¨SI JE SUIS CANDIDAT, C’EST POUR NOTRE PAYS¨

Recevant la notabilité et les cadres du Moronou, hier Le Président Alassane Ouattara à ses parents :

¨SI JE SUIS CANDIDAT, C’EST POUR NOTRE PAYS¨

“Il faut que les gens arrêtent de manipuler les jeunes” “Majestés, je compte sur vous pour maintenir le Moronou dans la paix »

« Que la paix que nous souhaitons tous pour notre pays puisse continuer. Depuis la mort du Président Houphouët- Boigny, le pays a connu des moments très difficiles. Cela a commencé d’abord par le coup d’État en 1999 qui n’a pas pu être maîtrisé. Ensuite par une rébellion en 2002 qui a coupé le pays en deux. Mais depuis que nous sommes aux affaires depuis 2011, malgré les tentatives de déstabilisation, globalement la Côte d’ivoire est restée en paix. Je dois vous dire que nous devons cela non seulement à des autorités comme le préfet Konin, l’ensemble des préfets du pays, les forces de défense et de sécurité, mais je voudrais rendre hommage à un jeune homme qui n’est pas bien connu dans le pays et qui a été Ministre de l’intérieur de 2011 à 2017. Il s’agit de Hamed Bakayoko. Pendant sept ans, malgré toutes les tentatives sur lesquelles je ne voudrais pas insister, grâce à son action et sur ma supervision, nous avons réussi à maintenir la paix dans ce pays. Je vous donne l’assurance que par la grâce de Dieu, cela continuera. La paix est le trésor le plus précieux au monde pour tout Ivoirien, Nous ne voulons plus que le pays retourne dans des situations de coup d’État, de rébellion, de violence, Je voudrais, Majestés, vous rendre hommage. Le Moronou a connu une relative paix tout au long de cette période. Et c’est grâce à l’hospitalité du peuple Agni Morofouè que nous avons toujours bénéficié de cette paix dans cette grande région qui était la région du N’zi Comoé. (…)

Le Moronou est une région qui n’a pas connu de violence communautaire, au mois d’août quand les jeunes gens ont été manipulés par certains acteurs politiques. Ce que je voudrais ajouter, c’est de dire qu’aujourd’hui la Côte d’Ivoire est en paix. Et nous devons continuer de faire en sorte qu’elle demeure en paix. J’ai dit à maintes occasions que deux choses conduisent au choix d’un responsable à la tête du pays. C’est d’abord le destin, c’est-à-dire la volonté de Dieu. Et ensuite le choix du peuple souverain de Côte d’Ivoire. Donc laissons au peuple ivoirien le choix de continuer à choisir son Président de la République. Laissons au peuple le choix qui lui appartient. Il faut arrêter de manipuler les jeunes. Il s’agit de leur avenir. Si le pays est en paix, les jeunes auront du travail. Ils pourront créer des familles. Donc je demande et je supplie les chefs politiques d’arrêter d’utiliser les jeunes, d’orchestrer la violence et la manipulation. Et de faire en sorte que la Cote d’Ivoire demeure en paix, ces élections ne doivent pas être une occasion de batailles rangées. Les élections doivent être une occasion d’expliquer ce que l’on veut faire ; ce que l’on a déjà fait, Et ce que l’on doit faire pour nos concitoyens. C’est aussi simple. Chacun doit aller là où il veut parce que le pays est en paix, pour dire aux populations voilà ce que je vous apporte comme développement. C’est de cela il s’agit. Si nous avons le développement, nous avons la paix. Majestés, je compte sur vous pour continuer de guider le peuple du Moronou pour que nous continuions d’avoir la paix. Je voudrais m’adresser aux cadres et aux élus de la région, pour vous dire que dans la politique, je dis aux uns et aux autres, Alassane Ouattara ne permet ni le tribalisme, ni le racisme. Si j’étais raciste, ma femme ne serait pas blanche. Je ne permets pas le tribalisme. Moi je ne fais pas le tribalisme. (…)

