Le vécu réel des premiers musulmans
Nous savons que la sîra du Prophète (p.p) a été établie particulièrement à travers la connaissance des hadîts. Or, ces derniers n’ont été recueillis que plusieurs années après la mort du Sceau des envoyés en 632. Il n’est pas exclu qu’en rédigeant les faits historiques aux VIIIe et IXe siècles, les narrateurs n’aient pas reproduit avec exactitude les réalités qui ont prévalu au VIIe siècle. Il est connu que des hadîth-s ont été inventés pour légitimer la politique de certains califes, aussi bien de la dynastie des Umeyyades que celle des Abbassides.
A cet effet, il fallait aussi les adapter aux contextes sociaux de leur époque respective en formulant de nouvelles normes. Juridiques. Il s’ensuit que la connaissance plus ou moins précise du vécu de la foi des premiers musulmans implique le recours au tri et à la suppression des anomalies pour pouvoir atteindre la vérité.
Ce travail, qui engage les historiens et les sociologues, doit aborder avec circonspection les discours exagérément élogieux d’Ouléma postérieurs à la mort du Prophète (p.p). C’est pourquoi il ne pourra pas certainement être parfait, car il ne sera pas aisé de reproduire tout à fait les réalités d’une époque historique lointaine dans sa totalité. Cette difficulté de donner à l’histoire son visage originel ne doit pas être un handicap pour reconstruire, le plus près possible, les réalités objectives du milieu social et humain concerné. A partir de ce constat et à la suite de recherches adéquates, il sera possible d’établir les aspects véridiques du vécu des premiers musulmans. Les fruits de cette activité constitueront le socle d’une science humaine à la mesure de notre siècle.
De nos jours, le salafisme prétend reproduire le vécu de la foi des pieux ancêtres (salaf). Cette prétention, combien louable, est pourtant irréaliste non seulement parce qu’il est déraisonnable de transférer une époque historique, datant de plusieurs siècles, vers une autre époque, mais aussi parce que, ainsi que nous l’avons dit précédemment, l’imprécision ou l’incohérence a présidé à la collecte des hadîth-s, à l’écriture de la sîra, voire même, plus tard, à l’élaboration du fiqh. Les codifications que nous possédons aujourd’hui ne tirent pas leur origine de la période même du Prophète (p.p).
Il est clair que, bien que la révélation fût descendue dans son intégralité à la mort du Prophète (p.p), elle n’était que fragmentée dans divers matériaux (pierres, feuilles de palmiers etc.). C’est dire que l’Islâm n’était pas encore institutionnalisé et la religion islamique n’était pas encore enracinée dans les cœurs de tous les musulmans. La révélation divine, à la mort du Sceau des envoyés (p.p), ne s’était donc pas encore libérée de son ancrage mecquois et médinois. Quelle en était la situation anthropologique ?
Connaître le vécu des premiers musulmans revient à connaître la société tribale et patriarcale de leur temps, société donc structurée sur la filiation paternelle et où l’autorité parentale légale est exclusivement paternelle, autant dire que la femme tenait une position secondaire, sans aucun pouvoir, voire totalement absente. La révélation divine a tenu compte des réalités objectives de cette époque. Le Prophète (p.p) ne pouvait pas non plus faire autrement que de prendre en considération les us et coutumes de ses concitoyens pour mener à bien son projet institutionnel et spirituel. D’ailleurs, une lecture attentive du vocabulaire coranique nous permet de comprendre qu’il reflète les réalités de la société tribale et patriarcale du VIIe siècle.
Le Prophète (p.p) et ses Compagnons connaissaient une vie inséparable de celle de leur clan respectif. L’individu ne vivait pas seul car il ne pouvait pas vivre en dehors de sa tribu. Sa liberté se confondait avec celle du groupe. Ses décisions étaient prises collectivement d’une manière consensuelle, dans l’intérêt de la communauté tribale. La tribu se caractérisait par un chauvinisme exacerbé. La survie des membres dépendait des razzias qu’ils conduisaient contre d’autres clans. Les guerres tribales étaient chose courante. C’est au moyen de combats meurtriers et du pillage des adversaires qu’ils assuraient leur prospérité et leur sécurité.
