A Madagascar, aucun résultat officiel de l’élection présidentielle n’a encore été annoncé. Mais le candidat Marc Ravalomanana, crédité de 45% des voix selon les tendances partielles de la Commission électorale nationale indépendante (Céni), contre 55% pour son concurrent Andry Rajoelina, s’est exprimé ce 23 décembre.
Dans une allocution à la nation ce 23 décembre, le candidat à la présidentielle malgache Marc Ravalomanana a contesté les résultats et affirmé que le scrutin était entaché de fraudes, « une élection non-crédible », selon lui.
Avant de s’adresser directement à ses soutiens, Marc Ravalomanana a listé les anomalies et malversations constatées par son camp durant ce second tour : achat de cartes électorales dans telle commune, trucage des procès-verbaux dans telle autre, ministre de l’Intérieur partial, menaces et violences à l’égard de ses représentants.
« Il est vrai que j’avais dit lors du débat que je respecterais le résultat des élections, a-t-il déclaré. Mais seulement si la justice était respectée. Or, c’est triste mais ce n’est pas cela qui s’est passé. J’appelle alors tous les Malgaches dont le vote a été bafoué à se lever, à être courageux, à protéger leur choix. Ne craignez pas. Ayez la foi ».
Irrégularités minimes
Pour Lalatiana Rakotondrazafy, représentante d’Andry Rajoelina à la Commission électorale (Céni), l’allocution de Marc Ravalomanana « est le discours d’un homme qui sent qu’il a perdu. Il nous a fait la dénonciation classique de soi-disant anomalies sans rien de concret, comme un baroud d’honneur pour sauver la face vis-à-vis de ses partisans ».
L’analyse de Marc Ravalomanana est à l’opposé de celle des observateurs nationaux et internationaux qui estiment, eux, que les irrégularités de ce second tour sont minimes. Le candidat implore les institutions électorales, la Céni et la Haute cour constitutionnelle, de sévir et appelle ses partisans à se mobiliser.
La Mission d’observation électorale de l’Union européenne, elle, rappelle qu’en cas de mécontentement, les candidats doivent présenter formellement une plainte aux autorités compétentes mais en aucun cas appeler leurs partisans à manifester dans la rue. De son côté, la Céni a rappelé qu’elle jouait la transparence et accepterait s’il le fallait de procéder au recomptage des bulletins uniques.
Présidentielle malgache: comptage des résultats, mode d’emploi
À Madagascar, la publication des résultats de l’élection présidentielle est un long processus. La Commission électorale indépendante (Céni) est allée beaucoup plus vite au second tour de scrutin qu’au premier tour en traitant la quasi-totalité des 24 852 bureaux de vote du pays en quelques jours. Cependant, la déclaration des résultats provisoires de l’élection présidentielle n’est attendue qu’aux alentours du 29 décembre, avant la proclamation des résultats définitifs par la Haute cour constitutionnelle (HCC) qui aura neuf jours pour arbitrer.
Il y a deux phases avant la proclamation définitive des résultats, qui impliquent deux institutions. D’abord la Céni qui a cinq jours à partir de la fermeture des bureaux de vote pour compiler les résultats. À partir des procès-verbaux scannés des presque 25 000 bureaux de vote à Madagascar, la Céni fait le comparatif avec les bulletins, note les éventuelles irrégularités et publie des tendances, au fur et à mesure. Publier les résultats en temps réel est une mesure de transparence pour parer à toute accusation de fraude.
Puis la Céni refait le même travail mais avec cette fois les procès-verbaux originaux. Ce qui explique que l’on compte encore quelques jours de plus avant la déclaration des résultats provisoires. Il faut du temps pour que les procès-verbaux des quatre coins du pays arrivent à la capitale. L’expérience bénéfique du premier tour et le fait qu’il y ait deux finalistes, contre 36 candidats au premier tour, explique pourquoi les choses vont plus vite pour ce deuxième tour de scrutin.
Ensuite, le tour de la Haute cour constitutionnelle doit arbitrer. L’institution a neuf jours à partir de la déclaration des résultats provisoires pour le faire. Une fois que la Céni a comptabilisé tous les bulletins, anormaux ou non, c’est désormais à la HCC de décider quels bulletins sont recevables. C’est ce qui explique qu’au premier tour, les résultats ont différé de seulement quelques dixièmes entre les deux institutions. Le délai de recours auprès de la HCC est de lui deux jours après la déclaration des résultats provisoires.
RFI