des vagues successives de l’immigration n’ont plus le complexe de leurs parents qui rasaient les murs. C’est le choc de cette réalité qui provoque cette vague islamophobe. Que faire ? Pour y faire face, il faut absolument une volonté politique décomplexée. Pourtant, c’est là où le bât blesse. Car, les partis politiques traditionnels n’osent pas assumer pleinement leur responsabilité. Et laissent le champ libre au parti Rassemblement National de Marine Lepen qui en a fait son véritable fonds de commerce politique. Devant cette hostilité, les musulmans de France ont le devoir de prendre en mains leur destin et donc d’avoir un sens de la responsabilité plus affirmée. Il leur appartient donc de résister, à l’instar des protestants et des juifs avant eux. Pour ce faire, il leur incombe de s’unir, de mener une réflexion stratégique et d’engager un combat citoyen pour leur intégration pleine et entière dans la république. On parlera alors de l’islam de France. Ainsi, la figure de la française voilée deviendra normale dans le paysage socio-culturel français. Cette victoire est à la portée des musulmans français. A condition qu’ils décident d’engager courageusement ce combat citoyen, avec les armes juridiques et politiques que leur offre la République. Qu’Allah aide les musulmans de france à relever ce défi. Amine !

Nurudine OYEWOLE Expert-Consultant en communication [email protected]