LIGUE 1 – Le bon début de saison de Lille porte la marque de Christophe Galtier. L’entraîneur des Dogues, qui retrouve Saint-Etienne ce samedi, a su reconstruire le LOSC après le passage de Marcelo Bielsa. Petit à petit, il a imposé sa patte.
C’est la réussite d’une équipe. Mais aussi d’un homme. Celle de Christophe Galtier. L’excellent début de saison de Lille porte son sceau. Si le LOSC est actuellement deuxième de L1 après s’être sauvé in-extremis la saison passée, c’est bien parce qu’il a su rebooster ce groupe, insuffler à cette équipe ses valeurs et corriger les erreurs du passé. En effaçant notamment certains stigmates de la période Marcelo Bielsa, limogé après 13 matches.
Débarqué en décembre dernier dans le Nord, Christophe Galtier s’est employé au fil des mois à gommer l’expérience Bielsa à Lille. Dans le choix des hommes, le style de jeu, le management, l’ancien entraîneur de Saint-Etienne a passé un coup de balai. Plus ou moins subtilement. « Avant de sortir les médicaments, il a dû établir un diagnostic et analyser ce qui n’allait pas. Il a fini par écarter les problèmes et s’entourer des vraies compétences. C’était du travail invisible« , a expliqué cette semaine l’ancien président lillois, Michel Seydoux, dans Le Parisien. Pas si invisible que ça. Quand on se penche sur ce début de saison, on s’aperçoit qu’il ne reste ainsi plus grand-chose de l’héritage Bielsa.
Bien sûr, des joueurs recrutés l’été où Marcelo Bielsa a sévi dans le Nord de la France sont encore là. Certains sont mêmes cruciaux dans ce début d’exercice lillois, comme ThiagoMendes ou Nicolas Pépé. Mais sinon, il y a des symboles de cette évolution « made in Galtier« . Thiago Maia et Luiz Araujo par exemple. Les deux étaient les recrues les plus chères du technicien argentin ? Ils se contentent d’un rôle de remplaçant tout comme Edgar Ie. Ezequiel Ponce, prêté, est lui reparti. Autre exemple de la nouvelle donne imposée par Galtier en opposition à Bielsa ? Xeka.
« El Loco » ne comptait pas sur le milieu portugais et l’avait expédié à Dijon. Ce dernier est revenu cet été et est devenu un pion essentiel des Dogues au cœur du jeu. Enfin, Galtier a aussi su modifier certains détails qui n’en sont pas. Le plus brillant ? Remettre Nicolas Pépé à son poste préférentiel. Aligné en pointe par Bielsa, l’ancien joueur du SCO n’avait pas le même rendement. Replacé au poste d’ailier droit, il fait actuellement des malheurs. Si cela parait évident, ces adaptations sont loin d’être anodines au final.
Christophe Galtier lors du match opposant Lille à Metz, le 28 avril 2018Getty Images
» Il y a eu douze changements dans le vestiaire, c’est énorme »
Le dernier marché des transferts va dans le même sens. Grâce aux réseaux de son conseiller sportif portugais Luis Campos, le LOSC a réussi à corriger les failles entrevues la saison passée lors d’un mercato intelligemment géré. Alors que Bielsa n’avait pas voulu certains profils expérimentés que lui avait proposés Campos pour aider ce groupe jeune (ndlr : les noms de Mangala, Bony et Layun avaient circulé), Galtier a pris le contre-pied. Si des jeunes talents ont rejoint le Nord, José Fonte et dans une moindre mesure Loïc Rémy ont débarqué pour apporter leur vécu. Le LOSC en récolte les fruits dans ce début de saison. « Il y a eu douze changements dans le vestiaire, c’est énorme. Ce qui a changé, c’est ça », se félicite l’entraîneur lillois, qui refuse de parler « d’effet Galtier« .
Sans tout révolutionner, Christophe Galtier a pourtant bien tourné la page Bielsa sur le plan humain. A y regarder de plus près, il en a même fait de même avec le style de jeu. Esthète du jeu de possession, Bielsa devait incarner le fameux projet voulu par Gérard Lopez, le président lillois. Comme souvent tout au long de sa carrière, Galtier l’a joué plus pragmatique. « On a eu cette belle possession de balle pour les poètes, pour les artistes« , s’était-il agacé après la défaite à Troyes (1-0), le 20 janvier dernier. « Mais la possession de balle c’est du blabla. Il faudra des qualités de footballeur mais aussi des qualités d’homme et d’équipier« . Une sortie qui résume bien sa manière de faire la saison passée.
Christophe Galtier lors de la défaite de Lille face à Angers le 24 février 2018Getty Images
» Ma volonté était de trouver des éléments qui permettent une projection rapide vers l’avant »
Au final, il a sauvé le club comme il a pu. Comme on écoperait un bateau sur le point de couler : avec les moyens du bord. Mais cette saison, il a imposé sa vision. Avec une nouvelle charnière centrale José Fonte-Adama Soumaoro, il est parvenu à stabiliser sa défense. Surtout, il a fait le choix payant de la verticalité. « On a eu une approche différente du recrutement, explique-t-il en comparaison avec la saison passée. Ma volonté était de trouver des éléments qui permettent une projection rapide vers l’avant afin d’avoir un jeu plus intéressant que l’an dernier. » Rapides, techniques et redoutables devant le but, les Pépé, Bamba et autres Ikoné font ainsi des ravages dans les défenses de L1, aussi bien sur les phases de transition que les attaques placées.
Souvent considéré comme un entraîneur défensif, Galtier fait mentir ses détracteurs. Avec ce début de saison tonitruant, il rappelle qu’il sait surtout s’adapter en fonction des joueurs qu’il a sous la main. « Avec Saint-Étienne, sur les cinq premières saisons, c’est 8e attaque, 6e, 3e, 3e, 5e. Évidemment, on ne retient que ce qui s’est passé sur les deux dernières saisons, en jouant beaucoup, en ayant perdu nos meilleurs atouts offensifs« , s’était-il agacé au micro de RMC en janvier dernier. En clair, c’est un pragmatique. Tout simplement. Contrairement à un certain Bielsa, qui veut imposer sa vision du foot à ses équipes. Et aujourd’hui, Lille est ravi de ce pragmatisme.