La construction ou la réfection des routes représente un coût élevé pour l’Etat ivoirien. Selon le ministre de l’Equipement et de l’Entretien routier, Amédé Koffi Kouakou, la bétonisation d’un kilomètre de route coûterait autour d’un milliard FCFA. Pour entretenir ces ouvrages, l’Etat doit rechercher 100 milliards Fcfa pour payer tous les prestataires.
Entamée en 2012, la politique de grands travaux routiers s’est matérialisée au sein des grands programmes de développement qui ont marqué la décennie 2010 : le programme de renaissance des infrastructures (Prici), le programme d’Entretien routier 2018-2020 ou bien les PND 2016-2020 et 2021-2025. Depuis 2021, les grands travaux se sont accélérés dans le grand Abidjan et partout en Côte d’Ivoire. De 2011 à 2022, la Côte d’Ivoire est passée de 6.500 km de routes bitumées à plus de 7500 km. A cela s’ajoutent 2000 km de routes en cours de construction. Mais c’est au niveau de l’entretien que l’Etat semble pêché à présent.
Un travail de Sisyphe
Le service après-livraison n’est pas assuré. Le constat sur certaines voies nouvellement construites est écœurant. Le sable laissé par la pluie sur la voie contribue à détruire le bitume chèrement réalisé par l’Etat. Il faut en prendre conscience. Les bonnes dames recrutées par l’intermédiaire des sociétés de sous-traitance pour balayer les routes de la capitale sont quelque peu dépassées par l’ampleur de la tâche. Les voies envahies par le sable ne se comptent plus dans Abidjan.
Dans la commune chic de Cocody, des boulevards comme celui qui relie Angré-Château à Angré-Terminus, en passant par le lycée moderne d’Angré, perdent de leur superbe à cause du sable drainé par les eaux de pluie. L’eau étant la première ennemie des routes, son action nocive se manifeste pendant et après la construction des routes et provoque des dégâts importants allant jusqu’à la ruine de l’ouvrage.
Le sable sur la voie retient l’eau qui s’infiltre lentement dans le bitume. Et quelque temps après, cette voie bitumée sera dégradée. Il faudra encore rechercher des financements pour reconstruire ce qui n’a pu être entretenu. Nous nous retrouvons dans le mythe de Sisyphe. Ce personnage mythique condamné à rouler sans cesse un rocher jusqu’au sommet d’une montagne d’où la pierre retombait par son propre poids.
Tout comme à Abobo, le spectacle écœure ceux qui empruntent le tronçon Plateau-Dokui menant à Abobo-Anador. A peine quelques mois après le bitumage des voies qui causaient des misères aux automobilistes, l’entretien n’est pas bien fait. Les balayeuses sont aujourd’hui dépassées parce que ces voies sont à grande circulation. Et comme on sait qu’elles travaillent à des heures de pointe, elles sont exposées à des accidents causés par des chauffards toujours pressés. Pour des questions de sécurité évidentes, elles ne peuvent donc faire leur besogne à 3 ou 4 heures du matin quand la circulation est moins dense.
Passer à un autre cap
L’Etat qui a décidé de faire de la route une priorité ne devrait pas hésiter à acquérir des balayeuses aspiratrices, des balayeuses équipées de turbines aspiratrices pour mieux entretenir ces ouvrages. Cela permettra de mécaniser le balayage des rues. Et d’assurer efficacement le service après-livraison de la route. Nous substituons ici le terme de service après-livraison à service après-vente (SAV) ici pour faire comprendre que l’Etat qui construit les routes doit en assurer l’entretien et la réparation. Le SAV inclut l’ensemble des services associés aux biens concernés, réalisés après la vente. L’Etat ne peut se contenter de construire des routes et ne pas s’occuper de leur entretien.
Bakayoko Youssouf