Je tenais à vous dire que les deux mois derniers ont été des moments très difficiles pour moi. Très difficiles; Parce que je me suis adressé à la nation entière le 5 mars dernier devant le parlement réuni en congrès, pour annoncer que je souhaitais que la nouvelle génération puisse prendre notre place, nous qui avons eu la chance d’avoir de hautes fonctions dans ce pays, je ne citerai pas de nom, mais vous voyez les personnalités auxquelles je parle. J’ai indiqué à mes collaborateurs que j’estimais qu’à 75 ans, nous avons rendu d’énormes services à notre pays. Et que nous devons passer la main à une jeune génération. Et nous avons entrepris de le faire. Et le 12 mars nous avons, au niveau du Rhdp, même si cette visite n’est pas politique, je me dois de vous expliquer ce qui s’est passé, porté notre choix à l’unanimité sur Amadou Gon Coulibaly que vous connaissez tous, qui est l’arrière petit- fils de Gbon Coulibaly qui a porté le Président Houphouët à la députation dans les années 40 en France. Malheureusement, mon fils Amadou Gon Coulibaly a eu quelques soucis de santé, mais cela a été réglé. Il est rentré le 3 juillet en pleine forme. Nous nous sommes vu le 5, le 6 le 7 juillet, toujours en pleine forme. Mais voilà que le 8 juillet, malheureusement il nous quitte après le conseil des ministres après avoir épuisé l’ordre du jour. Il a dit au gouvernement, à l’ensemble des personnes  qui étaient présentes M. le Président de la République, l’ordre du jour de conseil du mercredi 8 juillet est épuisé. Il n’y a pas d’autre point à l’ordre du jour, je vous remercie. C’était ses derniers mots. Et quelques heures après, malheureusement Amadou Gon Coulibaly nous a quittés. Et cela a été un choc pour moi. Amadou Gon était déjà à mes côtés depuis 1990, tout comme le général Vagondo Diomandé, c’était un fils. Bien évidemment, nous avons une Constitution qui prévoit l’organisation des élections selon un calendrier qui avait été mis en œuvre malgré la covid-19. Et nous étions à deux semaines du choix du nom du candidat à mettre sur le parrainage. Et nous n’avions que sept semaines pour informer la Commission électorale indépendante de la décision du choix du candidat du Rhdp. Mes frères et sœurs du Rhdp se sont tournés vers moi pour me dire : « Président nous n’avons pas le choix. Nous sommes à quelques semaines de cette échéance importante et nous vous supplions d’être notre candidat ». J’ai beaucoup réfléchi à cette séquence. Je me souviens, c’était le 29 juillet, trois semaines après le décès d’Amadou Gon Coulibaly.  Je me suis dit non, je ne peux pas revenir sur ma parole, j’ai donné ma parole à mes concitoyens. Ce n’est pas une question de Constitution, puisque la Constitution de la troisième République autorise tout le monde à se porter candidat s’il remplit toutes les conditions. par ailleurs Vous savez, la Constitution de la deuxième République qui portait l’âge limite à 75 ans n’aurait pas permis à certains d’être candidats, y compris moi-même. La Constitution de la deuxième République demandait un bilan médical qui n’aurait pas permis certains d’être candidats. Ainsi de suite Donc la Constitution de la troisième République a donné cette flexibilité pour une transition. Je me suis dit mais c’est vrai j’ai pris des dispositions pour partir. J’avais commencé à aménager mes locaux, ils étaient quasiment terminés, j’avais déjà activé mon Institue. Un soir, j’ai dit à Dominique pourquoi je me torture tant ? Est-ce que ma personne est au-dessus de mon pays ? Chacun à son destin. J’avais donné ma parole mais je me trouve dans une situation où mes compagnons de longue date, mes frères et sœurs qui m’ont  porté au pouvoir, me demandent au regard de la Constitution, d’accepter malgré ma décision, d’être candidat Je me suis dit qui suis-je pour dire non à toi ce monde ? Est-ce que mes projets personnels peuvent être mis au-dessus des intérêts de mon pays ? Don j’ai décidé et j’ai assumé et je tenais à  vous donner cette explication, Majes tés. Et si je l’ai fait c’est pour notre pays, c’est pour nos concitoyens. Je veux que la Côte d’Ivoire continue dans la paix ».

Le Matin, Propos retranscrits par

Lance Toure et Sangaré Aboubakar

Vendredi 11 septembre 2020. Page 7