Fille aînée d’immigrants Palestiniens, Rashida Tlaib mène un véritable combat pour devenir la première femme musulmane au Congrès américain.
Un dur labeur l’attend avant d’entrer dans l’enceinte tant convoitée, car pour cela elle devra d’abord contrer tous les candidats démocrates en lice.
Tlaib n’est cependant pas une novice en la matière, elle fut la première femme musulmane à la législature du Michigan entre 2008 et 2014.
Aujoud’hui, elle est une avocate accomplie au Sugar Law Centre pour la justice économique et sociale. Ambitieuse, elle souhaite aller de l’avant en faisant campagne dans le Michigan afin d’entrer au Congrès des Etats-Unis.
Farouche opposante du président Trump, elle est fermement résolue à contrecarrer entre autres sa politique anti-immigration.
Par le passé, Tlaib n’a pas hésité à perturber plusieurs discours du président américain, notamment à Détroit lorsqu’elle lui avait crié « nos enfants méritent mieux » ou encore lorsqu’elle a protesté contre le Muslim Ban, qui interdit à plusieurs pays musulmans l’accès au territoire américain.
Elle a d’ailleurs promis, qu’une fois élue au Congrès, sa première décision serait de présenter une loi pour abroger le décret controversé.
La mère de famille milite avant tout pour le bien-être des citoyens. Rares sont ceux qui font allusion à sa religion, qu’elle dit être présente mais qu’elle ne souhaite pas brandir comme un étendard.
« Il ne s’agit pas seulement d’être là-bas et de montrer sa foi », a déclaré Tlaib, 41 ans. « Je dis toujours aux gens que j’expose l’Islam d’une manière si décisive, percutante, à travers la fonction publique ».
La jeune femme est parfaitement consciente des enjeux tant politiques, qu’économiques et sociaux : « Ecrire une page de l’histoire, à une époque où tant de musulmans américains se sentent attaqués et ciblés uniquement à cause de leur foi, inspirerait des millions de personnes à travers le pays. Bien qu’il serait incroyable de devenir la première (femme musulmane au Congrès ndlr), j’espère que beaucoup de gens verront que je représente aussi une génération d’Américains qui en ont assez du fait que le gouvernement aide moins nos familles et davantage les riches », a t-elle confié à Forbes, en mai dernier, interrogée sur sa probable victoire.
Rashida Tlaib n’hésite pas à battre le pavé plutôt que de communiquer avec ses électeurs via les réseaux sociaux. En plein mois de ramadan en juin dernier, elle a été à la rencontre de ses futurs électeurs de River Rouge, une petite ville près du sud-ouest de Detroit, à la recherche de votes dans le 13e district du Congrès du Michigan où vit une grande majorité de musulmans.
Selon Zaki Barzinji, chargé de liaison entre les musulmans américains et la Maison Blanche sous la présidence Obama, Rashida Tlaib est une « vraie femme de terrain, qui a toutes les chances de réussir » a-t-il déclaré avant d’ajouter :
« Elle ne se contente pas de se lancer dans une course au Congrès en venant de nulle part. Elle a littéralement passé plus d’une décennie à gravir les échelons. C’est une leçon que j’aimerais que notre communauté musulmane américaine apprenne », a-t-il rapporté à CNN.
Son élection serait un réel soulagement pour la communauté musulmane du pays, en permettant notamment de faire barrage aux discours islamophobes véhiculés par les médias et les politiques.
Une responsabilité parfaitement assumée par la principale intéressée : « Nous avons l’impression d’avoir déjà travaillé dur, mais nos enfants souffrent toujours. C’est très douloureux et les gens me disent : “Tu dois gagner, parce que si tu gagnes, nos enfants réaliseront que nous faisons partie intégrante de la société” ».
Au 1er trimestre 2018, Tlaib avait déjà collecté plus de 570.000 dollars pour financer sa campagne.
En dehors de Rashida Tlaib, d’autres femmes musulmanes sont candidates au Congrès : Fayrouz Saad dans le 11e district du Michigan, Tahirah Amatul-Wadud dans le 1er discrit du Massachusetts et Deedra Abboud candidate au Sénat en Arizona.