Le besoin de renouveler la pratique de l’islam
Il va de soi que l’élaboration et la concrétisation des lois islamiques ne pouvaient surgir de la raison humaine que progressivement et que leur adaptation aux conditions culturelles et sociales des différentes époques ne pouvaient se concevoir que graduellement. Telle est la loi de l’évolution et de l’adaptation de toutes les religions et de toutes les philosophies.
D’ailleurs, elle change et se transforme en fonction des milieux sociaux, de l’espace et du temps. Autant dire qu’il est de l’intérêt des pays musulmans, chacun selon ses critères, sa culture et ses données sociologiques, d’envisager sérieusement son ajustement et son acclimatation au siècle que nous vivons. Cependant, et beaucoup cherchent vainement à l’occulter, l’islam a conservé nombre d’aspects de la culture et des traditions préislamique dont il faut se débarrasser. Pour cela, il ne faut s’en tenir qu’au Coran et s’inspirer de ses valeurs universelles.
« Et dis : La voie juste est venue de toi ; quant à la voie qui ne mène nulle part (al-bâtil) s’est effacée. Ce qui est vain ne peut que disparaître. » (S.17, 81).
C’est donc dans cette direction que les efforts devrons être accomplis pour faire correspondre la Vérité universelle, et non pas tribale, avec les besoins, les nécessités, les réalités et surtout les expériences contemporaines, au lieu de rester rivés aux utilités tributaires des expériences bédouines reflétées à travers le vocabulaire coranique. Il faut se faire à l’idée que la Vérité, pour le bien commun, ne s’obtient pas à priori. Cela revient à réfléchir avec discernement pour arrêter les solutions les plus appropriées pour chaque contexte social et culturel déterminé.
L’islam, qui signifie vouer un culte à Dieu et s’en remettre à Lui, ne prêche aucunement la fatalité. Bien au contraire, la croyance en Dieu est un stimulant pour la réalisation de ce qui est bon et convenable (al-ma’rûf) dans le cadre d’une politique du juste milieu. Toute politique, qui assure le bien-être et la prospérité, sert l’intérêt de tout ce qui est sain, échappe au danger, préserve des maux et apporte enfin la paix. Ce sont d’ailleurs les sens de la racine S.L.M d’où dérive le mot islam. En agissant dans cette perspective, tout en restant fidèles à notre patrimoine, nous nous insérerons dans les réalités contemporaines.
S’adapter à notre époque est une nécessité vitale, sans quoi la spiritualité de la nation musulmane sombrera dans le fatalisme, les idéologies passéistes, donc contraires aux progrès et à l’intérêt de l’humanité. Dans cette ouverture de délivrance, nous devons opter pour des principes qui nous engageront dans un chemin, certes long et difficile, mais au bout duquel, il n’y aura qu’amour de Dieu, joie et réjouissance.
Commençons d’abord par améliorer notre comportement social. A cet effet, nous relevons ce verset coranique combien pertinent :
« Dieu ne change rien à l’état d’un peuple si celui-ci ne change pas son comportement intérieur. »
Dans ce contexte, nous avons l’exemple des piliers de l’islâm que nous devons pratiquer en saisissant à juste titre leur signification spirituelle, leur portée humaine et leurs multiples implications dans une société. Si nous accomplissons leurs exigences, nous aurons fait de grands progrès dans l’émancipation de nos pensées et la maturation de leurs pratiques.
Envisager ces piliers de l’islam comme de simples mouvements n’ayant pour signification que l’exercice d’obligations prescrites par le Coran, c’est confiner l’islam dans des rites mécaniques, sans vie et sans âme. Cette attitude dépouille ce rituel religieux de son objectif spirituel et social. Or, nous devons accomplir ces piliers en dépassant la visibilité de leur dimension matérielle, dans le but de les percevoir comme des moyens à même de nous faire atteindre des objectifs éthiques.
Dans cette optique, nous devons prendre conscience de l’esprit de ces piliers. C’est ainsi qu’ils nous inspireront, à tout moment, des comportements moraux avec notre voisinage immédiat. Il nous appartient de les pratiquer, de sorte qu’ils s’érigent en une force intérieure capable de nous libérer de notre égo et, partant, de nous engager à entreprendre des relations sociales empreintes de moralité.
