« Nous savons qui sont les instigateurs »

 

BAYALLA, le Maire de Taï :

« Nous savons qui sont les instigateurs »

Face à la polémique née suite à l’incendie qui a ravagé la sous-préfecture de Taï, le maire de la circonscription, Bayalla Kouyé Maya Hippolyte, dit sa part de vérité dans cette interview. Cet incendie, martèle-t-il est un acte criminel.

 

Le Patriote : Taï a été secouée par des violences suite à l’élection présidentielle du 31 octobre 2020. Les locaux de sa sous-préfecture ont été brûlés à cette occasion. Pouvons-nous en savoir un peu plus sur ce sinistre ?

Bayalla Kouyé Maya Hippolyte : Les faits se sont déroulés le 1er  novembre après l’élection présidentielle. Il faut dire l’élection a connu un engouement dans le département de Taï, les populations sont allées aux urnes, i1 y avait des rangs devant les bureaux de vote. Vers 9 heures, à Sacré., le village du délégué départemental Pdci, il y a eu un saccage. Des jeunes au nombre d’une dizaine ont fait irruption dans le lieu de vote et ont tout cassé. Partant de ces faits, la sous-préfecture de Taï était dans un état de psychose puisqu’ils ne se sont pas arrêtés à Sacré, ils ont évolué dans certains villages. Nous ne sommes pas restés inactifs. Nous nous sommes rendus sur les lieux. Nous avons constaté les faits. Et nous savions qui étaient les auteurs des casses. Nous les avons recherchés et mis la main sur 3 personnes qui, malheureusement, ont été relâchées par la gendarmerie. Voici comment les violences ont démarré à Taï.

LP ; Qui en sont les instigateurs

BKMH : Ce sont des violences commises par des jeunes instrumentalisés par l’opposition. Nous savons qui sont les instigateurs parce que nuitamment, c’est au domicile du délégué départemental du Pdci que se planifiaient ces actes. Nous savions que ces attaques allaient se produire mais nous ne savions pas qu’elles prendraient une telle ampleur. Vers 16 heures-17 heures, il y a eu l’accalmie malheureusement, les bureaux de vote étaient déserts. Et dans la soirée, des menaces provenaient de partout On a appris que la mairie serait incendiée, la gendarmerie attaquée, le siège de la CEI incendié, Donc nous avons commis des jeunes pour surveiller le siège de la CEI et des éléments pour surveiller les alentours de la mairie. Je pense que nous avons baissé les bras trop vite parce que le lendemain dimanche, on nous apprend l’incendie de la sous-préfecture située à l’entrée de Taï. C’est d’abord par tes archives que le feu est parti. On a vu des flammes gigantesques. Nous avons été surpris que ce soit par les archives que le feu soit parti. La violence des flammes montrait que ce n’était pas un court-circuit. Un court-circuit part des installations souvent mal faites où il y a des appareillages. Nous connaissons bien la sous-préfecture, nous connaissons où se trouvent les archives. Il n’y a pas des installations qui peuvent provoquer des incendies. L’enquête se poursuit. Nous serons situés bientôt. Mais à priori, nous avons constaté que c’était un acte criminel

LP Ce n’est pas l’avis d’un membre du conseil municipal qui soutient le contraire. Comment expliquez-vous cela ?

BKMH : C’est dommage que ce membre du conseil de ma municipalité s’adresse ainsi à la Côte d’ivoire. Et il minimise l’acte qui a été posé. C’est nous qui étions sur les lieux. Lui, il n’y était pas. Il fait partie des commanditaires des casses. Par ricochet, c’est possible que ces casses puissent entrainer cet incendie. Il ne peut pas être à mille lieues et juger. Il est loisible pour lui de soutenir que ce n’est pas l’œuvre de pyromanes. Le conseiller en question, monsieur Dramane Touré, était mon adversaire à la dernière élection municipale, donc quand il parle au nom de la population de Taï, cela me fait rire. La personne la mieux placée pour parler au nom des populations, c’est bien moi, le maire de Taï. Je me rappelle encore son score. Donc il est mal placé pour parler au nom des populations de Taï. La manière dont il banalise la souffrance des populations me laisse perplexe. Vous imaginez après cet incendie la souffrance des populations pour obtenir un extrait d’acte de naissance. Je me demande si ce dernier sait de quoi il parie, lui qui veut faire la morale aux gens.

LP : Quels sont les préjudices subis par les populations ?

BKMH : Après cet incendie, en l’état actuel des choses, les populations de Taï ne peuvent pas avoir un extrait d’acte de naissance. Parce que les documents sont retransmis au tribunal de Guiglo. Avant 2013, c’était à la justice de Man que les documents étaient retransmis. Aujourd’hui, n’ayant aucun registre à la sous-préfecture de Taï, seuls ceux qui ont un exemplaire de leur extrait peuvent se rendre à la justice de Guiglo, pour prendre une ordonnance chez le procureur ensuite se rendre chez le sous-préfet pour se faire établir un extrait. Ce qui n’est pas évident.

