Plaidoyer pour une politique sociale de solidarité nationale

L’islam est par essence une religion de congrégation, de collégialité, de partage et de solidarité. Le prophète Mouhammad (saw) ne dit-il pas : « celui qui ne s’occupe pas des affaires de ma communauté n’est pas des nôtres ». Mieux la zakat, l’un des piliers de l’islam est un acte fondamental dont l’exécution nous confère la qualité de musulman, nous oblige à donner le 40ème du fruit annuel de nos labeurs à des personnes qui sont dans le besoin. Donc, au partage et à la solidarité avec les plus faibles de la société. D’où la justification de l’assertion selon laquelle l’islam est avant tout une religion de partage et de solidarité. Partant de ce qui précède, nous pouvons aisément poser deux postulats. Premièrement, toute personne ou société se prévalant musulmane, qui tourne le dos à la solidarité n’en est pas une. Deuxièmement, toute personne ou société musulmane individualiste est mécréante.

En effet, Allah ne nous dit-il pas à la sourate 107 (l’ustensile) : « Vois-tu celui qui traite de mensonge la Rétribution ? C’est bien celui qui repousse l’orphelin, et qui n’encourage point à nourrir le pauvre. Malheur donc, à ceux qui prient tout en négligeant et en retardant leur sôlat, qui sont pleins d’ostentation et refusent l’ustensile à celui qui en a besoin ». En clair, le sens du partage est un trait fondamental de la foi, de l’idéologie et de la sociabilité en islam. Pourtant, nous vivons dans un monde où la norme régnante érige l’individualisme en norme sociétale, où la réalisation de soi devient l’obsession collective essentielle qui guide nos actions. Toutes choses qui vont à l’opposé des valeurs que prône l’islam. A ce sujet, Ibn Al Qayyim (qu’Allah lui fasse miséricorde) affirme : « Ainsi, en va-t-il de l’avare, chaque fois qu’il veut faire l’aumône, son avarice l’en empêche, si bien que son cœur reste enfermé dans sa prison. A l’inverse, le cœur de celui qui fait l’aumône s’épanouit chaque fois qu’il fait la charité, sa poitrine s’élargit de bonheur… Chaque fois qu’il fait l’aumône, sa joie augmente et son bonheur s’amplifie. » En clair, contrairement à certaines lois économiques qui laissent croire qu’on réduit ses avoirs en partageant de ses biens. L’islam soutient à juste titre, que plus on partage, plus on est heureux et plus grands deviennent nos avoirs. Il est évident que de nombreuses musulmanes et de nombreux musulmans mettent en œuvre ces recommandations divines exhortant et obligeant à être généreux et solidaires des plus faibles.

Toutefois, ces actes de solidarité restent à ce jour très atomisés, du fait d’une absence de mécanisme formel de coordination. Aussi, le temps est-il venu pour la communauté musulmane (oumma) en Côte d’Ivoire, de mettre en place une organisation caritative nationale, de solidarité avec les plus vulnérables de notre société, sans considération religieuse, ethnique, raciale ou de nationalité. Pour notre part, en l’état actuel des choses, pour y arriver, cette organisation doit être portée par le Cheick Aïma Boikary Fofana, avec autour de lui, tous les autres guides musulmans. Il ne s’agira pas ici de privilégier son obédience idéologique ou confrérique. Mais de réunir les musulmans autour d’un projet fédérateur, d’utilité nationale, qui permettra à la oumma nationale d’apporter des réponses appropriées et durables à la question de la pauvreté dans toutes ces formes en son sein et dans notre pays. Ainsi, nous deviendrons comme le signifie Allah au verset 110 de la sourate 3 (la famille d’Imrane) : « vous êtes la meilleure communauté qu’on ait fait surgir pour les hommes. Car, vous ordonnez le bien, interdisez le blâmable et vous êtes des croyants en Allah. » Ce défi peut être relevé. Nous y croyons fermement. Il suffit que, nous ayons une volonté ferme et d’être animés de sincérité vis-à-vis d’Allah. Les musulmans de Côte d’Ivoire n’attendent que le signal. Qu’Allah nous y aide. Amine.

NURUDINE OYEWOLE [email protected] Expert-consultant en communication