Cette force intérieure nous libère aussi du carcan du cadre rituel habituel pour que chacun de nous élève ces piliers et les replace dans le contexte sociétal. C’est ainsi qu’en les accomplissant, nous prenons conscience que nous nous consacrons à l’unité de Dieu, Sa transcendance et à Son omniprésence. En récitant le Coran, Dieu nous incite à prendre conscience que nous appartenons à un Tout et qu’il nous appartient de resserrer ses liens et de préserver son équilibre.
De la choura à la commanderie du Bien
L’idée de la choura n’a pas apparu seulement avec la dernière révélation. Si par Choura, nous comprenons consultation, délibération et concertation, ce concept remonte au jour de la décision divine de créer le premier homme ainsi que le souligne Muhammad Tâhar Ibn ‘Achour, auteur d’un énorme et précieux commentaire du Coran. En effet, Le Seigneur délibère avec les anges au sujet de la création d’un lieutenant sur terre. (S.2, 30 à 33). Le principe de la consultation se vérifie également avec Abraham et son fils Ismaël lorsque le premier nommé reçut le commandement divin d’immoler le second nommé. Bien que le Patriarche reçut l’ordre du Très-Haut, il consulta néanmoins son fils sur la question. (S.37, 102)
Le concept de la choura ou la concertation concerne toute les composantes de la société en allant de la famille jusqu’au sommet de l’Etat, en passant par tous les rouages de l’administration. Si Dieu commande la concertation entre l’époux et l’épouse concernant l’allaitement du nourrisson, il va de soi que la pratique de cet échange de point de vue entre les deux conjoints s’applique à tous les autres enfants chaque fois qu’il s’agit de débattre de l’intérêt et de l’avenir de tous les membres d’une même famille. Si ce principe de la recherche d’un accord commun entre les parents pour régler toutes les questions familiales conflictuelles était observé par les familles musulmanes, il n’y aurait que cohésion, harmonie et entente dans la cellule de base de la société musulmane et, partant dans la société dans son intégralité.
Le concept de la choura est explicitement énoncé par le Coran.
« … Consulte-les quand il s’agit de prendre une décision … » (S.3, 159) et « ceux … qui se consultent entre eux au sujet de leurs affaires … » (S.42, 38).
Ce commandement s’érige en principe fondamental en ce qui concerne la gouvernance d’une nation musulmane et les rapports entre responsables y compris au plus haut niveau de l’Etat.
Le Prophète (p.p), à la tête du premier Etat musulman, donnait l’exemple et ne manquait pas de demander conseil à ses Compagnons pour les affaires courantes. Il ne trouvait aucune gêne à changer son point de vue lorsque celui d’un Compagnon était plus pertinent. Ainsi, lors de la bataille de Badr, le Messager de Dieu (p.p.) avait disposé ses troupes en dehors des points d’eau. Un de Ses Compagnons lui avait demandé si cette décision émanait d’une révélation ou d’un jugement personnel. Apprenant qu’il ne s’agissait qu’un point de vue intime, il lui suggéra de se positionner là où il y avait de l’eau pour couper l’ennemi de ce précieux liquide. Ce n’est pas sans raison qu’Abû Hurayra avait déclaré que concernant les questions publiques « Je n’ai jamais vu quelqu’un plus enclin à prendre conseil auprès de ses Compagnons que l’Envoyé de Dieu ». Les chefs d’Etat musulmans et toutes les autorités musulmanes, à tous les échelons, devraient prendre exemple sur le Messager de Dieu (p.p)
L’exemple de la bataille d’Uhud est très significatif. Il montre combien le Prophète (p.p) était attaché à l’idée de la concertation ; il l’acceptait combien même la décision allait à l’encontre de sa propre opinion. Il fallait décider s’il fallait combattre l’ennemi en demeurant à l’intérieur de la ville, Médine, ou sortir et aller à sa rencontre. Il avait opté pour la première hypothèse mais la majorité de ses Compagnons s’était prononcée pour la seconde. Le Prophète (p.p), ne recevant aucune directive divine, s’était rallié aux arguments des plus nombreux et avait renoncé à sa stratégie du combat. Ainsi, il s’était conformé à l’impératif du Coran, à savoir de prendre conseil de ses Compagnons dans tous les domaines d’intérêt public.