Donc actuellement, la priorité pour la sous-préfecture, c’est de reconstitue les registres. Les registres avant 2013 sont retransmis intégralement à Man. Pour les personnes à partir de 2013, elles peuvent se rendre à la justice de Guiglo. Là encore, cela va nécessiter des moyens humains et financiers. Nous avons travaillé dessus avec la sous-préfecture. Nous apporterons des moyens financiers pour aider à reconstituer les registres. Ce n’est pas aussi aisé comme tente de le faire croire Dramane Touré. Je suis surpris de ce qu’il avance comme argument. C’est mal connaître l’état civil.

LP : Vous parlez d’acte criminel. Pensez-vous que des populations de Taï peuvent, incendier la sous-préfecture ?

BKMH : Les responsables politiques qui lancent un mot d’ordre ne sont pas sur le terrain. Le plus souvent, il y a des effets collatéraux. Des mots d’ordre ont été lancés en Côte d’ivoire, Il y a eu des morts. Est-ce que vous pouviez imaginer que des Ivoiriens puissent tuer d’autres Ivoiriens ? Mais ç’a été fait. Nous ne disons pas que ce sont ceux qui ont lancé ces mots d’ordre qui l’ont fait. Mais ils assument l’entière responsabilité de ces crimes. C’est le cas à Taï. Ils ont lancé le mot d’ordre, il y a eu des saccages d’urnes, des menaces de brûler la mairie. Et voici qu’il y a eu l’incendie de la sous-préfecture. lis peuvent ne pas donner directement des instructions pour incendier la sous-préfecture, mais ça peut être l’œuvre d’une personne qui a échappé à leur contrôle. Mais ils doivent assumer l’entière responsabilité de cet incendie.

LP : Des personnes ont-elles été mises aux arrêts après l’incendie de la sous-préfecture ?

BKMH : Non, personne n’a été mis aux arrêts pour le moment dans cette affaire. L’incendie s’est produit nuitamment. Nous n’avons pas pu identifier les auteurs. Donc personne n’a été arrêté pour cet incendie. Mais pour ma part, je sais qu’il y a eu une arrestation. C’est le fils d’un élu de Taï qui était à la tête de ceux qui cassaient. (…) Aujourd’hui, le sénateur et moi sommes accusés d’avoir mis ce dernier aux arrêts. Mais nous ne sommes pour rien dans l’arrestation de son fils qui se trouve à la Maca pour certainement les casses commis.

LP : Comment faites-vous régner la paix et permettre aux populations de se parier à nouveau dans le département après ces heures chaudes constatées lors de l’élection présidentielle ?

BKMH : La première action était de réunir toute la jeunesse de Taï sans distinction de parti politique et d’ethnie pour appeler à l’apaisement. Il y a des jeunes qui ne s’adressaient même plus la parole. Il y avait un mur de méfiance entre nous puisque des jeunes venus de la commune me taxaient d’être plus proche des jeunes du Rhdp. Mais je crois que ce mur a été brisé et nous avons parlé franchement. Nous avons donc ramené le calme et ça s’est soldé par un repas familial. Après cela, nous nous sommes rendus à la préfecture où en présence du préfet et sénateur, nous avons entretenu les populations pour ramener la paix puisque la veille était très tendue.

LP : Quelle est la situation actuelle à Taï ?

BKMH : La situation est calme à Taï. Chaque jour, je suis en contact avec les jeunes puisque nous allons préparer les festivités de fin d’année. Nous allons organiser des arbres de noël pour les enfants. Tout va pour le mieux à Taï. (…) Taï est très reconnaissant au président de la République pour avoir fait de cette ville un département. Il y a 10 ans de cela, avant l’arrivée au pouvoir du président Alassane Ouattara, nous étions arrimés à la ville de Guiglo. Par le biais de la ministre Anne Ouloto nous avons soumis notre doléance. En 2013, Taï a été érigé en département. C’est la raison pour laquelle les populations sont sorties nombreuses pour le vote. L’électrification de Taï, on la doit également au président Ouattara. Il y a quelques années, c’était impensable. Il faut dire merci à la ministre Anne-Désirée Ouloto, présidente de région, qui a usé de toutes ses forces et ses relations pour que nous puissions bénéficier de l’électrification à Taï. Nous n’attendons que le raccordement au réseau national. Cela pourra se faire dans quelques mois. Le château d’eau de Zagné va être livré dans quelques mois.

LP : Les cadres du RHDP sont-ils proches des populations de Taï ?

BKMH : Anne Ouloto est la seule ministre, depuis que nous sommes région, à parcourir tes départements. Je ne sais même plus combien de fois Anne Ouloto a foulé le sol de Taï. Aucun ministre ne l’a fait. Il ne se passe pas de semestre sans qu’elle n’arrive à Taï. Anne Ouloto est la maman des populations du Cavally. Chaque année, elle envoie des cadeaux aux enfants, dans le cadre du noël. Cette année, elle s’apprête à le faire. Chaque fête des mères, Anne Ouloto pense également aux mamans de Taï.

                                                                                         interview réalisée par CS

 

 

PATRIOTE-N°6286 JEUDI 10 DECEMBRE 2020 PAGE 5