Romancière installée dans le Calvados, Scholastique Mukasonga fait partie des lauréats envisagés du Prix Nobel de littérature 2020 selon les bookmarkers anglais. La Rwandaise, aux oeuvres marquées par le génocide de 1994, reste « humble » mais se réjouit « qu’une femme africaine » soit dans la liste.
Scholastique Mukasonga, romancière et Prix Renaudot 2012 pour son livre « Notre Dame du Nil », est listée parmi les potentiels futurs récompensés du Prix Nobel de littérature 2020 par les bookmakers anglais.
Scholastique Mukasonga sera-t-elle récompensée par le Prix Nobel de la littérature 2020, décerné jeudi 8 octobre à Stockholm ? Il est encore trop tôt pour le dire mais la romancière et assistante sociale qui vit dans le Calvados pourrait créer la surprise cette année.
C’est en tout cas ce que pensent les bookmakers anglais : dans leur liste des nobélisables figure le nom de Scholastique Mukasonga, avec une côte de 26/1. « Quand j’ai vu ça, j’étais très contente. Et surprise. C’est le prix Nobel de littérature ! Puis je me suis calmée (rires). Je reste humble. De par mon histoire, je fais preuve de modestie. Tout est possible, mais ne nous emballons pas » sourit Scholastique Mukasonga, jointe par téléphone.
Prix Renaudot 2012
La romancière rwandaise, dont les oeuvres sont marquées par le génocide au Rwanda en 1994 qui a coûté la vie à 37 membres de sa famille, avait été récompensée du Prix Renaudot 2012 pour son roman « Notre Dame du Nil ». Un ouvrage également distingué par le prix Ahmadou-Kourouma à Genève et le prix Océans France Ô.
Grâce à sa plume et son histoire, Scholastique Mukasonga prend une place de plus en plus significative dans le paysage littéraire. « Certains avaient déjà osé citer mon nom l’an dernier pour le Prix Nobel de littérature (rires). A force de parler de moi, je monte en échelon et je vais peut-être y arriver » s’amuse l’auteure.
Si elle estime que ses chances de décrocher le Prix Nobel cette année sont minces, Scholastique Mukasonga n’en fait pas une finalité à tout prix. « Les distinctions que j’ai reçues sont déjà pour moi une reconnaissance qui prouve que ce je dis et écris vaut le coup d’être entendu. Je suis une survivante aujourd’hui qui a la chance de pouvoir écrire et être publiée pour être l’ambassadrice des Rwandais qui n’ont pas eu la possibilité de le faire. L’histoire est là et je dois la faire connaître » explique Scholastique Mukasonga, qui a sorti en 2020 son roman « Kibogo est monté au ciel »,
« Je garde les pieds sur terre, poursuit-elle. Mais je me réjouis en tout cas du fait que le nom d’une femme noire africaine entre petit à petit dans les oreilles et les têtes des gens. Car, pour ces Prix, les femmes sont souvent mises de côté. Encore plus les femmes d’Afrique noire. Je reste optimiste sur le fait que les choses peuvent évoluer ».
L’académie du Nobel de littérature a été critiquée à plusieurs reprises pour avoir trop régulièrement décerné le Prix à des Européens. La donne pourrait changer si Scholastique Mukasonga se voit récompensée.
Les oeuvres de Scholastique Mukasonga
– Inyenzi ou les Cafards, 2006
– La femme aux pieds nus, 2008 (prix Seligmann 2008 « contre le racisme, l’injustice et l’intolérance »)
– L’Iguifou, Nouvelles rwandaises, 2010 (prix Renaissance de la nouvelle 2011 et le Prix de l’Académie des Sciences d’Outre-Mer.)
– Notre-Dame du Nil, 2012 (prix Ahmadou Kourouma 2012 et prix Renaudot 2012)
– Ce que murmurent les collines : Nouvelles rwandaises, 2014 (Grand Prix SGDL de la Nouvelle 2015)
Coeur Tambour, 2016
– Un si beau diplôme, 2018
– Kibogo est monté au ciel, 2020