Ruqsana Begum, la première championne du monde musulmane de Kick-boxing

Il lui aura fallu abolir bien des barrières, dont celles invisibles mais très résistantes des mentalités, avant même de pouvoir terrasser ses adversaires sur un ring, Ruqsana Begum, la nouvelle championne du monde de Kick-boxing, est d’une combativité à toute épreuve, qu’elle ait enfilé ses gants ou pas…

Cette Londonienne musulmane d’origine bangladaise, qui a reçu une éducation religieuse très stricte et subit les affres d’un mariage arrangé, a dû, plus que quiconque, redoubler d’ardeur en tapant secrètement dans son punching-ball, se forger un mental d’acier pour s’adonner à son sport de prédilection à l’insu de ses parents, et se transcender littéralement pour se hisser au sommet de son art, au vu et au su de tous.

Dès l’âge de 18 ans, c’est en catimini que cette véritable graine de championne quittait l’université de Westminster où elle étudiait l’architecture, son autre passion, pour filer vers la salle de sport où, pendant plus de cinq ans, elle s’entraîna durement, avec rigueur et persévérance. Elle éprouvait alors un terrible déchirement à l’idée de devoir mentir à ses parents, mais elle craignait de leur révéler un secret qui, bien que n’ayant rien de déshonorant, susciterait leur vive désapprobation.

« Ma famille était très conservatrice et protectrice envers moi.  Comment aurais-je pu leur dire que je voulais évoluer dans un sport de combat ? C’était impossible et, malgré tout l’amour que je porte à mes parents, ils m’auraient obligé à faire un impossible choix. Je redoutais de devoir choisir entre le sport que j’aime et ma famille », a-t-elle récemment raconté à la presse anglaise, avec un pincement au cœur en se remémorant ce cruel dilemme.

A l’approche de ses vingt ans et d’une union maritale vouée à l’échec, Ruqsana Begum a voulu avouer sa double vie à ses parents, d’autant plus que sa remarquable progression dans le Kick-boxing lui ouvrait grand les portes de la compétition de haut niveau.

« Quand j’ai commencé la compétition, je voulais la bénédiction de ma famille, je ne voulais plus faire cela dans leur dos, je voulais les prières de ma mère », a-t-elle confié, submergée par l’émotion. « Mais, je n’ai pas pu échapper à un mariage arrangé qui a échoué lamentablement. Ce n’est qu’après un divorce difficile que j’ai pris mon courage à deux mains pour emmener mes parents au gymnase où je m’entraînais », a-t-elle expliqué.

Ruqsana Begum a finalement obtenu le consentement de ses parents qui étaient alors accablés par le poids de la culpabilité, se reprochant un mariage désastreux qui avait fait souffrir leur fille.

De l’eau a coulé sous les ponts depuis cette période douloureuse de son existence, dont elle a fini par triompher magnifiquement. Agée aujourd’hui de 34 ans, la première championne du monde musulmane de Kick-boxing savoure sa belle victoire, remportée sur elle-même et sur sa rivale suédoise, avec un bonheur d’autant plus grand qu’elle fait désormais la fierté de ses parents.

« En tant que femme, être capable de faire quelque chose de sa vie, d’être une source d’inspiration en prouvant que rien n’est gravé dans la pierre et que l’on peut aller au bout de ses rêves, c’est de loin ma plus belle réussite », s’exclame-t-elle, avec l’énergie positive qui la caractérise.

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