Notre religion est bâtie sur de solides fondations. Et parmi ces fondations l’attachement aux traditions cultuelles qui rythment notre vie de croyant et croyante tout au long de l’année.
La fête de l’Aïd est une occasion particulière intimement liée à quatre des cinq piliers de l’islam:
la profession de foi, scandée à répétition tout au long de la journée et des jours du tachrik, la prière, avec les cinq prières quotidiennes mais aussi la traditionnelle prière de l’Aïd accomplie en communauté, la purification de ses biens par l’aumône légale, certes non pratiquée le jour de l’Aïd particulièrement mais que le don rituel d’une partie de son sacrifice rappelle tout particulièrement et enfin le Hadj, car le jour de l’Aïd est le « grand jour du Hadj », jour où s’accomplissent plusieurs obligations du pélerinage (station à Muzdalifah, lapidation de la stèle de Aqaba, tawaf et saa’y pour ceux qui ont la possibilité de le faire, et sortie partielle de l’état de sacralisation).
La praitque de ces traditions cultuelles n’est toutefois pas toujours facile. Et s’il est une pratique qui s’est considérablement compliquée ces dernières années pour les musulmans en France, l’abattage rituel d’une bête (odhiya) dans la tradition d’Ibrahim ‘alaihi assalam et de notre Prophète Mohammed , ‘alaihi assalat wassalam.
Pour autant cette pratique est obligatoire pour ceux qui en ont les moyens. D’après Abou Houreira (qu’Allah l’agrée), le Prophète (‘alaihi assalat wassalam) a dit:
« Celui qui a les moyens mais ne pratique pas la odhiya, qu’il ne s’approche pas de notre lieu de prière ».
(Rapporté par Ibn Maja dans ses Sounan n°3123 et authentifié par Albani dans sa correction de Sounan Ibn Maja)
Parmi les difficultés qui se posent aujourd’hui aux musulmans en France pour l’abattage rituel on peut citer au moins les dispositifs législatifs extrêmement contraignants mis en place (sous couvert d’objectif de santé publique) mais également l’acharnement des forces de l’ordre à faire respecter ces dispositifs législatifs, en contraste avec la tolérance qui auparavant était de mise, l’ignorance aussi, beaucoup de familles pensant accomplir l’obligation en achetant une bête pourtant sacrifiée avant la fête de l’Aïd, ou pensant qu’elles ne sont pas soumises à cette obligation.
Aujourd’hui les médias et commentateurs s’en mêlent, et l’on regrette sincèrement notamment l’article très bancal de La Croix paru le jour de l’Aïd et intitulé
Aïd-El-Kébir : « un nombre croissant de musulmans ne souhaitent plus sacrifier d’animaux »
Fort heureusement, certains propos rapportés par cet article ne sont pas à prendre au sérieux:
- l’article rapporte à tort que l’abattage rituel n’est pas obligatoire. Le hadith ci-dessus devrait suffire à casser l’argumentaire hasardeux d’Omero Marongiu-Perria pour prouver cela.
- l’article rapporte qu’ « une partie croissante des musulmans, en France mais pas uniquement, ont décidé ou ne souhaitent plus sacrifier ou acheter un animal abattu spécifiquement pour cette fête ». Les statistiques sont bien loin de le confirmer. D’une part le Ministère de l’Agriculture maintient les statistiques habituelles de 100 000 moutons environ abattus en France pendant les trois jours de l’Aïd, auxquels il faut désormais ajouter les dizaines de milliers de moutons sacrifiés dans les pays d’origine et dans les pays pauvres par les ONG ayant développé des campagnes spécifiques pour cela (LIFE ou NOUVELLE OPTIQUE en particulier).
- l’article semble défendre, peut-être involontairement, qu’un certain éloignement des traditions est louable, en particulier quand les « nouvelles pratiques » des classes moyennes musulmanes en France mènent à « l’abstinence » ou nous éloignent de l’abattage rituel. Non, ceci n’est pas la position dominante des classes moyennes musulmanes en France qui restent très largement attachées aux traditions. Le pélerinage à la Mecque bat chaque année des records en France malgré les prix qui flambent. Les mosquées et lieux de prière collectives sont pleins le jour de l’Aïd. Et le même nombre de moutons est abattu quasiment chaque année. Peut-être dans des conditions différentes et on peut s’en réjouir (abattoirs temporaires, abattage dans des pays pauvres, etc.) mais les familles restent attachées à la tradition et à la grande récompense qui en découle. Et certaines innovations comme « Allo Mouton » ou comme les abattoirs temporaires mis en place avec l’aide des autorités comme le montre l’inventaire mis en ligne sur le ministère de l’agriculture montre que l’abattage du Aïd en France a de beaux jours devant lui.