Ahmad Al-Raysuni rappelle que « La notion de respect pour la majorité n’est ni nouvelle ni étrangère à notre culture ni à notre système juridique. Elle est profondément enracinée dans la pensée, dans la justice et dans la société islamique en général. Le principe de donner plus de poids à la majorité a été soutenu et appliqué par les savants musulmans depuis les premiers jours. »
La vie des Etats musulmans et des sociétés musulmanes serait empreinte d’un progrès culturel et économique que le reste du monde leur envierait si les délibérations, les concertations et les consultations étaient effectivement opérationnelles dans les différents rouages et les différentes sphères de l’activité politique, économique et sociale Le principe de la shûra ouvre la voie à l’ijtihâd qui serait plus percutant collectivement qu’individuellement.
C’est ce qui ressort de cette parole, pleine de sagesse, du Prophète de l’islâm (p.p) : ‘Ali Ibn Abî Tâlib a dit : « J’ai demandé à l’Envoyé de Dieu ce que nous devrions faire dans des situations au sujet desquelles rien n’a été révélé dans le Coran et dans lesquelles vous ne nous avez donné aucun exemple à suivre. » Le Messager de Dieu (p.p) lui donna cette réponse qui est tout un programme et qui légitime, à mon avis, la désignation d’un conseil collectif de l’ijtihâd au niveau de chaque Etat islamique ou encore l’élection d’une assemblée nationale dont les membres délibéreraient des affaires intérieures et extérieures de la nation :
« Ne vous basez pas sur vos conclusions ou sur l’opinion d’une seule personne, mais rassemblez des croyants qui sont bien informés, puis consultez-vous à ce sujet. »[1]
Les premiers et glorieux temps de l’islam nous fournissent de nombreux et parfaits exemples à ce sujet. Les quatre premiers khalifes n’hésitaient pas à s’entourer des précieux conseils de leurs Compagnons. Il en fut ainsi du premier d’entre eux, Abû Bakr, qui, faute de trouver une solution dans le coran ou le hadîth, rassemblait non seulement les sages parmi les gens de la communauté musulmane, mais aussi les plus versés dans le domaine théologique, leur soumettait la question à débattre et prenait sa décision conformément à l’accord retenu par ces derniers. C’est là une méthode de gouvernement des salafs (les pieux ancêtres) qui n’a rien à avoir avec la doctrine des « salafistes » de notre époque, lesquels cherchent utopiquement à reproduire le mode de vie d’une période historique révolue.
La choura collective permet à la raison humaine d’élucider les affaires de l’Etat et de la société avec objectivité et sans commettre des erreurs préjudiciables. Elle donne évidemment aux délibérations et à leurs conclusions une légitimité que ne saurait leur procurer le raisonnement d’un homme livré à lui-même, si savant soit-il. Elle s’érige en une garantie contre les procédés despotiques et les issues arbitraires trop courants dans les milieux gouvernementaux que nous subissons aujourd’hui. Il ne peut en être autrement car chaque délibérant, plus dynamique et plus productif, évoluera dans un climat d’unité et de liberté qui ouvre la voie à la saine réflexion et aux initiatives les plus prometteuses.
La choura n’est pas l’apanage des hommes. C’est dire que les femmes ne sont pas exclues des délibérations collectives. L’histoire nous offre de nombreux exemples où le Prophète (p.p) s’adressait à des femmes pour leur demander conseil. Il ne trouvait aucune gêne à recevoir, en même temps, l’opinion d’une femme et celle d’un homme chaque fois qu’une question grave s’imposait à lui. Contrairement à ces hommes qui dénient à la femme d’intervenir dans les affaires publiques, le Messager de Dieu (p.p) se conformait au Coran qui rapporte le récit de la reine de Saba. D’abord, Dieu mentionne l’exemple d’une femme au commande d’un pays, détenant une autorité souveraine. Ensuite, cette reine recourt à la choura dans l’exercice de ses fonctions. C’est ainsi qu’elle demandait conseil à son entourage avant de prendre une grave décision. Elle tenait à obtenir le consentement et l’adhésion de ses collaborateurs. (S.27, 29-35)
La reine de Saba est citée dans le Coran comme un modèle de gouvernement démocratique, de gestion juste des affaires et d’un haut comportement moral. Comment ne serait-il pas autrement, quand les décisions sont communes ; quand elles résultent d’une compréhension commune et d’un raisonnement collectif ; quand elles sont empreintes de sagesse ; enfin, quand elles sont partagées plutôt qu’imposées. Il va de soi que la droiture, la justice et la vérité se conjuguent aisément avec le concept de majorité.
