“Oui il faut être des gilets jaunes !” d’Elias d’Imzalène #Edito
Depuis une semaine, la France vit au rythme de la révolte populaire menée par les “gilets jaunes”.
Ce mouvement informel de blocage espère obtenir le recul du gouvernement sur la taxation excessive du petit peuple, notamment sur le coût augmenté de l’essence.
Chez bon nombre de personnes des villes ou des banlieues et des ghettos ethnico-confessionnels, bien que les revendications paraissent largement légitimes, c’est encore l’observation.
Mais il faut l’avouer, depuis la classe médiatique a fait son travail. Tout a été fait pour discréditer ce mouvement. Et le tout le monde et n’importe qui, qui fait n’importe quoi … n’a pas vraiment aidé.
Les premières images de violences gratuites, largement relayées, ont accentué cette impression de désorganisation généralisée. Les scènes d’agressions racistes ou islamophobes ont elles fini de convaincre certains d’entre nous que nous n’avions vraiment pas notre place dans cette révolte aussi légitime qu’elle soit …
Mais avant d’entrer dans le vif du sujet et du pourquoi nous nous devons de soutenir cette révolte, revenons sur cette mauvaise image du mouvement.
Tout d’abord, nous devrions être les premiers à nous méfier de la propagande médiatico-politique dont nous avons trop souvent été les premières victimes.
En effet, que ce soit pour les manifestations contre l’islamophobie à Argenteuil et Trappes, ou celles contre les violences policières pour Adama ou encore Théo à Bobigny, n’avons nous pas été nous mêmes présentés par les médias comme des méchants activistes ou des violents casseurs ?
Comment ne pas penser que ces mêmes procédés utilisés conte les minorités musulmanes ou visibles sont aujourd’hui utilisés par le système contre les gilets jaunes ?
Pour ce qui est de la présentation de ces gilets jaunes comme des partisans d’extrême droite, la ficelle est encore plus grosse.
Comment ne pas remarquer que la macronie a trouvé dans l’ex Front National un excellent sparring-partner ?
En effet En Marche, faute de projet populaire, entend bien régner par la terreur. C’est “Soit nous, soit le péril de la menace “nationaliste” du Rassemblement National des Le Pen”.
Un jeu sournois dans lequel les médias et ce gouvernement favorisent l’accès à l’image de l’extrême droite en prétendant ensuite … la combattre. L’assurance, selon la team Macron, de gagner à chaque fois face à une Marine Le Pen dont les faiblesses réelles et l’incompétence chronique empêcheraient toute accession au pouvoir.
Ce procédé de rassemblement, forcé, pour “faire barrage” aux extrêmes a déjà fait plier les plus timides … le nouveau pouvoir des juges faisant le reste avec les plus têtus.
De plus, il nous faudra bien admettre qu’un grand nombre de français au delà de l’extrême droite, à droite comme à gauche, sont acquis aux thèses islamophobes et xénophobes. La propagande Zemmour a fait son chemin … Et ces gens participent comme les autres à ce mouvement d’indignation et non sans séquelles.
Mais s’ils semblent surreprésentés ce n’est pas tant par leur nombre mais bien par le jeu pervers des médias et des politiques et surtout, par l’abandon de la gauche de sa fonction première.
En effet, sans refaire ici l’argumentaire implacable d’un Michéa contre la gauche actuelle, force est de constater sa déconnexion totale avec les “classes d’en bas”, avec les “déclassés” et sa trahison avérée de sa fonction première de défenderesse des pauvres.
Les masses ont bien compris que les gauches post-modernes, en bons réformistes, n’entendaient plus s’opposer qu’en marge au “capitalisme financier”. Elles accompagneront bon gré mal gré ce libéralisme sans sens, si ce n’est celui du profit, dans sa marche vers le “meilleur des mondes” annoncé déjà par un certain Aldous Huxley.
Pour conclure sur les récupérations politiques de ce mouvement populaire, rappelons nous simplement l’histoire.
C’est bien le prix de la miche de pain qui a été la source des révoltes des masses de fin du 19ème siècle. Mais ce sont les Varlin, les Vallès ou les Louise Michèle qui en feront des mouvements de contestation du pouvoir bourgeois de Versailles et cela, de la Commune de Paris jusqu’au … boulangisme. Une révolte n’est en effet que ce qu’en font ses acteurs.
C’est précisément pour toutes ces raisons que nous nous devons d’en être.
Ce mouvement n’appartient à personne. Nos populations ghettoïsées et marginalisées politiquement sont les premières victimes de cette volonté des élites de pérenniser la situation des classes déshéritées dans leur misère sociale et politique.
A ce titre nous sommes les plus légitimes pour porter dans cette révolte. Car cette relégation sociale nous n’avons pas attendu aujourd’hui pour la vivre dans notre chaire, nous sommes nés avec.
N’ayons donc plus peur d’incarner notre fonction d’avant garde que l’histoire nous impose.
Le socialisme a bel et bien renoncé définitivement à s’opposer à l’ascension de la vision libéraliste portée par l’Amérique et ses inféodés. Il nous appartient donc à nous muslim de réimpulser une contestation politique intégrale de l’américan way of life. Il nous faut faire mentir Fukayama et prouver au monde que l’histoire n’est pas encore finie …
Ce sont en effet les mêmes qui provoquent les famines et jettent des bombes là-bas, qui nous emprisonnent dans des ghettos ici.
En tant qu’enfants d’immigrés venus de pays du tiers monde, nous savonspertinemment que cette hausse des taxes ne correspond ni plus ni moins qu’à un racket d’instances politiques et financières afin d’assujettir les peuples à leur volonté hégémonique de domination.
Comme Aimé Césaire avait osé affirmer que le nazisme n’était juste que le colonialisme appliqué et étendu aux blancs, nous nous devons d’affirmer que ce projet de destruction de la classe moyenne en France via les taxes n’est que l’impérialisme appliqué et étendu aux populations européennes.
Pourquoi n’entendons nous pas évoquer chez les politiques français l’exemple des Sankara ou encore plus simplement d’un certain référendum islandais ?
A nous donc de donner un sens politique à cette révolte.
Le but n’est donc plus de contester simplement cette hausse des taxes mais bien ce système politique qui l’induit.
Si de l’analyse des conséquences de la mondialisation Gully n’a trouvé plus judicieux que d’opposer, non sans arrières pensées, la “France périphérique” blanches aux “banlieues” ethniques, à nous de démontrer que, comme en 1917, ces déshérités des villes peuvent constituer le fer de lance d’un mouvement d’opposition global à un système d’oppression inique.
Et pour qui douterait encore, qui de plus légitime que le muslim politique assumant sa fonction de réveil des masses et de refus de l’oppression comme avant garde de cette révolte ?
Ne possédons nous pas dans notre logiciel originelle même cette contestation de la société de consommation basée sur l’exploitation des masses par un système financier reposant sur … l’usure et la spéculation ?
Ce n’est donc pas pour contrer l’extrême droite ou encore pour nous ranger derrière d’autres que nous nous devons de soutenir ce mouvement. Mais c’est bien pour accomplir en plein jour les objectifs primordiaux de notre logos que nous devons nous lever pour la justice sociale et contre ce système oppressif.
Cette révolte sera ce que l’on en fera …
Alors oui il faut être des gilets jaunes !