Au moment où l’être humain est expulsé du ventre maternel et qu’il émet les premiers sons attestant sa venue sur terre, il n’est pourvu de rien. Sauf, qu’il est muni de son âme. Après sa pérégrination terrestre, au moment où il doit dire au revoir au monde, là aussi, il repart, dépouillé de tout, sauf de son âme qui s’élève pour un refuge problématique. Ces deux faits essentiels qui marquent les deux temps qui définissent la vie, nous indiquent à y voir de plus près que nous n’avons pour véritable richesse que notre âme. Le reste n’étant que chimères qui nous voilent cette réalité essentielle et nous distraient. Pourtant Allah nous le répète de façon explicite dans le noble Qour’ane du verset 7 à 10 de la sourate 91, As-Shams (le soleil) : « Et par l’âme et Celui qui l’a harmonieusement façonnée ; et lui a inspiré son immortalité, de même que sa piété ! A réussi, certes ; celui qui la purifie. Et est perdu, certes, celui qui la corrompt. » En outre, du verset 14 au 17 de la sourate 87(Al A-a-la, Le très Haut) : « Réussit, certes, celui qui se purifie, et se rappelle le nom de Son Seigneur, puis célèbre la Sôlat. Mais, vous préférez plutôt la vie présente. Alors que l’au-delà est meilleur et plus durable.» On comprend bien que l’espace temporel de notre existence devient une problématique à laquelle chaque être humain adresse une réponse, selon sa vision de la vie.
Nous voilà donc en face de la divergence fondamentale des Hommes. Surtout, depuis le siècle des Lumières qui marque la rupture avec toute référence transcendantale dans l’écriture et l’usage des lois régissant la vie en société. Depuis lors, comme une machine détraquée, l’homme débarrassé de toute contrainte à la référence divine continue une sorte de course folle libertaire. La conséquence, c’est que l’hédonisme, l’envie d’acquérir plus de matériel et d’en jouir devient la norme principale et incontestable de réussite aux yeux de l’humain. Ce qui est loin de la définition que nous donne Allah de l’accomplissement à laquelle devrait aspirer l’être humain. Le plus détestable dans tout cela, c’est le sort réservé à l’âme, la vraie richesse qu’il convient d’entretenir, d’embellir et de polir. C’est pourquoi, l’homme qui corrompt son âme devient vidé de toute boussole morale et s’adonne à tout, sauf à l’essentiel, voire au profitable. Pourtant, c’est bien là, l’épreuve de la vie à laquelle Allah Le Créateur soumet sa créature.
Au fond, la vie n’est nullement une compétition ou une course d’accumulations de biens, de titres ou de distinctions. Non, la vie n’est autre chose que notre capacité à réveiller ce qui a été insufflé en nous, dès notre apparition sur terre. Une essence divine qui nous permet de nous souvenir de notre Créateur à tout moment et en tout lieu. En somme, la vie est une lutte, une compétition, une tension entre, d’une part, le choix de notre soumission à Allah et, d’autre part, notre obéissance aux attirances pécheresses de la vie. Nous voilà face au dilemme de la vie ! Que faire donc, pour se soustraire à la force magnétique des illusions de la vie, sans lendemain ? Premièrement, il est primordial de prendre conscience, voire d’aller à la découverte du sens profond de la vie. À savoir, que celle-ci est une invite à la redécouverte de notre dimension divine. Deuxièmement, parvenir à réveiller notre âme par une crainte constante d’Allah et une spiritualité active. Ce qui la rendrait victorieuse face aux attraits dissolvants de la vie.
Troisièmement, dans notre agir interpersonnel, être et demeurer bienfaisant, nonobstant les circonstances en présence. Ce que résument bien les paroles divines ci-après au verset 22 de la sourate 31 Luqman : « Et quiconque soumet son être à Allah, tout en étant bienfaisant, s’accroche réellement à l’anse la plus ferme. La fin de toute chose appartient à Allah. » Alors, Hommes, cessons d’être volontairement ou non dans une ignorance totale du but véritable et ultime de notre marche terrestre. Travaillons chaque instant à réveiller notre part de divinité pour être en phase avec nous-mêmes, nos semblables, notre environnement et notre Créateur. C’est au bout de ce cheminement exaltant que nous parviendrons à la félicité éternelle à laquelle nous devons tous aspirer durant notre existence. Qu’Allah nous aide à triompher de cette épreuve qu’est la vie. Amine.
NURUDINE OYÉWOLÉ [email protected] Expert-consultant en communication