L’époque moderne nous offre une nouvelle méthode de consultation, celle des élections. Le peuple élit ses représentants qui, à leur tour, se réunissent dans des assemblées (dans le cas du monde musulman, il est question de ce qu’on appelle majlis ach-chura), délibèrent et votent de sorte que la majorité des voix emporte la décision. C’est une activité qui s’opère au niveau de la nation toute entière. Dans cette perspective, le résultat des concertations ne peut être qu’obligatoire. Il est consultatif lorsque l’assemblée à une fonction limitée et précise. C’est le cas en Algérie, par exemple, des travaux du Haut Conseil Islamique. Le produit des débats de ses membres n’est que consultatif.
Commander le bien et interdire le mal
L’homme est au centre de la réflexion coranique. Toute son activité terrestre, en définitif se résume dans ce verset :
« Que surgisse de vous une communauté qui appelle au Bien (al-khatr : bonheur), ordonne le bien (ou le convenable = al-ma’rûf) et interdise le mal ( ou le blâmable = al-munkar) : ce sont eux les triomphants ».(S.3, 110).
Ainsi le devoir ou même l’obligation de chaque musulman consiste, tout au long de son existence terrestre, à réaliser le bien et le convenable et à s’interdire tout acte vil ou inconvenant. Chacun d’eux accomplit ses œuvres selon ses capacités sociales et intellectuelles, selon ses moyens matériels et la place hiérarchique qu’il occupe dans la société.
Le Livre saint contient des lois naturelles et des lois sociales, les unes se distinguant des autres et ces dernières évoluent avec les générations dans le temps et l’espace selon les besoins socio-culturels de l’homme. C’est sur le plan que se conçoivent les activités humaines. Cette noble activité ne se situe pas seulement au niveau des pratiques cultuelles. Elle s’élargit et occupe l’espace politico-social en s’imprégnant des valeurs éthiques du Coran.
Le musulman croyant est celui qui combat le mal et ne laisse place à ce dernier de s’imposer dans la société où il vit. Aussi, il est tenu de se corriger et de s’amender chaque fois qu’un inconvenant perturbe son existence. Mieux encore, il est de son devoir d’attirer l’attention de son prochain sur le mal qui l’habite et de l’aider, si possible, de combattre ce poison qui envenime sa personne, voire même son milieu social. A ce sujet, Le professeur M.A. Draz, auteur d’un ouvrage intitulé La Morale du Coran, écrit : « C’est la nécessité de se recommander mutuellement la vérité et la vertu … De rappeler à ses coreligionnaires, ce qui est droit et juste et de leur conseiller tout comportement incorrect … La valeur que le Coran accorde à la pratique de cette solidarité sociale est telle qu’il en fait le critère de la nation qui pourrait être la meilleure qui est jamais existé sur terre. »
C’est l’interprétation de ce verset :
« Soyez solidaires dans la charité et la piété et non dans le péché et l’agression ! Craignez Dieu, car Il est Redoutable quand il sévit. » (S.5, 2)
Pour mieux faire saisir l’importance de cette solidarité sociale entre les musulmans, l’Envoyé de Dieu (p.p) la compare au corps de l’homme qui ressent, dans toutes ses composantes, la douleur ressentie par une seule d’entre elles. Dans ce contexte, nous relevons ce verset :
« Les croyants ne sont-ils pas des frères ? Réconciliez donc vos frères et craignez Dieu, afin de mériter Sa miséricorde. » (S.49, 10).
C’est le sens de la fraternité, un des fondements de la religion, qui soude fortement les rangs de la communauté islamique et motive intimement l’activité de ses membres.
[1] Les citations de hadîths sont tirés de l’étude d’Ahmad Al-Raysuni, intitulée : Islam et démocratie : les fondements. Fondation l’innovation politique, Mars 2015
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