Les marchés pétroliers ont fortement réagi ce matin aux tirs de drones qui ont détruit samedi les installations pétrolières saoudiennes. Le cours du brut a grimpé de 10%. Cette offensive revendiquée par les Houthis du Yémen révèle la grande fragilité du premier pays producteur de l’Opep.
La première réaction des marchés pétroliers reflète l’onde de choc qu’a suscité cette attaque. Car du jour au lendemain la production quotidienne de l’Arabie saoudite a été amputée de moitié et visiblement personne ne croit qu’elle reviendra à la normale dès ce lundi comme s’y est engagée hier l’Aramco, la société nationale saoudienne. Il faudra plutôt des semaines pour retrouver les 5 millions de barils jour manquants. Les drones tirés par les Houthis du Yémen ont visé entre autres les installations d’Abqaiq où est traité 70% du brut saoudien avant son exportation. C’est la jugulaire de la production saoudienne qui a été détruite.
On découvre avec cette attaque l’extrême vulnérabilité du royaume.
C’est l’attaque la plus importante de ces trente dernières années, depuis la guerre du Golfe. Elle a fait disparaitre près de 6% de l’offre mondiale du jour au lendemain. Il y a eu d’autres attaques contre des installations saoudiennes ces derniers mois. Contre des oléoducs, des pétroliers dans le détroit d’Ormuz. Mais là c’est un point névralgique de la production qui est touché. Et l’Arabie saoudite qui s’est toujours présentée comme le pays clé sur les marchés pétroliers, le seul capable d’ouvrir ou de fermer le robinet à volonté pour maîtriser les cours est soudainement devenu le maillon faible du système. C’est pourquoi le cours du brut n’a pas fini de chauffer. Une prime de risque de 10 dollars pourrait durablement soutenir les cours.
Donald Trump a autorisé cette nuit le recours aux réserves stratégiques américaines, cela pourrait contribuer à calmer les marchés?
C’est la fonction de ces réserves stratégiques, réserves que tous les grands pays consommateurs ont également à leur disposition. N’oublions pas non plus que l’Arabie saoudite dispose elle-même de stocks conséquents. Mais puiser dans ces réserves peut aussi avoir un effet haussier sur les cours, car cela met en exergue la gravité de la situation. Pour éviter la surchauffe des marchés pétroliers il y aura aussi certainement un regain de production aux États-Unis, qui est le premier producteur mondial, et pourquoi pas dans les pays membres de l’OPEP, dont l’Arabie saoudite est le commandant en chef. Une brusque hausse du baril est à priori positive pour les producteurs, mais ils savent qu’elle peut se retourner contre eux. À moyen terme une augmentation du prix décourage la consommation. Les pays pétroliers déjà affectés par la morosité économique ambiante n’en n’ont pas vraiment besoin.
L’Arabie saoudite cherche justement à sortir de cette dépendance à l’or noir. Cette attaque accélère ou compromet ses efforts ?
L’attaque ne remet pas en cause le bienfondé de ses projets, au contraire, mais elle pourrait effectivement les retarder. Difficile par exemple d’attirer des touristes comme le royaume s’y emploie en s’appuyant sur une nuée d’influenceurs invités sur place quand des images d’installations pétrolières en feu tournent en boucle sur tous les écrans du monde. Cette contre-publicité est aussi particulièrement malvenue au moment où l’Arabie saoudite cherche à introduire en bourse sa vache sacrée, l’Aramco, la société nationale pétrolière.
►En bref : la production industrielle chinoise au plus bas depuis 17 ans,
Selon les chiffres publiés pour le mois d’août, son taux de croissance annuel est tombé à 4,4%. Le Premier ministre Li Keqiang a reconnu qu’il est aujourd’hui de plus en plus difficile pour Pékin de maintenir une croissance économique supérieure à 6%, ce qui est en gros la norme depuis trente ans dans l’empire du Milieu.
L’industrie automobile américaine va connaitre sa première grève depuis douze ans.
Faute d’un accord sur les hausses de salaire et l’assurance santé, le principal syndicat de General Motors a appelé les ouvriers à arrêter le travail. Le dernier grand appel à la grève chez le numéro un de l’automobile américaine remonte à 2007. Quelque 73.000 travailleurs avaient arrêté le travail pour deux jours. Ils ne sont aujourd’hui plus que 46 000 salariés.
RFI