Nouvelle-Zélande: une petite fille de 4 ans, victime du massacre de Christchurch, sort du coma. Son père, gravement blessé, témoigne

A Auckland, sur son lit d’hôpital où il se remet lentement de sa grave blessure à la hanche, Wasseim Alsati se souvient avec émotion de la joie qu’il se faisait à l’idée d’emmener pour la première fois sa petite fille de 4 ans à la mosquée Al Noor, en ce vendredi 15 mars où leur vie, en une fraction de secondes, allait basculer dans le drame.

Un mois après que sa joie intense fut à jamais assombrie par l’horreur du massacre qui endeuilla l’enceinte sacrée dans laquelle il venait accomplir la Salat Al Jumu’a, ce coiffeur-barbier, originaire de Jordanie et installé à Christchurch, a accepté de faire le récit de cette journée tragique. Une journée où la barbarie à visage humain a fait couler le sang d’innocents, en plein recueillement.

C’est un rescapé, profondément meurtri dans sa chair et son âme, et un père ému aux larmes en apprenant que sa petite fille Alen Daraghmih, sur laquelle le terroriste sans pitié avait tiré, venait de sortir de son long coma, qui a évoqué le souvenir de l’indicible devant les médias néo-zélandais.

La petite Alen et son papa au temps des jours heureux

Wasseim Alsati frémit encore lorsqu’il se remémore l’irruption fracassante du tueur, ce monstre d’inhumanité néo-fasciste et islamophobe, dans le havre de paix inviolable qu’était sa mosquée. Il ne peut s’empêcher de songer avec effroi que s’il n’avait pas eu le réflexe salvateur de soulever sa fille, au moment où elle était à son tour mitraillée, elle ne serait plus de ce monde aujourd’hui.

« Ma fille Alen s’est réveillée il y a cinq jours. Elle a subi 8 interventions chirurgicales très délicates, car elle souffre de lésions cérébrales sévères », a déclaré Waseeim Alsati dans une vidéo postée sur Facebook, visiblement soulagé par son réveil, même si une ombre au tableau ternit déjà son bonheur.

En effet, pour l’heure, la petite fille a perdu l’usage de ses sens. « Elle ne nous reconnaît pas, elle ne peut pas nous voir, elle ne peut pas non plus nous entendre », a précisé son papa, la voix tremblante d’inquiétude. Celui-ci s’arme doublement de courage et de patience pour affronter sa propre convalescence, qui s’annonce longue, et le diagnostic des médecins concernant sa fille qui devrait s’affiner au cours des six prochains mois.

« Ça va être long pour moi avant d’être capable de marcher à nouveau, mais je remarcherai Inch’Allah », a-t-il ajouté, en refusant de se laisser abattre. Grâce à l’extraordinaire soutien de ses proches, de ses coreligionnaires et de ses concitoyens néo-zélandais dans la diversité de leurs composantes, Waseeim Alsati parvient à dépasser sa propre souffrance et à ne pas perdre espoir pour son enfant.

« C’est incroyable, les marques de sympathie, de réconfort, l’amour que j’ai reçus de personnes que je n’ai jamais rencontrées, à Auckland et à Christchurch. J’ai même reçu des cadeaux ! Nous retournerons à Christchurch dès que nous le pourrons, car c’est là que nous avons une maison et nous l’appelons la Nouvelle-Zélande », a-t-il clamé avec force.

« Toute la Nouvelle-Zélande a prié pour ma fille: musulmans, chrétiens, bouddhistes. Tout le monde. Je crois en Dieu. Je crois aux miracles. Je suis persuadé qu’elle ira mieux. Je vous aime tous et je vous respecte tous, merci beaucoup », a conclu Waseeim Alsati, l’espoir chevillé au corps et les larmes aux yeux.

La petite Alen entourée par les siens, après son réveil. Une page Givealittle a été créée pour aider financièrement sa famille.

Alité sur son lit d’hôpital, les premiers mots poignants de Wasseim Alsati. Sa fille était encore plongée dans le coma.

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