Le candidat à l’élection présidentielle Nabil Karoui est sorti de prison dans la soirée de mercredi, à quatre jours du second tour. L’homme d’affaires a été arrêté le 23 août, après des accusations de fraude fiscale et de blanchiment d’argent.
À quatre jours du second tour de la présidentielle tunisienne, le candidat finaliste Nabil Karoui a été libéré mercredi 9 octobre. Il a quitté dans la soirée la prison de la Mornaguia, à 20 km de Tunis, sur décision de la Cour de cassation.
Nabil Karoui a été accueilli par ses partisans à sa sortie. Certains d’entre eux l’ont porté sur leurs épaules avant qu’il ne quitte les lieux sans faire de déclaration. « Il aura deux jours pour faire campagne, car samedi c’est silence électoral », décrit Lilia Blaise, la correspondante de France 24 à Tunis.
Un feuilleton judiciaire
L’homme d’affaires a été arrêté le 23 août, dix jours avant le début de la campagne présidentielle, après des accusations de fraude fiscale et de blanchiment d’argent. Arrivé en deuxième position du premier tour de la présidentielle anticipée avec 15,6 % des suffrages, il affrontera au second tour le juriste Kaïs Saïd, qui a obtenu 18,4 %.
Le parti fondé il y a six mois par Nabil Karoui, Qalb Tounes, est également arrivé second aux législatives de dimanche selon les résultats préliminaires officiels.
Toutes les demandes de remise en liberté avaient jusque-là été rejetées, la dernière en date le 1er octobre. La demande de libération de Nabil Karoui avait été rejetée mardi 1er octobre par la justice. L’Instance supérieure indépendante pour les élections (Isie), s’appuyant sur la présomption d’innocence, l’autorisait cependant à être candidat, à moins qu’il ne soit définitivement condamné par la justice.
Les observateurs européens, tout comme de nombreux organismes et responsables politiques tunisiens, avaient depuis appelé à ce que Nabil Karoui puisse faire campagne de façon équitable.
Nombreux sont ceux dans la classe politique tunisienne qui voient dans cet homme d’affaires âgé de 56 ans un démagogue utilisant sa chaîne de télévision Nesma à des fins politiques. Ses partisans considèrent en revanche son arrestation comme le résultat d’une conspiration pour l’écarter du pouvoir et marginaliser les classes populaires, dont il se dit le champion.
Son parti avait organisé une « caravane de protestation », avec quelques dizaines de personnes ayant quitté mercredi matin le sud de la Tunisie pour se diriger en voiture vers Tunis afin de réclamer sa libération. Cette caravane devait arriver vendredi après-midi dans le centre de Tunis.
Un débat télévisé entre les deux finalistes de la présidentielle est envisagé vendredi soir, a indiqué à l’AFP un organisateur, une première dans le pays. Ce débat devrait être « plus interactif » que les trois soirées politiques avec 24 candidats au premier tour, a indiqué Belabbès Benkredda, de l’ONG Munathara, qui organise le débat avec la télévision nationale tunisienne, le syndicat des télévisions privées et celui des radios privées.
France 24 avec AFP et Reuters