Ndambi Guebuza, fils aîné des quatre enfants de de l’ex-président mozambicain Armando Guebuza a été arrêté ce week-end à son domicile dans le cadre de l’enquête sur un réseau de corruption ayant profité de la « dette cachée » du Mozambique. Mais qu’est-ce que cette « dette cachée »?
Le nœud de l’affaire se trame au début de la décennie. Maputo contracte des prêts via des entreprises publiques pour plus de deux milliards de dollars. Une somme considérable si on la met en perspective avec le PIB du Mozambique. Il atteint à ce moment-là quelque 16 milliards de dollars. Des prêts dissimulés au Parlement et aux bailleurs de fonds internationaux.
Cet argent permet l’achat de navires, des thoniers, mais aussi des bateaux militaires, équipement en partie fabriqué en France.
Mais le secret n’est pas gardé bien longtemps. En 2016, cette « dette cachée » apparaît au grand jour et c’est l’économie du Mozambique qui prend l’eau. Le pays coule dans sa pire crise financière depuis son indépendance. La majorité des bailleurs de fonds gèlent leurs aides et Maputo doit interrompre le remboursement de ses créances. Aujourd’hui encore, le gouvernement cherche à les renégocier.
Des ONG refusent que l’Etat rembourse cette « dette cachée » d’autant que de nombreuses zones d’ombres demeurent sur l’utilisation de ces fonds. Selon un audit réalisé par un cabinet indépendant, la trace d’un quart de l’argent emprunté – 500 millions de dollars – a été perdue et les équipements achetés auraient été largement surfacturés, à hauteur de 700 millions de dollars. La justice américaine estime qu’au moins 200 millions de dollars ont servi à verser des pots-de-vin à des industriels, des banquiers et des responsables mozambicains.
Les Etats-Unis se saisissent de l’affaire
Parmi eux, Manuel Chang, l’ancien ministre des Finances, soupçonné d’avoir signé le contrat des emprunts, aurait à lui seul perçu 12 millions de dollars. Manuel Chang a été arrêté fin décembre en Afrique du Sud sur demande des Etats-Unis. Il est depuis incarcéré.
Trois ex-collaborateurs du Crédit suisse ont également été mis en examen à Londres en janvier, avant d’être libérés sous caution.
Autre suspect dans cette affaire : Jean Boustani a, lui, été arrêté à New York. Ce Libanais a travaillé en tant que négociant en chef de la Prinvinvest, un groupe de construction navale. Selon l’acte d’accusation de la justice américaine, les entreprises publiques impliquées dans ce dossier auraient été des façades pour que les cinq suspects puissent s’enrichir personnellement.
rfi