Six femmes africaines aux commandes d’entreprises publiques stratégiques

En Afrique, les pouvoirs en place puisent traditionnellement dans les rangs de leurs partisans politiques pour recruter les dirigeants de grandes entreprises publiques sous leurs contrôles. A ces postes stratégiques, habituellement dévolus à la gente masculine, se sont hissées des femmes issues du monde des affaires ou de l’administration, au bout d’un parcours remarquable.

Dans un environnement concurrentiel, les entreprises misent de plus en plus sur les compétences, les ressources de qualité pour tirer leurs épingles du jeu. Les entreprises publiques africaines n’échappent pas à la règle. Dans ce contexte, émergent des femmes leaders, à la tête d’entreprises publiques stratégiques dans le domaine des télécommunications, de l’énergie, de la banque ou encore de l’aérien, mettant leurs expertises et compétences au service du bien public. Six sociétés nationales africaines d’envergure montrent la voie.

Judith Yah Sunday Achidi, le nouveau visage de l’opérateur Camtel

C’est par décret présidentiel que Judith Yah Sunday Achidi a été nommée en décembre 2018 directrice générale de l’opérateur historique de téléphonie camerounais, Camtel. La nouvelle directrice générale a auparavant occupé de hautes fonctions dans l’entreprise d’Etat née sur les cendres de l’Intelcam, devenue CAMTEL en 1998. Elle est titulaire d’une licence en sciences économiques obtenue en 1991 à l’université de Québec à Montréal au Canada. Elle a également un diplôme supérieur (DESS) dans le domaine de la banque et de la finance internationale de l’Institut des relations internationales du Cameroun (IRIC). Elle préside désormais le groupe stratégique, CAMTEL, avec ses 153 818 lignes téléphoniques en réseau de câble et 76 concentrateurs permettant d’offrir la téléphonie rurale à plusieurs localités pour une capacité de 10 940 lignes couvrant la quasi-totalité du Cameroun.

Frehiwot Tamiru, CEO d’Ethio Telecom, premier opérateur de téléphonie en Afrique

Au sein de l’opérateur mobile éthiopien, Frehiwot Tamiru a gravi les échelons pour se hisser à la tête du groupe aux 22 000 employés. Ancienne employée de la société, Frehiwot Tamiru y a également été membre du Conseil d’administration, avant d’être consacrée présidente directrice générale par le Premier ministre Abiy Ahmed. Ethio Telecom est le plus grand opérateur de téléphonie en Afrique, avec plus de 62 millions d’abonnés mobiles. Le groupe compte 3 millions d’utilisateurs de téléphonie fixe, une couverture de services mobiles de 85% et un vaste réseau de fibre optique, au niveau de ce pays de plus de 100 millions d’habitants.

Yvonne Makolo, PDG de la compagnie aérienne RwandAir

En avril dernier, Yvonne Manzi Makolo a été nommée directrice générale de la compagnie aérienne rwandaise, RwandAir. Ancienne de MTN Rwanda, Yvonne Makolo a rejoint la liste assez longue de femmes cheffes d’entreprises publiques au Rwanda. Elle a auparavant officié au niveau de cette compagnie aérienne où elle a occupé le poste de vice-présidente exécutive, en charge des affaires de l’entreprise pendant un an. La compagnie aérienne RwandAir en pleine mutation est l’une des mieux structurées en Afrique. Elle exploite aujourd’hui près de 25 destinations sur le Continent, mais aussi en Asie et en Europe et prévoit des lignes supplémentaires vers d’autres destinations.

Diane Karusisi, directrice générale de la Banque de Kigali

Au Rwanda, Diane Karusisi est la directrice générale de la Bank of Kigali, la holding qui chapeaute les activités du premier groupe financier rwandais : assurance, banque et services digitaux. L’économiste a occupé plusieurs postes de direction avant de rejoindre la Bank of Kigali. Ancienne directrice de la stratégie et économiste en chef pour le président Paul Kagamé, elle a aussi travaillé au Credit Suisse à Zurich et a enseigné la statistique à l’Université de Fribourg en Suisse. Diane Karusisi est diplômée en économie et est titulaire d’un doctorat obtenu à l’Université de Fribourg. La Bank of Kigali qu’elle dirige est la plus grande banque Rwandaise. Elle est détenue par le gouvernement rwandais à 29,5% et la Sécurité sociale rwandaise (25,1%).Lire aussi : Bank of Kigali veut s’introduire dans les marchés de Johannesburg, Nairobi ou Londres

Mary Jane Mwangi, patronne de la National Oil Corporation of Kenya

Mary Jane Mwangi est depuis août 2017 la directrice générale de la National Oil Corporation of Kenya (NOCK). La patronne de la NOCK a débuté sa carrière dans le secteur des huiles de consommation en 1993, avant de rejoindre Shell/BP en 2000. En 2008, elle arrive chez NOCK et devient en juillet 2016 directrice générale par intérim. Mary Jane Mwangi est titulaire d’une maîtrise en administration des affaires de l’Université de Nairobi et d’un diplôme en RH à l’Institut de gestion des ressources humaines (IHRM) de Nairobi. La société sous sa gestion, la National Oil Corporation of Kenya, est une entreprise étatique active dans tous les aspects de la chaîne d’approvisionnement en pétrole au Kenya : exploration pétrolière et gazière, développement des infrastructures pétrolières intermédiaires et dans la vente de produits pétroliers.

Andrée Akoumany, Directrice générale de Togo Oil

Avant de prendre les commandes de la compagnie nationale togolaise, Togo Oil, Andrée Akoumany a d’abord gravi des échelons de directions de diverses multinationales dans le secteur pétrolier, dont Chevron Texaco et Shell. Nommée directrice générale depuis avril 2017, Andrée dirige en tout, trois grandes sociétés pétrolières. Il s’agit de COMPEL, Complexe Pétrolier de Lomé, considéré comme l’un des plus grands dépôts pétroliers d’Afrique. Son portefeuille inclut également la STSL, Société Togolaise de Stockage de Lomé, ainsi que la gestion de T-Oil, Togo Oil Company, qui dispose d’un des réseaux de distribution les plus développés du pays.