« Le monde est chaud, le monde est chaud, le monde a chaud,… », ce refrain du titre phare du nouvel album de Tiken Djah Fakoly, célèbre reggaman ivoirien, interpelle plus d’un sur le dérèglement climatique actuel et ses effets pervers sur l’homme et son milieu. Cela est d’autant plus vrai qu’il n’est plus possible d’enseigner aux écoliers et élèves les quatre saisons traditionnelles de l’année, sans être remis en cause par la réalité des saisons pluvieuses impromptues, au grand dam des météorologues et enseignants. D’autres conséquences plus dramatiques apparaissent à travers les inondations meurtrières, l’avancée irréversible du désert, la canicule, les crises alimentaires, sanitaires et autres.
Le fleuve Niger au Mali, asséché par le réchauffement climatique
Dans l’espace CEDEAO par exemple, on note, entre autres, l’assèchement continu du fleuve Niger, la privation de l’accès à l’eau de certaines populations nigérianes, l’apparition de la dengue en Côte d’Ivoire, la recrudescence du paludisme. En réalité, nul ne devrait réfuter la réalité catastrophique du climat sur la terre des hommes. Aussi, des solutions adaptées et urgentes sont à rechercher partout et pour tous, notamment au niveau sous régional. Cependant, outre les climato-septiques comme Donald Trump, il existe sous nos tropiques, de nombreux climato-ignorants, climato-rebelles et climato-passifs à l’encontre desquels des actions d’envergure méritent d’être spécialement menées pour parvenir au résultat escompté de sauver le climat ouest-africain et partant celui du globe.
Combattre à fond la climato-ignorance
Les paysans ouest-africains continuent la pratique de l’agriculture sur brûlis
Dans notre sous-région, les populations rurales, en majorité analphabètes, ne sont pas conscientes des menaces actuelles sur le climat. Grave, elles ne se rendent pas compte de leurs responsabilités dans cette situation. Même si elles constatent certains changements dans les saisons et dans la pluviométrie, elles évoquent des raisons plutôt métaphysiques telles que la destinée ou la colère des dieux à titre de sanction contre d’éventuels actes immoraux. Fort de cette vision, elles se gardent de soupçonner les pratiques culturales dont les conséquences demeurent très dommageables pour le climat. A l’égard de ces climato-ignorants, il est impérieux de mener une sensibilisation de proximité avec l’appui des ONG et des cadres locaux. Ce processus sera doublé par une politique poussée d’alphabétisation et de scolarisation afin d’aider les populations cibles non seulement à comprendre la réalité des dangers sur le climat de leurs actions et comportements mais aussi et surtout à les outiller pour prendre les mesures correctives et préventives adéquates contre l’amplification du phénomène.
Mater sans pitié la climato-rébellion
Les climato-rebelles sont réfractaires à toutes les mesures édictées par les pouvoirs publics pour lutter contre les atteintes au climat. Beaucoup se soucient de la protection de leurs intérêts financiers certainement ou probablement mis en cause par les nouvelles dispositions juridiques.L’eau en sachet plastique commercialisée dans les rues d’Abidjan, en dépit de l’entrée en vigueur du décret d’interdiction
D’autres acceptent très mal les changements imposés dans leur mode de vie par ces nouveaux textes. Ils y voient même une atteinte à l’exercice de leurs libertés fondamentales de penser et d’agir. Certains nationalistes vont jusqu’à suspecter une soumission de la souveraineté nationale au profit des puissances économiques par l’entremise de dirigeants corrompus. Malheureusement, ces comportements de défiance demeurent beaucoup tolérés de sorte que certaines personnes pensent intimement à une connivence de leurs auteurs avec les pouvoirs publics. Il est donc urgent pour les autorités politiques et administratives de veiller, par tous les moyens juridiques et de manière ferme, à l’application des mesures instituées conformément aux engagements pris lors des assises internationales, notamment à l’occasion des COPE 21, 22, 23, 24. C’est un gage certain de correction et d’amélioration des attitudes à l’égard du climat qui devra coûte que coûte être sauvé pour les générations présentes et futures.
Encourager la lutte contre la climato-passivité
Les statistiques indiquent que les jeunes sont les plus nombreux dans l’ensemble des pays de l’Afrique de l’Ouest. Selon les nations-unis, la population de l’espace CEDEAO se situera, en 2050, à un milliard d’habitants, dont 50% de jeunes. La sauvegarde du climat est donc essentiellement envisagée au profit de ces jeunes et des générations futures. Les jeunes se mobilisent pour le climat en Belgique. Paradoxalement, ceux-ci semblent moins intéressés par la réalisation du projet. D’ailleurs, on ne note pas de véritables initiatives ou d’actions d’envergure portées par des jeunes ouest-africains pour sauver le climat. Dans les meilleurs cas, ils ne jouent que les seconds rôles à l’instar des femmes qui sont également très nombreuses. Généralement, ils regardent de très loin le processus contrairement à ce qui se fait ailleurs. Ce qui constitue un maillon faible dans la lutte pour la sauvegarde du climat. En fait, eu égard à leur énergie, à leur nombre ainsi qu’à leur importante capacité d’innovation technologique, ils devraient servir de locomotive pour prémunir la région contre atrocités actuelles du climat. Pour ce faire, il faudrait accentuer la sensibilisation afin d’inculquer une prise de conscience salutaire de leurs responsabilités à l’égard de la planète. Cela peut se faire par une intégration de plus en plus grande aux programmes scolaires et universitaires de modules en rapport avec la sauvegarde du climat. Il pourrait en résulter des organisations pilotées par des jeunes de tous âges et de tous sexes, avec des stratégies nouvelles qui aideront efficacement à sauver le climat. Les pouvoirs publics devront aussi susciter un leadership jeune en matière de lutte contre le réchauffement climatique par l’instauration de prix sectoriels, régionaux nationaux pour la promotion climatique.
L’état de santé du climat est une affaire planétaire ; il doit intéresser chacun des êtres humains. Sa dégradation actuelle est préjudiciable aux générations contemporaines et futures. D’où, la nécessité de se mettre tous en premier rang, en dépit de nos intérêts financier, culturel et autres, en vue de favoriser le bonheur de tous les vivants. L’expérience de l’espace CEDEAO servira d’exemple et de catalyseur pour les autres régions du globe.
Ahoua PARE