Depuis le début de la pandémie, le reste du monde semble suivre une autre trajectoire que certains pays asiatiques. C’était vrai lors de la 1re vague, et ça l’est encore aujourd’hui avec la recrudescence des cas sur le Vieux Continent. Qu’est-ce qui explique leur réussite ?
Si l’on en croit ses données, la Chine tourne autour des 25 cas quotidiens sur les 7 derniers jours. Pour vous donner un point de comparaison, la Belgique pointe à 5.057 cas, la France à 12.000 cas.
Les décès, pour le moment limités, sont en constante augmentation en Europe. Ils suivent logiquement la hausse des hospitalisations qui suit elle-même de manière très régulière le taux de positivité, c’est-à-dire les cas positifs par rapport au nombre de tests. Souvent niée, car redoutée, une deuxième vague frappe bien l’Europe.
Our World Data.
On le sait, chaque pays ou région a sa propre culture et ses habitudes. On ne fait pas la bise en Asie comme on peut le faire dans les pays latins d’Europe. À chacun ses rites sociaux. Une méthode n’est donc pas toujours transposable d’un endroit à un autre, en plus des nombreux autres facteurs qui entrent en jeu (densité de la population, respect des mesures…).
Mais cette rhétorique ne doit pas non plus nous empêcher de comparer. Après tout, c’est valable dans toutes les disciplines: ne copie-t-on pas ce qui se fait de mieux ailleurs ?
La Chine
À ce titre, la Chine, on le sait, n’a pas fait dans la demi-mesure au printemps dernier. Confinement rapide et strict, points de contrôle, privation de liberté de déplacement, ainsi qu’une politique de test à nulle comparaison. Besoin d’un récent exemple ? Un petit foyer d’infections a été repéré dans la métropole de Qingdao. Conséquence: 9,5 millions de personnes testées en cinq jours.
À Wuhan, ville de l’épicentre de la pandémie, la vie a totalement repris son cours. Les restos sont bondés, l’aéroport tourne à plein régime, les sites touristiques lancent des campagnes de pubs pour attirer les touristes de toute la Chine. Les rares cas qui sont recensés sont des Chinois qui reviennent de l’étranger. De l’eau dans leur vin, les Chinois acceptent un tracing qui fonctionne pleinement.
Le Japon
Le Japon est plus prudent. On y déplore d’ailleurs ces derniers jours environ 500 cas quotidiens. On rappellera toutefois que l’archipel abrite 126 millions d’habitants, et on pourra difficilement polémiquer sur la densité de la population, l’une des plus importantes au monde.
Le Japon, en plus d’appliquer les mesures de base et de faire respecter ses consignes, a porté son attention sur les super-contaminateurs. Certaines études le montrent: 10% des cas seraient à l’origine de 80% des transmissions. D’autres études parlent de 20%. Il faut de toute façon les identifier et les isoler, et c’est à quoi s’emploient les autorités. On parle alors de facteur K, plutôt que de RO, soit le nombre de reproductions du virus soustrait à la proportion de super-contaminateurs.
Comment le Japon a procédé ? Il a appliqué une distinction à trois échelons, et ce dès le mois de mars. Soit la règle des ‘3 C’. Pour ‘Closed’ (lieux fermés avec faible ventilation), ‘Crowded’ (lieux à densité d’occupation élevée, mais aérés) et ‘Close-contact’ (lieux avec faible distance entre les personnes). Les autorités ont systématiquement contacté, testé et le cas échéant isolé les personnes en milieu fermé, peu aéré ou avec peu de distance sociale. Cela n’a été rendu possible que par le tracing.
Preuve que l’on voit le futur avec une certaine confiance au Japon, les hommes d’affaires chinois ont été invités à retourner sur l’archipel.
Corée du Sud
En Corée du Sud, on compte moins de 100 cas quotidiens pour 52 millions d’habitants. La tendance peut être suivie par la foule qui se rend dans les stades de foot. De retour dans les stades, les spectateurs ont vu les autorités faire marche arrière après une hausse des cas début août (autour des 300 cas). Après une nouvelle tendance à la baisse, 25% des arènes peuvent maintenant à nouveau être remplies.
Le secret de la Corée du Sud, c’est sa réactivité. Un exemple ? Lors de la fête des moissons, qui veut que chaque Coréen revienne dans sa ville natale, les autorités ont pris une série de mesures dissuasives. Les aires de repos étaient interdites d’accès, les péages sont restés payants contrairement à la tradition, le nombre de jours de congé a aussi été limité à cette occasion et reporté à plus tard. Résultat: 3 Séouliens sur 4 sont restés dans la capitale. Il est aussi rare de voir un Coréen sans un masque, mais rien de neuf à ce niveau-là.
La question demeure : les Européens sont-ils prêts à laisser un peu de leurs libertés ? À jouer le jeu du tracing ? À respecter les consignes ? À sacrifier des congés ?
Alternative ou complément: les autorités sont-elles prêtent à mieux tester ? À prendre des mesures ciblées ? À se coordonner ? À mieux communiquer ?
On a de la veine, la covid-19 nous offre une deuxième chance.
Source : https://fr.businessam.be/chine-japon-coree-du-sud-quels-sont-les-secrets-de-lasie-face-au-covid-19/