Pour Amena Khan, la blogueuse anglaise : “Exister dans la sphère de la beauté, en tant que femme voilée, est révolutionnaire !”

Très influente sur la blogosphère britannique qu’elle irradie de sa beauté, sous son hijab, toujours choisi avec soin, qui en fait la touche d’originalité, Amena Khan, la blogueuse beauté suivie par des milliers de fans et choisie pour être l’une des égéries de L’Oréal Paris, a été emportée par le vent violent de la polémique en janvier dernier.

Elle a plié, a failli chanceler, mais n’a pas rompu… au grand dam de la fachosphère du royaume de Sa Gracieuse Majesté.

Rattrapée opportunément par une série de tweets postés en 2014, dans lesquels elle avait osé critiquer les effets dévastateurs de la politique d’apartheid d’Israël, cet « Etat sinistre qui n’est pas au-dessus des lois » selon ses propres termes, Amena Khan fut brusquement lâchée par le géant mondial des cosmétiques, disparaissait de son casting et se retrouvait jetée en pâture aux médias, sous l’opprobre savamment orchestré.

« Ce n’est pas parce que l’on ne montre pas ses cheveux, que l’on ne prend pas soin d’eux ! », s’exclamait Amena Khan avant que ne souffle une bourrasque passionnelle, soulevée par sa starisation naissante et la visibilité extraordinaire qu’offrait L’Oréal à une femme musulmane voilée.

Plus de 9 mois après s’être pliée à l’infamant exercice des excuses publiques, sous peine d’être marquée au fer rouge de l’antisémitisme, celle qui a été gommée de la photo sans ménagement et dont la joie d’être à la fois le nouveau visage des produits capillaires Elvive World of Care et de briser les préjugés fut de courte durée, s’est confiée dans un entretien à Arab News.

« Lorsque j’ai débuté, jai entendu à maintes reprises des professionnels de l’industrie des cosmétiques me dire qu’il n’y avait pas de place pour une hijabi, que mon voile était un symbole qui cristallisait les divisions et la haine, et que je devais renoncer à y faire carrière. Aussi, suis-je particulièrement fière d’être la première femme de couleur voilée à participer à des campagnes de beauté grand public à la télévision, dans les magazines et sur les panneaux d’affichage. Voir mon rêve se matérialiser, c’est à mes yeux la meilleure preuve que la passion pour un domaine d’activité, la persévérance, la créativité et la pensée positive peuvent triompher de l’adversité, des préjugés, de l’islamophobie », a-t-elle déclaré avec une confiance retrouvée.

Et de poursuivre : « Je pense qu’il y a beaucoup d’idées fausses liées au hijab car cela vous rend visiblement musulmane, et parce que les médias contribuent largement à lui accoler une image négative. Alors, forcément, dans une telle atmosphère, cela déteint sur les gens et influence leur opinion. Nous devons trouver un moyen d’accepter les gens tels qu’ils sont et pour ce qu’ils sont, dans leur diversité, plutôt que d’essayer de contrôler, d’instrumentaliser et de contraindre les femmes à devenir ce que la société voudrait qu’elles soient ».

« Pour moi, le simple fait d’exister dans une sphère où la beauté est standardisée, en tant que femme de couleur revêtue d’un hijab et, par conséquent, identifiable comme musulmane, est véritablement révolutionnaire ! », clame-t-elle avec force.

« Parvenir à évoluer dans cette sphère, contre vents et marées, prouve qu’il y a bel et bien un espace pour les femmes musulmanes, contrairement à ce que certains que notre présence dérange fortement prétendent. Ce n’est pas juste un espace où je m’amuse en donnant des astuces pour réussir son maquillage. Je veux que ma présence représente vraiment quelque chose et ouvre la voie à mes coreligionnaires », a-t-elle conclu, pleine d’espoir pour l’avenir.