Agence Ecofin) – L’Etat nigérian utiliserait-il les fonds de la caisse noire à des fins de corruption ? A en croire Transparency International, la réponse à cette question serait « oui ».
Dans un rapport publié ce lundi, l’organisation spécialisée dans la lutte contre la corruption à travers le monde, a révélé que 670 millions $ étaient alloués chaque année à la caisse noire de l’Etat, et que l’utilisation de ces fonds servait généralement à alimenter un large réseau de corruption.
Selon le rapport, relayé par Reuters, les « Security votes » comme on les désigne, sont destinés à servir de ressources financières immédiates, en cas d’atteinte à la sécurité non seulement de l’Etat fédéral, mais également des états fédérés du pays, qui en sont les principaux bénéficiaires. Cependant, rappelle le document, la tendance depuis leur institution montre qu’ils sont détournés de leur but premier, soit pour renflouer les poches des autorités, soit pour servir à des activités politiques.
Les auteurs du rapport estiment que la difficulté d’enrayer ce phénomène vient du fait que les dépenses liées à cette caisse noire « ne font pas l’objet d’un contrôle législatif ou d’un audit indépendant, en raison de leur nature apparemment sensible ».
Depuis l’arrivée du président Muhammadu Buhari (photo) dont le mandat s’était inscrit sous le signe de l’éradication de la corruption, les dépenses liées à la caisse noire, au niveau fédéral, ont connu une nette progression, et plus particulièrement à l’approche des prochaines élections. Ainsi, l’utilisation des « security votes » au niveau de l’Etat nigérian aurait enregistré une croissance de 43% dans le budget 2018, par rapport à celui de 2017, d’après les chiffres de Transparency International.
Notons qu’aucun officiel du gouvernement nigérian ne s’est encore prononcé sur cette question.
Elu en 2015, Muhammadu Buhari qui est en fin de mandat avait déjà annoncé un peu plus tôt dans l’année qu’il se représenterait pour un nouveau mandat à la tête du pays. Avec un bilan social et sécuritaire loin des espérances que ses électeurs avaient fondées sur lui, cette nouvelle révélation devrait soulever des remous dans l’opinion publique du pays le plus peuplé d’Afrique.
Moutiou Adjibi Nourou