Dans l’univers numérique constellé de petits symboles visuels divers et variés, aucune émoticône ou émoji, qu’ils soient fixes ou animés, d’humeur moqueuse, joyeuse ou chagrine, voilés ou non voilés, barbus ou imberbes, ne trouve grâce aux yeux d’un dignitaire religieux koweïtien, et c’est un doux euphémisme…
Khaled Al Kharaz n’en démord pas : ces petites icônes, dotées d’une large palette d’émotions et reflétant la diversité de notre vaste monde, celui du XXIe siècle où les frontières géographiques ont été abolies par Internet, sont à proscrire rigoureusement par tout musulman qui se respecte.
Une interdiction qui a dû susciter l’incompréhension de Rayouf Alhumedhi, la jeune créatrice saoudienne d’une émoticône revêtue d’un hijab, désireuse de promouvoir la “diversité et la tolérance” dans un cyberespace qui est trop souvent l’exutoire de toutes les rancoeurs et ressentiments haineux.
Alors pourquoi diable une telle injonction ? Tout simplement parce que les émojis n’existaient pas à l’époque du Prophète et que, par conséquent, ils contreviennent aux préceptes coraniques. Une logique à géométrie variable, car Twitter, sur lequel ce dignitaire religieux se répand régulièrement, n’appartenait pas non plus à cette époque lointaine.
C’est peu dire que la sommation de Khaled Al Kahraz, qui n’est manifestement pas à un paradoxe près, a produit son petit effet dans l’agora virtuelle koweïtienne, mais pas celui qu’il espérait… En effet, l’ironie mordante l’a emporté sur l’obéissance docile, nombre d’internautes tournant en dérision son avertissement jugé déconnecté de la réalité, pour mieux le renvoyer à ses propres contradictions, lui-même étant hyperconnecté.
Les réactions des twittos koweïtiens ont rivalisé de drôlerie et de causticité, et c’est tout naturellement en images, à travers des émoticônes choisies avec soin, qu’ils ont répondu à Khaled Al Kharaz. La plus éloquente d’entre elles est sans conteste celle où une émoticône lui fait « chut », lui rappelant opportunément que, parfois, le silence est d’or…
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