Le Premier ministre indien, Narendra Modi, s’est exprimé ce 14 septembre devant une congrégation musulmane de la ville d’Indore, dans le centre du pays, un fait exceptionnel pour cet élu du parti nationaliste hindou. Narendra Modi est accusé de mener depuis plus de 4 ans une politique violente envers cette minorité. Cette poignée de main semblerait destinée à offrir des gages à cet électorat à la veille des élections régionales et nationales à venir.
De notre correspondant en Inde, Sébastien Farcis
Le Premier ministre est arrivé, tout sourire, dans la mosquée d’Indore, et a embrassé pendant de longues minutes le dirigeant de la congrégation chiite des Bohras. Avant de prononcer un discours devant des dizaines de milliers de musulmans : « Je me sens comme un membre des bohras », a-t-il clamé. Une déclaration rarissime pour ce Premier ministre nationaliste hindou, accusé d’avoir toléré les pogroms anti-musulmans de 2002 et de réprimer cette communauté depuis 4 ans.
Mais ce geste serait avant tout politique, à la veille des élections de cet Etat du Madhya Pradesh, estime le politologue Tanveer Fazal de l’université Nehru à New Delhi. «Il fait peut-être un effort pour se rapprocher de la communauté, mais je peux vous dire que les musulmans en général ont peur. Et cela s’est accru sous ce gouvernement. Et ces peurs ne sont pas que psychologiques. Tous les deux jours, vous voyez dans le journal des cas de lynchages de musulmans. Et à chaque fois, un dirigeant du parti du BJP va justifier ce crime», considère-t-il.
Ces lynchages sont souvent menés contre des commerçants de viande, au nom de la protection des vaches. Et 80% des victimes sont des musulmans. Et il y a deux mois, un ministre du gouvernement de Narendra Modi a été féliciter 8 de ces hommes condamnés pour le meurtre d’un musulman et relâchés sous caution.
RFI